Centre Palestinien
d'Information
L'échec
de l'opération « hiver chaud », vu par des Israéliens
Photo CPI
5 mars 2008
Al-Quds – CPI
« L'opération de
l'armée menée au nord de Gaza était un échec. Mettez le mot
ECHEC devant vous. Elle n'a réalisé un seul vrai objectif ».
Ce texte n'est pas écrit
par un Palestinien ou par un Arabe, mais tout simplement, il fait
partie des critiques données par des responsables politiques et
militaires israéliens.
Les critiques vont bon
train. Elle est faible, incapable, cette armée israélienne. Elle
n'est pas prête à s’engager dans de vrais combats, notamment
dans des zones densément peuplées. Elle s'est engagée dans un
combat sans but, sans une vision stratégique, enfin, sans résultats.
Pire, après tout, l'initiative reste entre les mains du Hamas.
C'est lui qui « dicte les règles du jeu de la guerre
d'usure actuelle ». Certains résument la situation en
disant « qu'il n'existe pas de solution pour le problème
autrement que par un dialogue avec le Hamas ».
Entrer
et sortir pour rien !
Amir Tsouria écrit dans
la presse israélienne, commentant la retraite des forces de
l'occupation de Djabalia, au nord de la bande de Gaza : « Ils
sont sortis comme ils étaient entrés ». Les missiles
continuent à pleuvoir sur Israël, 40 à 50 missiles par jour.
« De nos jours,
l'armée n'est pas prête à mener un combat de longue halène »,
ajoute cet écrivant israélien.
De son côté, Ben
Casbet écrit, dans le journal hébreu Maariv : « La résistance
palestinienne découvre l'efficacité de l'arme
"sauterelle". Elle a goûté la possibilité de
paralyser une ville entière en Israël. C'est très dangereux de
prendre goût à une telle pratique. On peut s’y habituer ».
L'initiative
L'écrivain Cobi Nivali
insiste, dans le journal Maariv, que l'initiative est désormais
aux mains de la résistance palestinienne. C'est elle qui impose
les règles de la guerre actuelle d'usure.
Il constate que l'armée
israélienne n'a réussi aucun des quatre objectifs déclarés par
le ministre de la guerre Ehud Barak. Stopper le feu d'Al-Qassam.
Mettre fin à la contrebande dans l’axe de Philadelphie.
Affaiblir, et même faire tomber le gouvernement du Hamas. Se détacher
totalement de Gaza.
En tout cas, ils sont
irréalisables, ces objectifs. « Nous faisons un seul corps
avec les Palestiniens ».
Il se moque du ministre
de la guerre en disant : « Il est impossible de se détacher
de Gaza, sinon par une tranchée, si profonde qu'elle coupe la
bande de Gaza du globe terrestre... »
La
vision stratégique
Pour sa part, Ménahem
Clayn, professeur universitaire à Tel Aviv, fait partie de ceux
qui croient qu'il n'y a aucun sujet de joie ou de quoi crier
victoire. Il insiste sur l'absence de toute vision stratégique.
Egalement, il insiste sur les conséquences désastreuses de l'opération
sur les intérêts vitaux de l'Entité sioniste.
« Israël est un géant
aveugle qui frappe sans aucun but politique », écrit-il
dans le journal hébreu Yadiot Ahranot. « Cette opération
n'a pas stoppé les missiles. Elle a affaibli Mahmoud Abbas de façon
considérable. Elle montre encore une fois qu'Israël ne comprend
pas les Palestiniens », exprime cet académicien sioniste spécialiste
du conflit arabo-sioniste.
Quant au général réserviste
Yacof Amidor, il constate que le gouvernement d'Olmert n’a qu’à
faire comprendre aux habitants de Gaza, au Hamas et au monde
entier qu'il y aurait une opération plus sanguinaire, s'il n'a
pas eu un autre choix. Toutefois, le gouvernement continuera ses
opérations, ajoute-t-il, jusqu'à ce qu'il comprenne, lui-même,
qu'il faut « engager des négociations avec le Hamas, sinon
réoccuper Gaza ».
Les
missiles de la résistance
De son côté, Emanuelle
Sivan, chercheuse orientaliste, croit en la nécessité de négocier
avec le Hamas, du moins en ce qui concerne les missiles qui sèment
la terreur dans les colonies sionistes.
Au sein même du
gouvernement d'Olmert, il y a des voix qui s'élèvent contre
cette affreuse campagne militaire. Elle a laissé plus de 120 tués
et plus de 350 blessés, en majorité des civils. Elle n'a pas réussi
à créer une nouvelle réalité politique, croit Ami Aylon,
ministre sans portefeuille. Il appelle à un rapide dialogue avec
la résistance palestinienne pour pouvoir stopper les missiles qui
frappent de plein fouet les villes de Sdérot, Asqalan et
d’autres localités israéliennes.
La ministre israélienne
de l'éducation a sollicité son gouvernement pour qu’il entame
immédiatement des négociations avec la résistance
palestinienne. La situation devient insupportable au sud de
l'Entité sioniste.
Ces critiques et appels
ne viennent pas de rien. Ils sont basés sur des données
politiques, militaires et sécuritaires. Les forces de
l'occupation israélienne arrivent à un point dangereux
d'incapacité et de déprime.
En définitive, ces
critiques représentent un aveu bien explicite de l'impossibilité
d'anéantir le Hamas, de bâillonner la résistance, de stopper
les missiles, même en utilisant au long du temps les armes les
plus sophistiquées. Il faut savoir que le Hamas est une
organisation politique et religieuse engendrée par la résistance
palestinienne. Une résistance qui défend la terre, les droits,
les lieux saints palestiniens… Le Hamas est enraciné dans la
conscience du peuple palestinien qui croit en lui, en sa vision,
en ses programmes...
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