Interview
« Ce n'est pas une troisième Intifada
mais
un soulèvement de désespoir»
Ziad Medoukh
Jeudi 15 octobre 2015
On l'appelle déjà «l'Intifada aux
couteaux», menée par des Palestiniens.
Pourtant, selon Ziad Medoukh,
coordinateur du Centre de la Paix à
Gaza, on ne peut parler encore de
troisième Intifada mais d'un mouvement
qui signe l'échec des accords d'Oslo.
RT France: Ce 13 octobre, une
journée de protestation baptisée «Jour
de colère» a été lancée à l’initiative de
plusieurs mouvements palestiniens.
Comment cela s’est déroulé à Gaza ?
Ziad Medoukh (Z.M.):
A Gaza, il y a eu trois manifestations
pacifiques devant les trois zones tampon
créées par l’armée israélienne, l’une au
Nord, l’autre au centre et la dernière
au Sud de la bande de Gaza. Ce sont des
zones de 500 mètres, confisquées aux
terres palestiniennes et transformées en
zone militaire. Les jeunes Gazaouis ont
fait des manifestations, et les soldats
israéliens ont riposté à balles
réelles : vendredi dernier, 7 jeunes
sont morts, samedi, 3 morts et ce 13
octobre, 42 blessés. Cela a été des
manifestations spontanées, organisées
par les jeunes palestiniens, et 2000 à
3000 personnes s’y sont rendues pour
exprimer leur solidarité avec la
Cisjordanie.
En savoir plus: Quatre attaques en
Israël : deux morts et de nombreux
blessés
RT France: Il y a donc une
solidarité nette entre Gaza et la
Cisjordanie, malgré la coupure
géographique et politique ?
Z.M.: Bien sûr. Ce
sont dans les deux territoires des
soulèvements populaires. Aucun parti
politique ne les dirige. Autre aspect
important à Gaza, l'aspect pacifique des
mouvements à Gaza. Les jeunes se rendent
aux zones tampon avec des drapeaux
palestiniens, il y a des provocations
des soldats israéliens, les jeunes
palestiniens lancent alors des pierres
et les ripostes à balles réelles et gaz
lacrymogènes se font. La semaine
dernière, il y a eu 11 morts et plus de
60 blessés, dont on ne parle pas ou
presque.
C’est un message clair : la
génération Oslo dénonce l’échec de
ces accords, synonyme de blocus,
colonisation
RT France: Comment qualifier
ce soulèvement ?
Z.M.: Il est
populaire. Il n‘est pas politisé. Il est
jeune. Il est spontané. C’est une
jeunesse âgée entre 13 et 22 ans. Cet
âge de 22 ans correspond à la signature
des Accords d’Oslo en 1993. Après cet
accord, il y avait eu de l'espoir pour
cette jeunesse palestinienne.
Aujourd’hui, après deux semaines de
soulèvement, c’est un message clair : la
génération Oslo dénonce l’échec de ces
accords, synonyme de blocus,
colonisation, chômage, désespoir, mur de
l’apartheid qui sépare les terres, les
familles, les villages. Tout cela sans
condamnation internationale.
Il y a plus de 365 checkpoints en
Cisjordanie qui morcelle les terres,
rendant difficile le quotidien des
palestiniens, le paysan ne pouvant se
rendre sur sa terre ou l’étudiant à son
université. Ajouter à cela la
colonisation et les provocations des
colons, soit sur l’Esplanade des
Mosquées, soit quand ils ont brûlé une
famille à Naplouse. 30 morts, 500
arrestations en deux semaines, cela
suffit. Pour le moment, les partis
politiques palestiniens sont en retrait
et observe la situation. Il faut noter
aussi les femmes et jeunes filles dans
ce soulèvement qui sont très présentes
sur le terrain. Cela montre aussi sa
dimension large et populaire.
/...
La suite sur
RT France
Le dossier soulèvement octobre 2015
Les analyses et poèmes de Ziad Medoukh
Le
centre de la paix
Le sommaire des messages d'Al-Aqsa
Les dernières mises à jour
|