Rapport
Hadj Ahmed, le vendeur octogénaire de
lupin,
nous quitte en douceur et avec dignité
CPI
Photo du
CPI
Vendredi 6 janvier 2017
Naplouse – CPI
Pendant des années, le hadj octogénaire
Hassan Hossein Ahmed s’asseyait toujours
au même endroit. Avec amour, il touchait
ses grains de lupin étalés dans un
récipient, pour remplir avec ses mains
ridées les petits sacs offerts à vendre
aux passants. Les passants s’arrêtaient
souvent admiratifs devant cet homme,
vieux mais d’un moral d’acier.
Le départ doux
La ville de Naplouse s’est réveillée
lundi dernier et a entendu la mauvaise
nouvelle du départ du hadj Ahmed, à
quatre-vingts ans. C’est un morceau du
passé qui disparaît, un emblème de son
quartier. Tout le monde le connaît,
connaît sa faible consistance, son âge
avancé, sa cécité, mais aussi sa forte
volonté, son sens du défi, sa haute
dignité.
L’Union des handicapés de la ville de
Naplouse a annoncé le départ de son
membre Hassan Ahmed, confirmant qu’elle
vient de perdre un symbole vivant de la
forte volonté et de l’endurance. En
fait, bien qu’il ait été aveugle et âgé,
il vivait de son propre travail jusqu’au
dernier jour de sa vie.
Mouaya Mona, membre de l’Union, confirme
que le défunt Ahmed refusait toute sa
vie toute faveur venant de qui que ce
soit. Il insistait à vouloir gagner sa
vie, par sa forte volonté qui remplace
sa faiblesse physique.
Une longue vie
Le hadj est né dans le village d’as-Sawia,
au sud de la ville de Naplouse. Quelques
années plus tard, il est parti habiter
dans la ville de Naplouse. Il a fait ses
études dans les écoles des orphelins. Il
s’est définitivement installé dans une
maison non loin du lieu où il vendait
son lupin.
Durant sa jeunesse, il a travaillé dans
les fabriques de balais et de brosses de
l’Association des aveugles de la ville.
Puis il a ouvert une boutique, mais son
état de santé et sa cécité ne lui ont
pas permis de continuer. Il a choisi la
vente du lupin, un métier qui s’est
poursuivi pendant trente ans, jusqu’à sa
mort.
Une vie de dignité
Abou Mohammed al-Khandaqchi possède une
boutique non loin du lieu où se mettait
hadj Hassan. Il est admiratif :
« Pendant vingt ans, j’ouvrais les yeux
sur cet homme qui défiait toutes les
conditions difficiles. Depuis le petit
matin jusqu’à la fin de l’après-midi, il
vendait son lupin aux passants. Je ne
l’ai jamais entendu se plaindre. Il
était satisfait de la grâce d’Allah le
Tout Puissant. »
Abou Zohaïr al-Amed, un autre
commerçant, dit du hadj Hassan que
c’était un homme exceptionnel. Le hadj
refusait tout argent, toute donation,
toute faveur sans contrepartie. Malgré
toutes ses conditions difficiles, il
refusait qu’on le prenne pour un
mendiant.
Finalement, le hadj Hassan nous quitte
et quitte son lieu, tout en nous
laissant des messages d’espoir, de défi,
de volonté, de dignité.
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