Centre Palestinien
d'Information
Rapport
Le blocus israélien contre Gaza : les enfants sont les
premières victimes
Photo CPI
5 juin
2008
Gaza/Bruxelles – CPI
Depuis environ deux ans, la bande de Gaza vit
au rythme de l’injuste blocus. Ce blocus s’intensifie de plus en
plus sur cette petite surface gorgée de ses habitants au nombre
d’un million et demi. Il y vient à bout de tout le monde, les
enfants en particulier, les enfants qui représentent la moitié
de la société.
Tout indique qu’autant le blocus
s’intensifie, autant l’enfant palestinien souffre d’une grave
détérioration de son état de santé, aussi bien physique que
psychologique. Toute chose est le sujet de restriction de la
part de l’autorité de l’occupation israélienne : produits de
première nécessité, alimentation, médicaments. Et les malades se
voient interdits de quitter les territoires pour aller recevoir
ailleurs le soin nécessaire pour leur cas.
Victimes
Le blocus laisse ses effets négatifs sur tous
les enfants. Les valides perdent la santé et les malades voient
leur état empirer, faute de médicaments.
Depuis onze mois, le nombre de victimes du
blocus israélien a dépassé cent soixante-dix malades dont le
tiers sont des enfants. Pire, la plupart des enfants sont des
nouveaux-nés. Dans la seule journée du 27 mai, trois nourrissons
âgés de quelques jours seulement ont perdu la vie.
Selon les dernières statistiques, le tiers
des malades palestiniens interdits de quitter la bande de Gaza
sont des enfants. Ils ont moins de quinze ans. Le Comité
Populaire pour faire face au blocus affirme que des centaines de
malades et de blessés ne sont pas pris en compte dans ce calcul.
En effet, beaucoup ne posent même pas la demande de voyage,
sachant que la réponse sera certainement le refus.
Le manque de nourriture normale dont le lait
a poussé plus de quatre cent nouveaux enfants vers les hôpitaux,
confirme le ministre palestinien de la santé.
L’année dernière, plus de 1600 enfants ont
été hospitalisés, malades d’anémie et de rachitisme. Ils
souffraient aussi de beaucoup d’autres maladies causées par le
manque de médicaments. Il manque également les équipements
médicaux spéciaux aux nouveaux-nés dans les cabinets.
Les mères
Si l’on fait une petite tournée dans les
divisions de pédiatrie des hôpitaux de la bande de Gaza, on voit
comment les petits attendent le moment où ils quitteront ce bas
monde, à cause du manque de médicaments qui se trouvent non loin
d’eux, retenus de l’autre côté des frontières. Le spectacle le
plus dur reste celui des mères qui regardent leurs enfants
mourir, sans qu’elles ne puissent faire quelque chose pour les
sauver.
Le problème de ces familles se trouve dans le
refus des autorités sionistes de laisser les enfants malades
voyager pour se soigner ailleurs. Même les nourrissons n’ont pas
ce droit.
Farah As-Sawwaf, âgée de deux ans seulement,
souffre d’un cancer. Sa mère attend sa mort, avec impuissance et
douleur. « Qu’a fait ma petite pour qu’elle souffre de cette
manière ? Quel corps peut supporter de telles douleurs ? Que
dois-je faire, moi qui vois ma petite mourir dans mes bras ? »,
sanglote-t-elle.
Mohammed Bolbol est un enfant de deux ans
également. Il a eu une opération chirurgicale. Toutefois, s’il
n’avait pas eu le soin spécial, il aurait quitté la vie, sans
faute.
Le nombre de morts
Dr. Younes Awad Alloah, responsable au
ministère de la santé, dit que la mortalité parmi les nouveaux
nés est en augmentation incessante, faute de produits
essentiels.
En fait, le blocus signifie beaucoup de
choses. Il signifie la coupure de courant, et par conséquent,
l’arrêt des machines médicales. Il signifie la mort de plus
d’enfants. Le blocus signifie également plus de chômage, une
autre facture affectant la santé des enfants, dit le ministère
de la santé.
De plus, la coupure de l’électricité cause
l’arrêt des pompes à eau, donc le manque d’eau potable, une
autre cause de maladie, surtout pour les enfants.
Il y a évidement une relation entre la
malnutrition et la mortalité des enfants. Il y a également le
facteur psychologique. Les enfants palestiniens sont privés
d’une vie calme et normale. Ils dorment inquiets. Les
incessantes invasions sèment la peur dans leur esprit.
Les enfants sont majoritaires dans les
territoires palestiniens, dit Addamir, une association qui
s’intéresse aux droits de l’Homme dans les territoires
palestiniens. A cause du blocus, ils souffrent de l’anémie, du
manque de vitamine A, entre autres.
Une vie visée
64% des enfants palestiniens souffrent de
l’anémie. 22% du manque de vitamine A. Et 14% d’élèves endurent
un fort manque d’iode, dit l’UNICEF.
Bien évidemment, le manque de tels éléments
affectent le système immunitaire des enfants, leurs yeux, leurs
oreilles, leur capacité de concentration, entre autres, confirme
l’UNICEF.
La psychologie
Tragiques sont les effets psychologiques du
blocus sur les enfants palestiniens. Ils subissent toutes sortes
d’oppression et de privation. Le plus simple de leurs droits
essentiels et humains est bafoué par l’occupation israélienne.
L’enfant souffre, dit le Programme de Gaza
pour la santé psychologique, « de toutes sortes de violence :
assassinats, blessures, handicap, emprisonnement, torture,
démolition des maisons, perte de parents et d’amis. Sans parler
de ces conditions trop difficiles de la vie : pauvreté, densité
de la population, malnutrition, impossibilité d’atteindre les
écoles et tous les services de la vie : santé, éducation et
autres. »
Les enfants constituent 53% de la population
palestinienne. Comment peut-on bâtir l’avenir, une société
saine, démocratique et en paix, si les enfants sont déjà privés
de leurs droits, de leur dignité, se demande le programme.
Les enfants, à l’instar de tous les
Palestiniens, dit le Programme, endurent toutes ces sanctions
collectives et tous ces agissements israéliens. Les points de
passages sont fermés. Les malades sont interdits de voyager pour
recevoir le soin ailleurs… Tous viennent à l’encontre des
conventions signées pour protéger les civils et pour respecter
les droits des enfants.
Détérioration
Dr. Anwar Cheikh Khalil, directeur de
l’hôpital des enfants de Gaza, attirent l’attention sur la
détérioration de la situation sanitaire de la bande de Gaza. Les
enfants sont les premiers qui en souffrent. Plus de trois cents
d’entre ces enfants, gravement malades, sont les premiers
concernés par la privation de médicaments et d’équipements
médicaux. En tout cas, tous les enfants sont privés de lait dont
l’entrée est interdite par les autorités israéliennes
d’occupation.
Cet hôpital, le plus grand de la bande de
Gaza, vit un grave manque d’équipements médicaux, en particulier
les incubateurs pour les nouveaux nés dont le poids ne dépasse
un kilogramme. Il n’en reste qu’une quinzaine encore en état de
marche.
Il y a un dangereux manque de médicaments,
dit le docteur Awad Al-Haloul, spécialiste dans la pédiatrie de
An-Nasr. Il manque certains médicaments « chimiques »
nécessaires pour la guérison des malades. Mais le manque en est
bien considérable.
De son côté, le Centre palestinien des droits
de l’homme à Gaza dit que le niveau d’enfants malades d’anémie
connaît une croissance considérable sans précédent. Le grave
manque de produits alimentaires en est la cause principale. Les
enfants n’obtiennent pas une quantité suffisante de protéines ;
et cela n’en est qu’un exemple.
La mort
A plusieurs reprises, la Campagne Européenne
pour lever le blocus a qualifié la continuation du blocus de
sentence de mort pour des centaines de malades qui ont besoin
d’opérations chirurgicales.
La campagne confirme que la catastrophe
humanitaire a déjà commencé dans le bande de Gaza. L’occupation
israélienne continue d’empêcher l’arrivée des médicaments et les
équipements dont le ministère de la santé a besoin.
« La mort attend une longue liste de
Palestiniens souffrant de graves maladies chroniques, surtout
ceux qui ont besoin d’opérations chirurgicales urgentes. Ils
sont interdits par l’occupant israélienne de quitter la bande de
Gaza pour aller recevoir le soin adéquat. Il impose le blocus et
ferme tous les points de passage depuis plusieurs mois », ajoute
la Campagne.
Enfin, le ministre palestinien de la santé
attire l’attention sur « une catastrophe sanitaire qui ôte et
ôtera la vie à beaucoup de malades ». « "Israël" n’arrête de
semer la mort à l’intérieur des hôpitaux de la bande de Gaza, en
continuant à imposer l’injuste blocus, depuis deux ans ».
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