Rapport
Le rescapé Yasser raconte la tragédie de
sa famille
CPI
Photo:
CPI
Vendredi 22 août 2014
Gaza – CPI
Le jeune Yasser
Mahmoud Al-Hadj, 25 ans, ne pouvait
croire que c’était sa maison qui avait
été visée par les bombardements
sionistes. Il avait quitté sa famille
depuis une heure seulement ; il était
sur le chemin du retour et il ne lui
restait que quelque trois minutes pour
atteindre la maison.
Ce soir-là, le jeudi
10 juillet 2014, il ne restait à Yasser
que quelque deux cents mètres pour
atteindre la maison familiale, dans le
camp de Khan Younes, lorsqu’il a entendu
le bruit assourdissant d’un explosif
dont il a reçu quelques gravats.
« J’étais sûr et
certain que les occupants sionistes
étaient venus bombarder une maison. J’ai
d’abord pensé à une maison voisine. Je
n’avais pas pensé que cela pouvait être
la nôtre ; il n’y avait aucune raison
pour cela », explique-t-il.
Destruction et choc
Yasser s’est
précipité vers la maison de sa famille
pour s’assurer que tout allait et pour
offrir son aide à ses voisins. Mais à
son arrivée, il a trouvé sa maison, de
deux étages, à terre, un tas de gravats,
ainsi qu’une maison avoisinante.
Lorsqu’il avait vu la
maison à terre, il a commencé à
crier : « Toute ma famille est à
l’intérieur, mon père, ma mère, mes
frères, mes sœurs ». Devant les tas de
gravats, il n’a rien pu faire.
Le choc a mis le
jeune miraculé dans un état hystérique.
Il a commencé à chercher du dessous des
décombres les corps des siens, à main
nue, en se disant qu’il fallait être
avec sa famille. Quelques minutes plus
tôt et il aurait été avec eux : « Si
seulement j’étais arrivé pour tomber en
martyre avec eux ».
La mort de
toute une famille
L’état hystérique de
Yasser a obligé les équipes de
sauveteurs à le transférer vers
l’hôpital avec une trentaine de blessés.
Le lendemain matin,
il s’est réveillé et a remarqué que cela
n’était pas un mauvais cauchemar, mais
une dure réalité. Il a pris conscience
qu’il venait de perdre son père hadj
Mahmoud, ses frères et sœurs Omer, 20
ans, Saad, 17 ans, Tareq, 18 ans, Asmaa,
22 ans, Najlaa, 29 ans, et Fatima, 12
ans.
Ce matin-là, le
correspondant de notre Centre
Palestinien d’Information (CPI) a
parcouru la zone. D’une maison, il a
remarqué qu’il ne restait que des tas de
gravats, de blocs de ciment, de meubles
dévastés. Les maisons avoisinantes
étaient détruites, et les habitants les
avaient quittées. Il a vu aussi les
équipes de secours cherchant les corps
de martyrs.
Quelques
secondes avant le martyre
Yasser, l’unique
rescapé de sa famille, se rappelle de
cette nuit du jeudi du mois béni de
Ramadan. Toute sa famille venait de
rentrer après une visite faite à la
famille de son oncle. Il les a laissés
pour aller voir des amis. « Une heure et
je reviens », lui a-t-il dit.
Les membres de la
famille suivaient les nouvelles, sans
penser qu’ils seraient sous les
décombres moins d’une heure plus tard.
Yasser se met debout
et ne trouve pas les mots pour parler de
sa famille : « Ma mère voulait que je me
marie ; moi je lui répondais que c’était
très tôt. Cette maison, c’est mon père
qui l’a construite. Nous y avons tous
nos souvenirs, tristes et moins tristes.
Comment sera ma vie après la perte de ma
famille et ma maison ? »
De sa famille, il n’a
que sa sœur Fidaa. Celle-ci n’est pas
morte parce qu’elle ne vit pas dans la
même maison, mais dans la maison de son
mari, à Rafah, au sud de la bande de
Gaza.
Finalement, Yasser,
sa sœur Fidaa, les voisins et beaucoup
de monde n’arrêtent pas de se poser la
question suivante : pourquoi les
occupants sionistes ont bombardé la
maison avec ses habitants, sans aucun
avertissement ?
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