Centre
Palestinien
d'Information
Rapport
Le ramassage de cailloux, un nouveau métier de survie dans la
bande de Gaza meurtrie par le blocus
Photo CPI
Mercredi 10 février 2010
Gaza – CPI
Le blocus n’arrête pas de faire des dégâts
dans la bande de Gaza, depuis plus de trois ans, bientôt quatre.
La guerre agressive israélienne menée contre Gaza n’est venue
que pour rendre encore plus difficile la vie des habitants de la
Bande.
Leurs souffrances n’arrêtent pas de
s'accroître. Le chômage en fait partie. Des milliers et des
milliers d’ouvriers perdent leur travail. Des milliers de
familles perdent les sources de leur survie. Des hommes, des
femmes, des enfants, et même des personnes âgées ne trouvent
rien d’autre à faire que de ramasser des cailloux, de l’extraire
du fond de la terre, une nouvelle façon de s’en sortir, de faire
face à cette misère qui les frappe de plein fouet.
Ni le grand froid, ni la poussière n’empêche
ces gens de travailler, de creuser plusieurs mètres sous terre,
dans la zone d’Al-Moharrerat à l’ouest de la ville de Khan
Younes, pour ramasser une certaine quantité de cailloux
vendables aux commerçants de matériaux de construction.
Et la guerre agressive israélienne menée
contre Gaza a dévasté la Bande l y a plus d’un an. On avait
annoncé sa reconstruction, à plusieurs reprises. Pourtant, rien
n’arrive. On est alors obligé de faire avec les moyens du bord
pour reconstruire ce qui serait reconstructible. Alors, à l’aube
de chaque jour de ce dur hiver, des femmes et des enfants
partent creuser une terre dure avec de petits outils, avec de
petites mains. Ensuite, il faut extraire les petits cailloux de
la terre. Travail d’une longue journée qui ne donnera enfin
qu’une petite chose. Une petite chose certes, mais très
importante pour ces familles qui n’ont pas d’autre source pour
vivre, surtout face à ces prix qui ne cessent de grimper.
Travail sous contrainte
Om Mahmoud est une dame de 54 ans. Le mari
étant invalide, elle se retrouve toute seule pour faire vivre
une famille de dix personnes. Quotidiennement, ils partent vers
ladite zone. Les jours de vacances scolaires, ses enfants
l’accompagnent pour l’aider. Le jour où toute la famille
travaille, deux chariots seront remplis et vendus à 30 shekels,
quelque 9 dollars.
En dépit de la fatigue, Om Mahmoud se voit
satisfaite, par rapport à ces gens qui ne peuvent même pas faire
ce travail pour une raison ou pour une autre.
Son grand garçon, 20 ans, a quitté l’école
pour aider la famille. Il travaille maintenant avec sa mère.
Aucun projet d’avenir, dit-il, on vit au
jour le jour. On peut à peine en sortir de quoi manger et
acheter des affaires pour ses petits frères.
Des maladies
Dans la zone, tout le monde creuse. La
poussière infecte l’atmosphère. Elle infecte également les
poumons de ces femmes et ces enfants qui travaillent toute la
journée. Pire, des mères amènent leurs nourrissons avec eux, ne
trouvant d’autre solution. Une de ces mères préfère mourir en
travaillant que de faim.
Garder les cailloux
Il y a ceux qui extraient les cailloux, ceux
qui les achètent pour en faire des produits de construction, en
ce temps de blocus où tout est interdit d’entrée dans la bande
de Gaza. Il y a aussi ceux qui gardent les cailloux ramassés.
Le jeune Mustapha, 23 ans, garde les
cailloux ramassés jusqu’à l’arrivée des camions qui les
transportent. Mustapha, pour seulement 60 dollars par semaine,
surveille les amas de cailloux, jour et nuit, privé de sa
famille. Aucun avenir avec une telle somme, dit-il, aucune idée
de mariage.
Malgré tout, il continue à travailler, le
sourire aux lèvres. Ils veulent vivre avec dignité : « Nous ne
baissons pas les bras devant l’ennemi sioniste, dit Mustapha.
Nous ne nous mettons pas à genoux, aussi difficile que soit la
vie ».
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