Rapport
L’exceptionnel peintre et caricaturiste
palestinien
Bahaa Al-Bokhari nous quitte
CPI
Photo:
CPI
Lundi 9 novembre 2015
Gaza – CPI
Jeudi soir, le 29 octobre 2015,
l’artiste, le peintre, l’étoile de la
caricature palestinienne Bahaa Ad-Dine
Al-Bokhari nous quitta, après 71 ans de
vie bien remplie et après une longue
lutte avec la maladie.
Naissance et éducation
En 1944, Al-Bokhari naquit dans la
ville d'Al-Quds. Vers la capitale
syrienne Damas, il suivit son père qui
avait perdu son travail comme ingénieur,
dans la partie ouest de la ville d'Al-Quds,
après son occupation par les sionistes
en 1948. Bien que le lieu saint
ancestral « Al-Bokhariya » porte
toujours le nom de sa famille, les
occupants sionistes lui interdisent
d’habiter à Al-Quds, sa ville natale.
Al-Bokhari travailla dans la presse
koweitienne comme caricaturiste
politique, de 1964 à 1988, dans le
journal palestinien Al-Quds, entre 1994
et 1999, dans le journal palestinien Al-Ayyam,
depuis 1999 jusqu’à son départ.
Le départ
Le défunt Al-Bokhari est un des
symboles de la culture nationale
palestinienne. La cause de son peuple
palestinien était le sujet de toute son
œuvre. Depuis un demi-siècle, Al-Bokhari
travailla en tant qu’artiste
professionnel au service de plusieurs
presses arabes et internationales.
Son premier dessin de type caricature
fut publié en 1962, à seize ans, dans le
journal Al-Ayyam de la capitale
syrienne. Il commenta cette
publication :
« C’était là mon départ. C’était
choquant, j’avais dessiné une histoire
de la résistance palestinienne. J’ai
gardé un exemplaire de ce numéro, un
exemplaire rare après l’arrêt de sa
publication depuis plusieurs
décennies ».
Les empreintes
Al-Bokhari créa plusieurs
personnalités dont Abou Al-Abd. Cette
personnalité est présente dans des
milliers de caricatures politiques et
sociales d’actualité. Al-Bokhari dessina
aussi beaucoup de personnalités
palestiniennes et internationales.
La personnalité d’Abou Al-Abd, le
héros des caricatures d’Al-Bokhari,
naquit en Tunisie. En Palestine, cette
personnalité prit de l’ampleur, après
son retour dans les territoires
palestiniens, après la signature de
l’accord d’Oslo, en 1993.
Al-Bokhari parle de la personnalité
fictive d’Abou Al-Abd qu’il a créé et
qui a vécu avec lui jusqu’à son départ.
Abou Al-Abd représente une personne
réelle : son ami Zohaïr Chibil. Celui-ci
travaillait dans le journal Kuwait
Times. Le dessin ne lui ressemblait pas
trop, mais son esprit beaucoup ; c’était
un homme bien. « Dans sa présence, je
sentais que j’étais dans la présence de
toute la Palestine. Il avait une très
bonne culture et il était moderne. Fils
d’agriculteur, il était simple dans son
accent et sa conduite. C’est cette
contradiction qui a fait la personnalité
de la caricature d’Abou Al-Abd »,
dit-il.
Sadat et Abou Al-Abd
A une certaine époque, Al-Bokhari
prit l’ancien président égyptien Sadat
comme le sujet quotidien de ses
caricatures, au point où l’ambassadeur
égyptien demanda aux autorités
koweitiennes de l’expulser. La visite de
Sadat en "Israël" stoppa les menaces. La
personnalité caricaturale de Sadat se
changea petit à petit et devint une
nouvelle personnalité fictive du nom
d’Abou Arab.
Cette nouvelle personnalité présenta
les régimes arabes et leurs dirigeants.
Un nouveau phénomène
Al-Bokhari est un phénomène
artistique exceptionnel sur la scène
arabe et palestinienne. Ses caricatures
et ses tableaux reflètent le quotidien
du peuple palestinien, sans ignorer les
affaires arabes et humaines.
Al-Bokhari s’inspirait de la société
locale, puis internationale, en suivant
les informations. C’est après minuit
qu’il commençait son travail, dans son
atelier, dans sa maison. Son rêve le
plus cher était de trouver une
personnalité caricaturale incarnant
l’enfant palestinien. Il croyait que
l’enfant palestinien était celui qui
subissait le plus d’injustices ;
l’enfant est l’avenir de la Palestine.
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