Rapport
La saison des olives
gâchée par le mur et l'occupation
CPI
Photo: CPI
Mardi 13 octobre 2014
Silfit – CPI
Les fermiers
palestiniens du département de Silfit
sont obligés de passer par les portails
du mur de séparation discriminatoire,
pour aller ramasser leurs olives; c’est
la saison.
Sur les portails, les
soldats de l’occupation sioniste
n’épargnent rien pour humilier ces
fermiers palestiniens : inspection,
fouille et insultes de toutes sortes.
Mahmoud Achtih est un
fermier dont la terre a été isolée par
le mur discriminatoire, qui l’a séparée
de son village de Silfit. Il dit au
correspondant de notre Centre
Palestinien d’Information (CPI) :
« Chaque année, nous
attendons la saison de la cueillette
d’olives, avec beaucoup d’impatience.
L’arrivée de la saison de l’olive est
pour nous comme l’arrivée d’un bébé.
Mais cette joie, les occupants sionistes
la transforme malheureusement en une
souffrance quotidienne tout au long de
la saison ».
Le périple
de la cueillette
Mahmoud Achtih parle
de son périple pour arriver à sa
terre : « A l’aube, vers quatre heures
et demi du matin, j’ai fait mes
ablutions. J’ai tout préparé pour la
cueillette des olives. Puis je suis
parti vers le portail consacré par les
occupants sionistes pour traverser le
mur discriminatoire qui sépare notre
terre de nos domiciles ».
Il continue :
« Après un moment
d’attente à côté de ce portail, une jeep
militaire sioniste arrive. Un soldat en
descend et ouvre le portail. Il ne
laisse personne passer avant de montrer
nos cartes d’identité, avant de nous
fouiller, avant de fouiller nos
bagages. »
Les fermiers
palestiniens ne peuvent travailler leur
terre comme ils veulent. Les heures de
travail sont effectivement limitées.
Mahmoud Achtih explique :
« Le soldat sioniste
fait ses fouilles en criant et en
proférant des insultes. Puis il
confisque les cartes d’identité jusqu’à
notre retour. Il nous ordonne de
retourner avant quatre heures de
l’après-midi. Celui qui dépasse cette
heure délimitée ne pourra dépasser le
portail ».
Le bon
vieux temps
Pour sa part, le
fermier Ahmed Moqidi, du village d’Az-Zawiya,
à l’ouest de Silfit, se rappelle du bon
vieux temps, le temps avant
l’occupation, avant le mur, avant la
colonisation. A cette époque-là : « Nous
entrions dans nos fermes quand bon nous
semblait, et nous en sortions à notre
guise. Nous dormions sur notre sol. Nous
travaillions notre terre quand nous
voulions. En revanche, maintenant, nous
avons besoin d’une autorisation, nous
sommes le sujet de fouilles
humiliantes ».
Le fermier Ali Nasser
du village de Masha, à l’ouest de Silfit,
se plaint, lui aussi, de l’humiliation
qu’ils subissent de la part des soldats
sionistes. En fait, les soldats de
l’occupation sioniste ouvrent les
portails un quart d’heure avant la levée
du soleil. Ils font tout pour humilier
les Palestiniens, pendant leur passage à
travers les portails et pendant leur
travail, en tirant les sonnettes
d’alarme et en criant contre les
fermiers.
Une joie
manquée
De son côté, le
fermier Khalil Hassan compare leur cas à
celui de prisonniers à ciel ouvert. Et
même lorsqu’un fermier a un accident,
les soldats ne lui permettent pas de
partir, sous prétexte que l’heure
d’ouverture du portail serait un ordre
militaire intouchable.
Occupation, mur et colons
Ce ne sont pas
seulement les soldats de l’occupation
sioniste qui gâchent la joie des
Palestiniens lors de leur saison
d’olive, mais les colons viennent
compléter le travail malsain des
soldats.
En effet, le
chercheur Khaled Maali confirme le fait
que les colons profitent de cette saison
pour mener leurs agressions contre les
Palestiniens et contre leurs biens. Ils
coupent leurs oliviers. Très récemment,
ils ont coupé des dizaines d’oliviers
dans les fermes du village de Yassouf, à
l’est de Silfit.
Quant au mur de
séparation discriminatoire, il est la
source de divers dangers, ajoute Maali.
A titre d’exemple, ce mur isole et
confisque quelque 95% des terrains,
environ 550 hectares, du village de
Masha. Et c’est le cas de beaucoup
d’autres villages.
Environ deux tiers du
département de Silfit sont confisqués,
interdits d’exploitation, ou bien leurs
fermiers sont agressés. Des centaines
d’hectares de terrains palestiniens se
trouvent désormais derrière le Mur. Ils
sont menacés de ratissage par
l’expansion coloniale.
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