Silvia Cattori :
Quand vous êtes
arrivé à Athènes vous pensiez
embarquer rapidement pour Gaza [1]
Dix jours plus tard, les garde-côtes
grecs n’ont toujours donné aucun
signe qu’ils laisseraient les
bateaux de la « Flottille de la
Liberté II »
quitter le
port. Quel est votre sentiment ? Les
organisateurs devraient-ils
continuer d’essayer jusqu’à ce que
le blocus illégitime et inhumain de
Gaza soit levé ?
Samuel F. Hart : [2]
On peut toujours espérer que quelque
chose de positif arrive. Je suppose
que, si cette flottille ne peut pas
partir, il y aura une autre
tentative similaire. Si oui,
j’essaierais de la réaliser
différemment – peut-être en
choisissant un autre pays de départ.
Je pense que les gens ne vont pas
dire : « OK, c’est
comme ça, arrêtons ». Je pense
qu’ils vont essayer à nouveau. Cela
dépend tellement de ce qui peut se
passer par ailleurs. Dire « OK,
les Israéliens ont gagné » et
accepter cela comme une défaite
finale serait imprudent. Je ne pense
pas que les organisateurs vont dire
cela.
Silvia Cattori :
Lors de la
précédente « Flottille de la
Liberté I », neufs
passagers turcs ont été tués et
beaucoup d’autres ont été blessés
par les soldats israéliens qui ont
attaqué leur bateau Mavi
Marmara.
Le fait que les
soldats israéliens pourraient le
faire à nouveau ne vous effraye
pas ?
Samuel F. Hart :
Voyez, je suis un homme âgé. Que
peuvent-ils me faire ? Si je suis en
mesure de faire quelque chose, je
dois me poser ces questions : si ce
n’est moi, qui ? Si ce n’est
maintenant, quand ? Ceux qui le
peuvent ont l’obligation de se
dresser contre l’oppression des plus
faibles. Nous avons une obligation.
Nous sommes tous des êtres humains.
Quand vous voyez des gens opprimés
et que vous pouvez les aider, vous
avez l’obligation de le faire.
J’ai choisi d’être ici parce que je
pense qu’il s’agit d’un problème
important ; et que je suis en mesure
d’y apporter mon aide.
Silvia Cattori :
Le fait que
vous soyez prêt à risquer votre vie
pour exprimer votre solidarité avec
les Palestiniens qui souffrent sous
l’oppression israélienne est quelque
chose de très impressionnant. Si
vous ne réussissez pas, vous pourrez
être fiers d’avoir essayé, quoi
qu’il arrive...
Samuel F. Hart :
Le danger n’est peut-être pas si
grand. Mais, bien sûr, je suis prêt
à prendre ce risque. Vous savez, il
n’y a que de rares actions qui
valent vraiment la peine d’être
menées. Si vous voulez rendre le
monde un peu meilleur, vous devez
essayer d’apporter votre
contribution à ce monde meilleur. Et
si vous échouez, vous essayez
encore. Essayer et échouer, c’est
mieux que de ne pas essayer du tout.
Tous ceux qui sont impliqués dans
cette action peuvent être fiers de
faire quelque chose pour les autres.
Il y a beaucoup de manières de faire
quelque chose pour les autres. Vous
pouvez aider votre voisin, vous
pouvez aider les malades, et vous
pouvez aussi faire un don à la Croix
Rouge. C’est aussi une noble
manière. Cette action-ci a une
signification particulière parce
qu’elle implique de vous mettre
vous-même en danger.
Silvia Cattori :
Vous attendiez-vous
à ce que la « Flottille de la
Liberté II »
soit confrontée
à autant de problème, dès son
début ?
Samuel F. Hart :
Je ne dirais pas que je m’y
attendais, mais je ne suis pas
surpris. Je ne m’attendais pas à ce
que les choses se passent sans aucun
problème. Cependant, je pensais que
nous réussirions à prendre la mer et
à faire voile vers Gaza. Je pensais
à la manière dont j’allais me
comporter quand le moment de vérité
viendrait face aux Israéliens. Je ne
pensais pas à la manière dont
j’allais me comporter vis-à-vis du
gouvernement grec, ou vis-à-vis du
gouvernement des États-Unis. Donc,
c’est comme de partir pour combattre
dans une guerre et de découvrir que
vous vous trouvez dans une autre.
Je ne sais pas ce qui motive le
gouvernement grec à se faire l’allié
du gouvernement israélien dans cette
affaire. Certains ont suggéré que
c’est à cause des problèmes
économiques et financiers de la
Grèce. Et que les Israéliens
auraient dit : « Si
vous voulez que nous vous aidions,
vous devez faire cela pour nous ».
Je ne pense pas que les Israéliens
aient ce genre de pouvoir ; mais les
États-Unis d’Amérique l’ont. Je
crois que la seule chose qui ait pu
convaincre le gouvernement grec
d’interdire le départ des bateaux
est une intervention des États-Unis.
Ce qui me surprend, c’est la peur
que les Israéliens ont de cette
flottille. L’énergie qu’ils ont
déployée et la pression politique
qu’ils ont exercée sont incroyables.
Je suis surpris qu’ils soient allés
aussi loin pour tenter d’empêcher
cette flottille. Si j’étais à la
tête du gouvernement israélien, il y
avait un moyen très simple pour
faire face à cette flottille, mais
il est totalement contraire à la
nature du gouvernement israélien. Ce
moyen pour Israël était de dire : « OK,
laissons partir la flottille. Nous
allons monter à bord des bateaux et
nous allons les fouiller pour nous
assurer qu’aucune arme ni aucun
équipement à usage militaire ne se
trouve à bord. Et ensuite allez-y,
allez à Gaza, déchargez votre
cargaison, nous n’interviendrons pas. »
La presse internationale aurait
complimenté les Israéliens s’ils
avaient dit cela, et cela aurait été
une histoire d’un jour.
Mais ce genre de comportement est
au-delà de la capacité d’un
gouvernement israélien. Les
autorités israéliennes croient en
général que l’autre côté ne comprend
que la violence. La plupart des
Israéliens le croient également :
alors, si la violence ne fonctionne
pas, comme cela est arrivé avec la
« Flottille de la
Liberté I », la fois suivante
vous augmentez le niveau de
violence. Cela est arrivé maintes et
maintes fois.
Silvia Cattori :
Du point de vue
d’Israël, toutes ces
« Flottilles »
ne sont que des
provocations !
Samuel F. Hart :
J’en reviens au mouvement pour les
droits civiques aux États-Unis.
Beaucoup d’entre nous dans la
délégation états-unienne disent :
« Nous sommes
ici pour les mêmes raisons pour
lesquelles les militants de la
liberté sont allés dans le sud des
États-Unis au début des années 1960.
Parce que nous voyons une injustice,
nous voulons attirer sur elle
l’attention du public. Nous ne
voulons pas que l’on continue à
faire silence sur cette injustice.
Nous voulons lancer un débat public.
Par conséquent, nous essayons de
trouver un moyen d’amener les gens à
en prendre conscience ; à ne pas les
laisser confortablement dans leur
ignorance. »
Cela est-il une provocation ? Cela
dépend de ce que vous entendez par
provocation. C’est un défi ; mais je
n’appellerais pas cela une
provocation. L’appeler une
provocation implique que les
participants à la flottille sont
eux-mêmes responsables si quelque
chose leur arrive ; c’est blâmer les
victimes. C’est comme si je vous
offrais un bouquet de fleurs et que
vous me frappiez à la tête en
prétendant que vous êtes innocente
parce que j’aurais dû savoir que
vous n’aimez pas les fleurs ; donc
c’est de ma faute si vous m’avez
frappé à la tête. En hébreu on
appelle cela « chutzpah »
[du culot]. Quelqu’un qui a de la « chutzpah »
est quelqu’un qui, ayant tué père et
mère, réclame la miséricorde de la
Cour parce qu’il est orphelin. J’ai
terriblement honte que mon
gouvernement semble adopter cette
attitude envers la flottille.
Silvia Cattori :
Un certain nombre de
journalistes et de citoyens suivent
probablement cet évènement aux
États-Unis. Si, finalement, la
« Flottille de la Liberté II »
ne peut pas
prendre la mer, qu’allez-vous leur
dire, de retour chez vous ?
Samuel F. Hart :
Je m’attendais à pouvoir dire en
rentrant : « Je suis
monté sur ce bateau. Nous sommes
partis pour Gaza. Quand la marine
israélienne est arrivée, elle nous a
tous arrêtés. Ils nous ont gardés en
prison pendant quelques jours et
finalement ils nous ont expulsés
d’Israël en disant que nous ne
pourrions pas y revenir pendant dix
ans. » Après avoir raconté cette
histoire, j’aurais ajouté que, comme
nous avions pu attirer l’attention
du monde pendant quelques minutes
sur un sujet qui est le plus souvent
ignoré, cela en avait valu la peine,
quoiqu’il en ait coûté en termes de
temps et d’argent.
Voila ce que j’espérais qu’il se
passerait. Maintenant, si nous ne
pouvons pas partir, je ne pourrai
pas dire cela. Si nous ne pouvons
pas partir, je devrai dire :
« Nous voulions
aller à Gaza. Nous avons essayé de
le faire. Nous avons dû faire face à
des problèmes qui ont rendu ce
départ impossible en raison de
l’action du gouvernement des
États-Unis, du gouvernement
israélien, et du gouvernement grec.
Nous pensons que notre cause est
juste. Nous pensons qu’elle mérite
l’attention du monde. Elle a au
moins obtenu quelques minutes dans
les médias internationaux. Et nous
reviendrons. »
Silvia Cattori :
Pensez-vous que des
erreurs ont été commises dans
l’organisation de cette
« Flottille de la Liberté » ?
Samuel F. Hart :
Comme je ne participe pas aux
réunions stratégiques, tout ce que
je puis faire est d’observer les
ombres sur le mur. Vous ne voyez
jamais la réalité, vous en voyez
seulement les ombres. Je pense que
la nature même de cette organisation
et les personnes impliquées
conduisent à une certaine
désorganisation. Si, par exemple,
nous avions été capables de faire
partir la flottille en mai, les
choses auraient été plus faciles. Je
ne dis pas que le gouvernement des
États-Unis et le gouvernement
israélien n’auraient pas trouvé les
moyens de créer des difficultés.
Mais je pense que le fait que la
flottille ait été retardée si
longtemps – de mars, à mai, à juin,
finalement à juillet – leur a donné
beaucoup de temps pour trouver les
moyens de rendre son départ, non pas
impossible, mais beaucoup plus
difficile.
Vous savez, quand vous avez affaire
avec une vingtaine de pays, et de
nombreuses organisations dont
certaines sont concurrentes au sein
de ces pays, tout cela diminue la
force, la solidarité du mouvement,
et rend les accords plus difficiles
à trouver. Mais cela ne veut pas
dire que nous n’aurions pas atteint
exactement le même résultat. Je
viens d’apprendre aujourd’hui qu’il
y avait eu un sabotage sur les
bateaux il y a une année. Je
l’ignorais ; donc on aurait pu
penser que l’on aurait essayé de
trouver un moyen d’empêcher que cela
ne se reproduise ; c’est, bien sûr,
plus facile à dire qu’à faire. Les
bateaux sont à l’eau. Vous trouvez
un port mais vous n’avez pas le
contrôle de la sécurité du port.
Donc, il est difficile d’empêcher un
sabotage de se produire si quelqu’un
a la capacité d’attaquer certains
des bateaux avec des hommes
grenouilles.
C’est vraiment décevant de constater
que, en ce moment, nous ne sommes
pas vraiment unis. Je ne suis pas
ici pour jeter la pierre à qui que
ce soit. Je ne suis qu’un volontaire
disant qu’il espérait que nous
trouvions un moyen d’affronter les
Israéliens ; l’objectif réel. Pas le
gouvernement des États-Unis, pas le
gouvernement grec, pas les uns les
autres ; mais c’est difficile à
faire.
Silvia Cattori :
Avez-vous quelque
chose à suggérer aux organisateurs
de la « Flottille de la
Liberté »
qui doive être
amélioré ?
Samuel F. Hart :
Je pense que, s’il y avait un
consultant en gestion pour examiner
cette organisation, il
recommanderait d’embaucher un
planificateur qui soit à plein temps
sur l’affaire. Cette personne
collecterait toutes les informations
et élaborerait un calendrier
précisant ce que nous allons faire.
Ainsi, toutes les personnes
impliquées seraient prêtes à agir
rapidement. Maintenant, je sais bien
que, quand vous avez une
organisation de bénévoles – et j’ai
participé à un grand nombre d’entre
elles – c’est difficile à faire.
Mais, sans une très bonne gestion au
sommet, les choses ne fonctionnent
généralement pas très bien : il y a
trop de voix discordantes, trop de
cuisiniers autour de la marmite.
Silvia Cattori :
Aujourd’hui, 4
juillet, jour de l’Indépendance des
États-Unis, en qualité d’ambassadeur
à la retraite, vous pourriez être
accueilli à la luxueuse fête
officielle à l’ambassade des
États-Unis. Mais vous êtes ici, dans
ce modeste hôtel trois étoiles, un
parmi les centaines de participants
motivés par le projet de briser le
siège de Gaza. N’est-ce pas quelque
chose d’inhabituel pour une personne
de votre niveau, pour un
ambassadeur !? Pensez-vous que les
gens, aux États-Unis, peuvent
comprendre et soutenir un tel
engagement de la part d’un de leurs
anciens représentants ?
Samuel F. Hart :
Je ne me soucie pas de participer à
des célébrations à l’ambassade des
États-Unis. Je me souviens du
premier discours du 4 juillet que
j’ai donné comme ambassadeur.
C’était au temps de l’administration
Reagan. J’ai dit que, lorsque nous
célébrons la Constitution et
l’indépendance, nous parlons aussi
parfois du patriotisme. Pour
certains, le patriotisme signifie :
« qu’il ait raison
ou tort, c’est mon pays » ; quoi
que fasse mon pays, je le soutiens.
Mais pour moi ce n’est pas du
patriotisme. Pour moi, le véritable
patriotisme n’est pas de dire « qu’il
ait raison ou tort, c’est mon pays ».
C’est aider à faire une union plus
parfaite. C’est soutenir les
politiques que vous croyez justes et
essayer de changer les politiques
que vous croyez fausses. Je pense
que c’est cela le vrai patriotisme.
J’ajouterais que la grande majorité
des gens, aux États-Unis,
n’approuvent pas cette définition.
Silvia Cattori :
Ils
considéreraient que vous êtes à la
mauvaise place, une sorte de traître
à la politique de votre pays ?
Samuel F. Hart :
Le fait qu’à un moment j’aie servi
comme ambassadeur ne m’enlève pas
mes droits de citoyen. Cela
m’empêchait d’être ouvertement
critique vis-à-vis des politiques du
gouvernement des États-Unis quand
j’occupais cette position. Mais
aujourd’hui je peux faire tout ce
que je veux. Je n’ai pas de limites
pour donner mon avis.
J’aime à croire que nous avons le
droit, aux États-Unis, d’être en
désaccord avec les politiques du
gouvernement sans être qualifié de
traître ; néanmoins, certains
verront les choses de cette façon.
Je me suis aussi opposé à la guerre
en Irak. Alors que la guerre du
Vietnam avait commencé depuis une
année, je me trouvais en Indonésie
et en Malaisie, tout près de
l’endroit où la guerre se déroulait.
Au début j’ai pensé que nous
n’avions pas d’autre choix que de
poursuivre cette guerre. Parce qu’à
cette époque, la théorie qui avait
cours était la théorie des dominos :
si le Vietnam tombe, la Thaïlande,
le Cambodge, le Laos et l’Indonésie
vont suivre. Quand je suis rentré
aux États-Unis, en 1964, et que j’ai
vu le prix que les gens payaient
pour le Vietnam, j’ai changé d’avis
et je me suis opposé à la guerre
parce que c’était une guerre qui ne
pouvait pas être gagnée, ou
seulement à un prix que les
États-uniens n’étaient pas disposés
à payer ; aucun grand intérêt
national n’était en jeu. J’ai dit
qu’il était temps d’en sortir ; j’ai
cessé d’être en faveur de la guerre
et je suis devenu un opposant à la
guerre.
J’ai toujours été opposé à la guerre
en Irak, parce qu’elle était
complètement stupide.
Silvia Cattori :
À quel parti
politique appartenez-vous ?
Samuel F. Hart :
Je me suis toujours considéré comme
indépendant. Mais à un certain
moment dans ma vie, j’ai voté pour
les Républicains libéraux. Puis la
branche libérale du Parti
républicain est morte. Je suis un
progressiste dans le sens où
beaucoup de libéraux républicains
l’étaient. Je suis un conservateur
dans le domaine fiscal et un libéral
dans le domaine social. Aujourd’hui,
je vote souvent pour les Démocrates.
Silvia Cattori :
Ce n’est pas
habituel de voir un ambassadeur
aussi clairement engagé. Je pourrais
difficilement trouver un tel exemple
dans mon propre pays…
Samuel F. Hart :
Aux États-Unis il y en a beaucoup.
J’habite à Jacksonville, en Floride.
C’est loin de Washington DC. Mais je
reçois tous les jours des messages
de gens qui sont à Washington. Je
pense que si vous interrogiez en
privé tous les diplomates de
carrière qui ont servi comme
ambassadeurs des États-Unis, la
plupart d’entre eux seraient
d’accord avec ce que j’ai à dire sur
la question de la politique
vis-à-vis d’Israël. Rares sont ceux
qui pensent qu’elle a du sens. Elle
est contraire à l’intérêt national
des États-Unis. Dans de nombreuses
ambassades, les diplomates ont une
influence sur les décisions
politiques. Mais en Israël, nos
diplomates n’ont aucune influence
sur la politique ; n’ont jamais eu
voix au chapitre en ce qui concerne
la politique. Cette affaire est
traitée à la Maison Blanche et au
Congrès. Comme il s’agit d’une chose
à laquelle un simple individu ne
peut rien changer, vous en arrivez à
vous demander si votre désaccord
avec la politique suivie est si
important que vous deviez
démissionner en signe de
protestation. Eh bien, pratiquement
personne ne démissionne. Après avoir
fait connaître votre opinion par les
canaux appropriés, si vous voulez
poursuivre votre carrière de
diplomate, vous vous tenez
simplement à l’écart des domaines de
profond désaccord et vous trouvez
autre chose de valable à faire.
Silvia Cattori :
Quand avez-vous
commencé à vous préoccuper de
l’oppression des Palestiniens ?
Samuel F. Hart :
Dans les années 1977 à 1980, j’ai
été en poste à l’ambassade des
États-Unis à Tel-Aviv. À cette
époque, j’étais le conseiller
économique et commercial ; le numéro
trois de l’ambassade. Je connaissais
très bien la Cisjordanie et la Bande
de Gaza. J’y ai passé beaucoup de
temps et je parlais avec les gens.
J’ai vu ce qui s’est passé à cette
époque. J’ai vu le rôle qu’a joué
mon gouvernement, non en étant la
cause de ce qui s’est passé, mais en
permettant que cela se passe. Nous
n’avons pas dit aux Israéliens :
non, vous ne pouvez pas coloniser la
Cisjordanie ; non, vous ne pouvez
pas punir collectivement la
population de Gaza. À cette époque,
l’accent n’était pas mis tellement
sur Gaza, mais sur la Cisjordanie.
La Cisjordanie était ce qui
intéressait vraiment les Israéliens.
Pour des raisons historiques, la
Bande de Gaza n’a jamais fait partie
du Grand Israël. Gaza a toujours été
un territoire étranger à Israël.
Vous vous souvenez de l’histoire de
Samson dans la Bible. Dalila était
une étrangère, une Philistine de
Gaza. Cela ne faisait pas partie
d’Israël. Mais la Cisjordanie, que
les Israéliens appellent Judée et
Samarie, a fait partie à une époque
d’un État israélien. Ce qui
intéresse Israël dans les
territoires palestiniens, c’est
vraiment la Cisjordanie. Gaza est
une chose secondaire. Parce que Gaza
est palestinienne, elle est
impliquée dans l’ensemble du
problème. Mais si vous disiez
aujourd’hui aux Israéliens :
écoutez, vous pouvez prendre toute
la Cisjordanie mais oubliez Gaza,
ils concluraient l’affaire en une
minute.
Lorsque j’étais en Israël, j’en suis
venu à réaliser que le but à long
terme des Israéliens était
d’absorber l’ensemble de la
Cisjordanie. Le cadre idéologique du
parti Likoud, avec à l’époque
Menahem Begin à sa tête, et des
gouvernements ultérieurs du Likoud,
a toujours été d’étendre les
frontières d’Israël du Jourdain à la
Méditerranée. La guerre de 1965 en a
fait une possibilité réelle.
Silvia Cattori :
Avez-vous
rencontré Benjamin Netanyahou ?
Samuel F. Hart :
Non. Quand j’étais en Israël
Netanyahou était encore un jeune
homme qui grimpait les échelons. Et
il a été très précieux pour les
Israéliens. Il est allé aux
États-Unis alors qu’il était enfant
et il est allé à l’école aux
États-Unis. Je ne me souviens pas
quelles ont été les circonstances
exactes, mais il a vécu aux
États-Unis, au moins comme
adolescent. Et de ce fait, parce
qu’il parle couramment l’anglais
comme les Américains, il est très
efficace lorsqu’il s’adresse à eux.
Comme il parle comme un Américain,
on ne dit pas : « Ah, c’est un
étranger », comme on le dirait de
quelqu’un qui a un accent israélien.
Il peut dire les choses les plus
scandaleuses et les plus
destructrices de façon très calme et
familière, et son bagout contribue à
les faire paraître raisonnables.
C’est un atout très important. Mais
Netanyahou n’était pas au pouvoir à
cette époque. C’étaient Begin et
Shamir.
Silvia Cattori :
Lorsque vous
les avez rencontrés, quelle a été
votre impression ?
Samuel F. Hart :
J’ai vu Begin à de nombreuses
reprises. J’ai eu une seule fois
quelque chose à négocier avec lui,
parce que, normalement, c’est la
tâche de l’ambassadeur. Et à cette
époque, j’étais conseiller.
L’ambassade se trouve à Tel-Aviv et,
bien sûr, tout le gouvernement
israélien excepté le Ministère de la
défense est à Jérusalem. Le
Ministère de la défense est à
Tel-Aviv. Un jour le bureau de Begin
a appelé et a demandé à me parler ;
j’ai naturellement accepté. J’ai
appelé Washington pour les informer
que j’étais appelé à Jérusalem pour
rencontrer le Premier ministre. Je
leur ai dit que je ne savais pas
quel était le sujet, mais j’ai
demandé s’il y avait quelque chose
que Washington souhaitait que
j’aborde avec lui. Je suis allé
là-bas et aussi bien Moshe Dayan que
Ezer Weismann étaient présents. J’ai
plaisanté avec eux en disant que
j’aurais dû prendre du renfort. Je
ne savais pas que j’allais
rencontrer tout à la fois le
ministre des Affaires étrangères, le
ministre de la Défense et le Premier
ministre. Que puis-je faire pour
vous, ai-je demandé ? Ils avaient
une requête et je leur ai dit : « Eh
bien, je vais voir, je vais la
transmettre à Washington et je
reviendrai vous apporter la réponse.
Et en passant, pendant que je suis
ici, y a-t-il quelque chose que vous
puissiez faire pour mon pays ? » Il
s’est avéré qu’un accord
mutuellement bénéfique a pu être
conclu. Quoi qu’il en soit, j’ai été
amené à connaître Begin assez bien.
Mais je me suis principalement
occupé du domaine économique avec le
ministre de l’Économie, le ministre
des Transports et le directeur de la
Banque centrale. Je n’ai jamais
beaucoup parlé avec Itzhak Shamir.
C’était une époque, en 1977-80, où
il y avait quelques progrès
concernant la paix. C’était sous la
présidence de Jimmy Carter, l’époque
des Accords de Camp David et du
Traité de paix avec l’Égypte. Le
traité a représenté un grand
avantage pour Israël parce que
l’Égypte a été mise de côté en tant
que seule force militaire crédible
face à Israël. En retour, l’Égypte a
récupéré la Péninsule du Sinaï. Mais
le seul engagement que Jimmy Carter
a réussi à obtenir de Menahem Begin
sur le problème palestinien était
qu’il pourrait y avoir quelques
entretiens avec des « notables »
palestiniens sur l’avenir de la
Cisjordanie et de Gaza. L’OLP était
exclue parce que, à cette époque,
elle était encore considérée par
Israël comme une organisation
terroriste. Quiconque parlait avec
Yasser Arafat était coupable d’un
crime majeur. Il y avait un
Israélien qui possédait un bateau
appelé La Voix de la Paix. Son nom
était Abie Nathan. Il avait un petit
bateau avec des équipements de
radiodiffusion au large des côtes
israéliennes. Abie est allé voir
Arafat, c’était peut-être au Maroc,
et il a été accusé de soutenir
l’ennemi. C’est ce qui arrivait à
quiconque parlerait ou aurait le
moindre contact avec l’OLP, cette « organisation
terroriste ». Cela vous
paraît-il familier aujourd’hui ?
Silvia Cattori :
La plupart des
gens, à cette époque, ne
comprenaient pas ce qu’était Israël.
Mais les dirigeants que nous
connaissons aujourd’hui – Barak,
Netanyahou, Sharon - nous avons
appris à savoir avec quelle
brutalité ils agissent. Les
dirigeants que vous avez rencontrés
à cette époque étaient-ils du même
genre, aussi brutaux, aussi cruels ?
Samuel F. Hart :
Un peu d’histoire au sujet de Begin.
Sa préoccupation essentielle était
de s’assurer que quelque chose comme
l’holocauste ne se reproduise pas.
Ce n’était pas seulement la
préoccupation de Begin ; c’est
quelque chose qui imprègne toute la
psychologie de la population
israélienne. Et on peut comprendre
jusqu’à un certain point pourquoi.
Mais lorsqu’il s’agit de Netanyahou
ou de Sharon, la question devient :
quels moyens utilisez-vous pour
arriver à vos fins ?
Begin était le chef de l’Irgoun qui
a capturé deux soldats britanniques
à l’époque du mandat, les a
exécutés, et les a pendus la tête en
bas en piégeant leurs corps avec des
explosifs en représailles contre les
Britanniques pour avoir capturé des
membres de l’Irgoun. Il avait donc
du sang sur les mains.
Shamir était le chef du « gang
Stern », qui a fait sauter l’Hôtel
King David. Sharon a toujours été un
soldat. Et son attitude envers les
ennemis était : nous ne faisons pas
de prisonniers, nous ne montrons
aucune pitié. Ce n’était pas un
mauvais soldat si vous l’aviez à vos
côtés, mais personne ne l’aurait
jamais appelé un humanitaire. Pour
tous ces hommes, une vie israélienne
innocente a toujours valu la vie
d’une multitude, d’une infinité
peut-être, de non-Israéliens
innocents.
Est-ce que cela a toujours été
ainsi ? Non. En fait avant eux,
avant la montée du Likoud au
pouvoir, il y avait des gens au sein
du gouvernement, comme Moshe
Sharett, qui avaient une opinion
différente. Ils étaient prêts à
accepter les frontières d’Israël
comme elles étaient, et à essayer de
développer une relation positive
avec leurs voisins ; à être un
membre pacifique du Moyen-Orient.
Pour d’autres raisons, cela ne s’est
pas produit. Les Arabes, à cette
époque, n’y étaient pas prêts. Ils
en étaient encore à essayer de
renverser les résultats de la guerre
de 1947-48. Ils pensaient encore
qu’ils pourraient vaincre Israël.
Ils n’étaient donc pas de bons
partenaires pour la paix. Mais,
après Sharett, de plus en plus
nombreux ont été les membres de
l’« establishment » politique
israélien à accepter ce qui était
essentiellement la vision du monde
de Ben Gourion et certainement de
Begin : « Israël est entouré
d’ennemis, nous sommes constamment
menacés d’anéantissement ; par
conséquent, tout ce que nous faisons
pour préserver notre existence est
justifié. Par conséquent, la fin
justifie les moyens. Par conséquent,
nous ne sommes pas liés par des
règles comme les Conventions de
Genève ou les résolutions du Conseil
de sécurité des Nations Unies ».
Israël a commencé l’escalade de la
violence en partie en réponse à des
attaques à petite échelle. Mais une
fois que vous entrez dans un cycle
de violence, vous ne savez jamais
qui a commencé. Il ne s’agissait pas
d’une guerre sainte puisqu’elle ne
porte pas sur la religion – mais la
spirale de la violence était
violemment engagée à l’époque du
Traité de paix avec l’Égypte.
L’Égypte a obtenu quelque chose,
Israël a beaucoup obtenu, et les
Palestiniens n’ont rien obtenu.
J’étais le représentant des
États-Unis aux pourparlers, après
Camp David, avec les soi-disant « notables »
palestiniens, qui ont été autorisés
à venir et à parler avec les
Israéliens. Nous avons eu deux
réunions. Lors de la première
réunion, il est apparu très
clairement que les Israéliens
n’étaient pas prêts à faire quoi que
ce soit. Ils voulaient un traité de
paix avec l’Égypte et ils ont donc
accepté d’avoir quelques
discussions, mais elles étaient dès
le début supposées arriver à
l’échec. Et après la deuxième
réunion, cela s’est terminé.
Silvia Cattori :
Avez-vous
compris à cette époque que les
Israéliens ne rendraient jamais la
moindre parcelle de terre aux
Palestiniens ?
Samuel F. Hart :
Je ne dis pas cela. Je dis que le
gouvernement Netanyahou ne rendra
jamais rien. Mais il y a eu un
moment où cela a été près de se
produire ; alors qu’Yitzhak Rabin
était Premier ministre et qu’il a
négocié de bonne foi avec l’OLP, et
que les Accords d’Oslo ont suivi.
Parce que Rabin jouissait d’une
grande crédibilité dans l’opinion
publique israélienne – on l’appelait
Monsieur Sécurité – il a pris la
décision de faire la paix et de
renoncer à la terre. Il était prêt à
le faire et ceux qui appartenaient à
l’école de pensée de Netanyahou
l’ont tué. Tout comme les Frères
musulmans ont tué Sadate. C’est la
récompense que vous obtenez quand
vous êtes un pragmatique et un
faiseur de paix dans cet
environnement.
Silvia Cattori :
Le rejet de
l’injustice n’est généralement pas
ce qui guide les autorités des
États-Unis ; un pays qui mène des
guerres dévastatrices qui ont
provoqué depuis les années 1950 des
millions de morts et détruit des
pays entiers. Je persiste à dire
qu’il n’est pas courant ici en
Europe de voir un ambassadeur se
joindre en toute humilité à l’action
de simples citoyens pour appeler les
instances internationales à cesser
de couvrir les crimes d’Israël. Quel
a été votre parcours ?
Samuel F. Hart :
J’ai rejoint les services des
affaires étrangères en partie parce
que je pensais que je pourrais y
faire quelque chose de positif ; en
quelque sorte rendre le monde un peu
meilleur. Pour aller plus loin, ce
qui me dérange le plus n’est pas que
les Israéliens fassent ce qu’ils
font, mais que mon gouvernement et
mes impôts les aident à le faire. Et
c’est la raison pour laquelle je
pense que, comme un homme qui en
sait assez sur cette situation pour
pouvoir en parler avec une certaine
autorité, j’ai l’obligation de le
faire ; c’est pourquoi je suis ici.
Silvia Cattori :
Quand est-il
devenu évident pour vous que votre
gouvernement allait continuer de
mener des guerres illégales contre
de nombreux pays ; que la politique
étrangère des États-Unis était
catastrophique ?
Samuel F. Hart :
Avant d’avoir été en Israël je n’ai
jamais focalisé mon attention sur
les Israéliens. Quand j’y étais, il
y avait assez peu d’Américains qui
n’étaient pas juifs à l’ambassade
des États-Unis. Et il y en avait
beaucoup qui étaient juifs. Et la
meilleure façon de convaincre un
Américain juif qu’Israël n’a pas
toujours raison et ne mérite pas
toujours le soutien des États-Unis
est de l’envoyer à l’ambassade
américaine à Tel-Aviv ; parce que
vous y voyez tous les jours la
duplicité, la méchanceté, la
division du monde entre eux et nous.
Et vous auriez pu penser qu’il y
aurait une certaine réciprocité,
quelque reconnaissance de la part
des Israéliens qui reçoivent
journellement du contribuable
américain une part de ce qu’ils
mangent et de ce qu’ils utilisent
pour jouir de la vie. Vous auriez pu
penser qu’il y aurait un peu plus de
sensibilité à l’égard de ce que les
États-Unis considèrent comme leur
intérêt. Et vous voyez que ce n’est
pas le cas.
Alors, pourquoi est-ce que cela
continue ? C’est ici que vous entrez
dans la politique intérieure
états-unienne. Comme je l’ai souvent
dit, si vous voulez trouver aux
États-Unis trois questions qui sont
clairement des questions de
politique étrangère mais qui ne
peuvent pas être traitées comme des
questions de politique étrangère, la
première est la politique envers
Cuba, la deuxième est la politique
de la drogue, et la troisième est la
politique vis-à-vis d’Israël. Toutes
sont des questions de politique
intérieure qui sont déterminées de
façon parallèle, non pas par les
intérêts de politique étrangère des
États-Unis, mais par des
considérations de politique
intérieure du président et des
membres du Congrès. Et cela est vrai
tant pour les Républicains que pour
les Démocrates. Et cela ne va pas
changer.
Silvia Cattori :
Mais, à
l’extérieur, il est difficile de
comprendre pourquoi les
gouvernements successifs des
États-Unis laissent Tel-Aviv faire
tout ce qu’il veut, y compris leur
répondre de manière très arrogante.
Samuel F. Hart :
J’ai posé une fois cette question à
un membre du Congrès qui était en
visite en Israël. Je lui ai dit :
dites-moi pourquoi chaque année
quand nous recevons la demande
d’aide israélienne et que j’ai passé
en revue chaque ligne et écrit un
rapport (et j’en sais peut-être plus
que quiconque sur ce sujet) qui
généralement recommande certaines
réductions, lorsque ce rapport
arrive à Washington vous maintenez
le montant ou même vous l’augmentez.
Pourquoi cela ? Il m’a répondu : si
vous ne comprenez pas cela, vous ne
comprenez pas le système politique
des États-Unis. Si vous êtes un
membre du Congrès ou un président ou
n’importe quel fonctionnaire élu, et
que vous voulez être réélu, vous
regardez qui va travailler pour vous
et qui va travailler contre vous.
Silvia Cattori :
L’argent,
l’argent...
Samuel F. Hart :
Il ne s’agit pas seulement d’argent.
Et il ne s’agit pas seulement de la
composante juive du lobby
pro-israélien américain. Il est
probable qu’en nombre, la composante
protestante évangélique du lobby
pro-israélien est plus importante –
les églises fondamentalistes. C’est
un très curieux partenariat. Mais
ils viennent et ils disent à
quelqu’un au Congrès : si vous votez
avec nous sur les questions liées à
Israël, si vous vous faites le
défenseur d’Israël, nous allons vous
soutenir avec de l’argent, en
convainquant les électeurs, et en
exprimant des vues positives à votre
sujet. Sur la plupart des questions
il existe deux côtés, mais sur la
question israélienne il n’y a pas de
deuxième côté. Les Palestiniens
n’ont pas de voix crédible. Les
politiciens vont avec les Israéliens
parce que, si vous ne le faites pas
– et il y en a eu qui ne l’ont pas
fait – ils vont travailler aussi dur
qu’ils le peuvent pour vous battre.
Et ils y arrivent souvent.
Notes:
[1]
M. Hart a été invité à participer à
la Flottille par le "Free
Palestine Movement" (à ne pas
confondre avec l’association
concurrente "Free
Gaza” qui l’a superbement
ignoré).
[2]
L’ambassadeur Samuel Hart a été
soldat, diplomate et enseignant. Il
est diplômé de l’Université du
Mississippi, de la
Fletcher School of Law and Diplomacy,
et de l’Université Vanderbilt. Il a
également suivi la
JFK School of Government à
Harvard. Comme soldat il a été
parachutiste et aide d’un général.
Il a été libéré avec le grade de
capitaine. Pendant 27 ans Samuel
Hart a été diplomate de carrière au
Département d’État des États-Unis.
Ses affectations ont principalement
été en Amérique latine (Chili,
Uruguay, Costa Rica, et Équateur),
mais elles ont aussi inclus le
Moyen-Orient (Israël) et l’Asie
(Indonésie et Malaisie). De 1980 à
1982 il a été en poste à Washington
en tant que directeur des relations
des États-Unis avec le Venezuela, la
Colombie, l’Équateur, le Pérou et la
Bolivie. Au cours de sa carrière au
Département d’État, Samuel Hart a
reçu de nombreuses récompenses pour
services exceptionnels. Cela a
conduit à sa nomination comme
ambassadeur en Équateur en 1982.
Depuis sa retraite, Samuel Hart est
resté actif comme consultant en
affaires et comme conférencier sur
des questions de politique étrangère
dans de nombreux collèges et
universités en tant que
Woodrow Wilson
Visiting Fellow. Au cours des 15
dernières années, il a également été
un conférencier très populaire sur
des navires de croisière,
principalement sur des questions de
politique étrangère des États-Unis.
En 1994, Samuel et son épouse, Jo
Ann, ont déménagé à Jacksonville, en
Florida, où ils ont été tous deux
actifs au sein du
World Affairs Council et dans
d’autres activités bénévoles.
Interview réalisée à
Athènes le 4 juillet 2011.
Traduit de
l’anglais par JPH (28.07.2011)
Texte original en
anglais (25.07.2011) :
http://www.silviacattori.net/article1756.html