Interview
Jacob Cohen s’exprime
à propos des
persécutions juives
Frank Brunner
Jacob
Cohen
Mardi 25 novembre 2014
-« Question :
Depuis que vous
critiquez Israël et le lobby juif, vous
avez été victime de persécutions de la
part de la communauté juive. Comment
cela a-t-il débuté, et qu’avez-vous
ressenti à l’époque ? »
Jacob Cohen :
« Tout
d’abord, j’ai été victime de deux
agressions physiques en 2012, en bande
organisée, c’est-à-dire à plusieurs. Jet
de peinture rouge, de farine et d’œufs.
Le tout accompagné d’insultes et de
menaces. Agressions filmées et postées
sur le site de la Ligue de défense
juive, avec des centaines de
commentaires vindicatifs dont je vous
laisse deviner la teneur.
Depuis lors, je
reçois toutes sortes de messages
insultants, menaçants ou amusants par
exemple suivre une cure psychiatrique,
car c’est une espèce de « folie » pour
un juif de critiquer Israël. D’anciens
habitants de Meknès (ma ville natale au
Maroc) prennent contact avec moi,
certains depuis le Canada, pour
m’exprimer leur stupéfaction et leur
réprobation.
Evidemment, c’est
très pénible, lorsque l’entourage
(famille et amis) s’y met aussi. Je
ressens un sentiment de désespérance,
car je remarque à quel point le fossé
est grand et ne cesse de s’élargir. Et
je ne crois plus à une solution
pacifique du conflit. Comment des gens
aussi instruits ne voient-ils pas les
exactions des Israéliens, leur
extrémisme qui ne peut aboutir qu’à une
conflagration générale ! Les recours à
la violence vis-à-vis d’un écrivain
critique et les approbations qu’ils
suscitent dénotent une radicalisation
sans rémission ».
-« S’en est-on
pris à vos proches, par exemple dans
l’espoir qu’ils feraient pression sur
vous ? »
« C’est
fort probable car je reçois des demandes
d’explication ou de justification à
propos de mes positions ou de vidéos
postées ici ou là. De personnes étonnées
d’avoir entendu ou lu que Jacob Cohen
tiendrait des propos déplacés ou
injustifiés ».
-« Quelles ont
été les diverses formes de persécutions
subies ? »
« Toutes
sortes d’insultes et de menaces. Les
ennemis ont beaucoup d’imagination et
très peu de scrupules. Aucun respect
pour la liberté d’autrui. Et souvent un
niveau de vulgarité assez déprimant.
Pour eux, on est moins que rien, un
abruti, un fou, un débile, un homme à
abattre ».
-« Comment
avez-vous réagi pour tenter de mettre un
terme à ces persécutions et quel a été
le résultat de vos efforts ? »
« Concernant
les agressions physiques commises par la
Ligue de défense juive, j’ai déposé une
plainte sans me faire d’illusions.
D’ailleurs, ma plainte pour la première
agression a été classée « sans suite »,
alors que les agresseurs étaient connus,
puisqu’ils s’étaient filmés eux-mêmes.
La seconde agression connaîtra
probablement le même sort.
Quant aux autres
agressions, que je reçois surtout sur
les réseaux sociaux, je les ignore
totalement. Je les efface et je n’y
réponds jamais. Je ne veux pas entrer
dans cette escalade. D’ailleurs souvent
les « insulteurs » se fatiguent et
finissent par arrêter. Lorsqu’un message
est « amusant » je le rends public,
comme celui où une juive marocaine m’a
proposé de me faire connaître un bon
psychiatre capable de me « guérir ».
-« Comment
expliquez-vous ce goût pour la
persécution et l’ostracisme qu’on
observe au sein de la communauté juive,
alors que cette communauté se présente
toujours comme la victime de persécution
et d’ostracisme ? »
« C’est
un fait que cette communauté a été
persécutée de mille manières à travers
l’histoire. Mais cela montre aussi que
la persécution ou la victimisation ne
sont pas l’apanage d’une société en
particulier. A partir du moment où on
dispose de la force pour un projet de
domination ou d’expansion, on n’hésite
pas à se comporter en conquérant. La
question devient intéressante avec la
communauté juive. Celle-ci se croit
toujours en position de persécutée,
alors qu’elle est désormais une des
composantes essentielles de
l’establishment dominant mondial. Et ce
n’est pas sans cynisme qu’elle
revendique son éternel statut de
victime. Car cela atténue ou efface ses
responsabilités. Disons que les
communautés juives, y compris
l’israélienne, se croient tout permis.
Et même qu’elles s’y connaissent en
matière de persécution et
d’ostracisme ».
-« Quand
quelqu’un contrarie le lobby juif, il
est presque systématiquement victime
d’une campagne de calomnies.
Généralement, les non-juifs se font
traiter d’antisémites, tandis que les
juifs antisionistes se font traiter de
Kapos. Dans « La guerre des Juifs »,
Flavius Josèphe raconte que le roi
Hérode a fait exécuter deux de ses fils
à la suite d’une campagne de calomnies
accusant ses fils de vouloir
l’assassiner. Il semble qu’il existe une
véritable culture juive de la calomnie.
On dirait que, pour la plupart des
juifs, il n’y a rien de plus normal que
le fait de calomnier ses adversaires.
Que pouvez-vous dire à ce propos ? »
« Excellente
remarque ! La tradition juive recèle de
nombreuses références à cette plaie
qu’est la calomnie, très répandue au
sein même du peuple juif. Cela remonte
même au temps des gouvernements des rois
et des juges. Une tradition talmudique
va jusqu’à affirmer que la destruction
du Temple a eu pour principale cause la
« médisance gratuite ». On retrouve
d’ailleurs ce trait dans la société
israélienne actuelle. Les politiques
s’écharpent allègrement, alors que des
appels sont lancés pour ne pas tomber
dans ce travers qui a eu dans l’histoire
de si graves conséquences. Mais ces
appels restent en général des vœux
pieux ».
-« N’est-il pas
paradoxal que des gens dont le
comportement public est souvent odieux
paraissent toujours exiger qu’on les
trouve sympathiques et au-dessus de
toute critique ? »
« C’est
bien là le problème. La majorité des
juifs, en Israël ou dans la diaspora,
ont pris pour acquis qu’ils ont été les
victimes de l’Histoire et que celle-ci
leur doit bien des compensations. Le
problème est qu’ils ne semblent pas
réaliser les torts qu’ils commettent :
que ce soit leur politique coloniale
vis-à-vis des Palestiniens ou leur
arrogance dans les pays où ils résident.
Ils développent même en toute impunité
une double allégeance qui les met en
porte-à-faux par rapport à leurs
concitoyens. Il apparaît que la
puissance considérable qu’ils ont
acquise leur a fait perdre le sens de la
mesure et de la vérité ».
Propos recueillis
par Frank BRUNNER
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