Centre Palestinien
d'Information
Interview exclusive
Siyam
: L'accalmie ne signifie jamais bouche cousue face à l'agression
de l'occupant
Photo CPI
6 mai 2008
Gaza - CPI
Saïd Siyam, ministre de l'intérieur dans le cabinet palestinien
dirigé par Ismaël Haniyeh, insiste à dire que l'accalmie ne
signifie jamais accepter les agissements de l'occupant israélien.
La résistance reste un droit. Le droit de toujours répliquer à
son agression.
Le
gouvernement de Haniyeh a officiellement demandé à l'Egypte
d'ouvrir le passage, dans le cas où l'occupant n'accepte pas
l'accalmie, une initiative égyptienne, dit Siyam. Il affirme que
Omer Solyman a confirmé avoir dit aux Israéliens des propos
allant dans ce sens.
Par
ailleurs, beaucoup d'Européens, officiels comme officieux,
contactent le Hamas. Ils se rendent de plus en plus compte qu'on
ne peut se passer de ce mouvement. Il n'y aura pas d’opération
de paix dans la région sans que le Hamas n'y joue un rôle
principal. Plus d'un croient aussi que le blocus a déjà montré
ses limites.
Ces
propos et d’autres encore ont été évoqués dans l'interview
donnée par Saïd Siyam à notre Centre Palestinien d'Information
(CPI), dont ci-dessous le résumé traduit par le soin du département
français du Centre.
L'accalmie
ou l'escalade
CPI
: La situation va-t-elle plutôt vers l'accalmie ou vers
l'escalade ?
Saïd
Siyam : L'accalmie n'est pas encore de mise. Et les efforts
donnés pour une accalmie ne signifient guère que nous resterons
silencieux devant les agissements de l'occupant. Notre peuple palestinien
a toujours le droit de répliquer à toute agression. Et il est maintenant
connu que l'occupant persistera, comme à sa coutume, à donner quelques
coups, question de sauver la face.
CPI
: Y aura-t-il une réponse israélienne à l'initiative d'accalmie
?
Saïd
Siyam : Cette affaire est actuellement aux mains du ministre égyptien,
et nous attendons la réponse.
La
position israélienne
CPI
: La position israélienne de l'accalmie est dans un état
de confusion totale, alors ?
Saïd
Siyam : Nous ne pouvons compter que sur la position égyptienne.
Par ailleurs, même si le gouvernement de l'occupation cherche
l'accalmie, elle est dans l'intérêt de notre peuple. Très longue
est notre guerre avec l'occupation.
CPI
: Certains ricanent en disant que l'accalmie ne sera qu'un
recul ?
Saïd
Siyam : C'est le Hamas qui gouverne Gaza. Il constitue la
tête de lance de la résistance. C'est lui qui voit où réside l'intérêt
du peuple palestinien. Celui qui ricane et possède une solution pour
alléger la souffrance de notre peuple, qu'il se présente.
Les
choix
CPI
: L'accalmie pourrait ne pas réussir. Plus d'un parlent
d'un été chaud, d'une escalade à Gaza, d’une volonté de l'occupant
d'assassiner les chefs du Hamas... Comment lisez-vous la scène avec
toutes ces menaces ?
Saïd
Siyam : Tous les scénarios sont possibles. Si l'accalmie
réussit, la résistance s'y engagera. Si elle échoue, les factions
continueront toujours la résistance.
CPI
: Y a-t-il une promesse égyptienne d'ouvrir le passage de
Rafah, si nécessaire ?
Saïd
Siyam : Le ministre égyptien nous a informé que l'affaire
sera ainsi. Mais concrètement, nous ne pouvons pas connaître l'étendue
de cette ouverture.
CPI
: Pourquoi cette attaque de quelques médias égyptiens ?
Saïd
Siyam : La dernière visite en Egypte était une vraie réussite.
Et l'escalade médiatique fait partie du passé.
CPI
: On parle de contacts du Hamas et du gouvernement avec des
Européens ?
Saïd
Siyam : Oui, depuis quelques temps, des Européens contactent
le Hamas, sur les niveaux officiel et officieux. Ils se rendent de
plus en plus compte qu'on ne peut se passer de ce mouvement. Il n'y
aura pas d’opération de paix dans la région sans que le Hamas
n'y joue un rôle principal. Plus d'un croient aussi que le blocus
a déjà montré ses limites. Le problème était ce que des étrangers
se renseignaient sur le Hamas auprès de ses ennemis ! L'ancien président
américain Jimmy Carter a été très étonné quand il a pris connaissance
des principes du Hamas, que c’est mouvement national cherchant la
libération de sa patrie, qu'il possède une vision politique de premier
ordre.
CPI
: Ces contacts-là auront-ils un quelconque résultat ?
Saïd
Siyam : On ne peut pas encore parler de résultats
concrets. Mais ils sont dans le bon chemin pour briser l'embargo imposé
sur le mouvement.
CPI
: Jimmy Carter, on dit que le Hamas lui a donné trop d'importance
?
Saïd
Siyam : Nous n'avions pas demandé de le rencontrer.
Cependant, si cette rencontre n'avait pas eu d'importance, elle n'aurait
pas suscité cette colère violente de la part des Sionistes et des
Américains. En tout cas, ses déclarations sont au profit du
mouvement.
CPI
: Des Européens intercèdent pour le soldat Chalitt, quoi
de neuf quant à ce dossier ?
Saïd
Siyam : Les Européens interviennent dans le dossier du soldat
captif Chalitt. Mais rien de neuf, sachant la capacité des Sionistes
à manoeuvrer. Nous exigeons la libération des captifs palestiniens
condamnés à de longues peines.
Le
dialogue avec le Fatah
CPI
: Y a-t-il un espoir de réconciliation entre le Hamas
et le Fatah ?
Saïd
Siyam : Il faut poser cette question au président Abbas.
Il devra respecter l'accord signé au Yémen. Etant revenu très déçu
après sa rencontre avec Bush, il a dû se réconcilier avec son
peuple. Pour sa part, Michaal s'est montré prêt à rencontrer le
président Abbas.
Menaces
CPI
: On dirait que la ministre israélienne des affaires étrangères
a menacé le Hamas, ainsi que Michaal ?
Saïd
Siyam : Khaled Michaal sa déjà échappé à une tentative
d'assassinat en 1997. Ce qui est étonnant, c’est qu'une telle menace
se fait dans un pays arabe.
Dialogue,
élections, cabinet élargi
CPI
: On parle de contacts non déclarés entre les mouvements
du Hamas et du Fatah ?
Saïd
Siyam : C'est vrai qu'il y a une grande tendance au Fatah
qui veut traiter avec le Hamas. Mais il n'y a pas de dialogues
avancés.
CPI
: Bientôt, des élections présidentielles doivent être
organisées. Vous y participerez ?
Saïd
Siyam : Jusqu'à ce moment, nous avons respecté la présidence.
Mais il est trop tôt pour parler de la participation du mouvement
dans de telles élections.
CPI
: Le Hamas veut élargir le gouvernement palestinien de
Gaza. Cela n'élargira pas encore plus la division de la scène
palestinienne ?
Saïd
Siyam : Le Hamas dirige la bande de Gaza. Il a besoin d'élargir
le cabinet, pour des raisons administratives uniquement.
La
sécurité intérieure
CPI
: Quelle est votre lecture de la situation sécuritaire ?
Saïd
Siyam : Après la date fatidique du 14 juin dernier, la sécurité
dans la Bande a tout à fait changé. Tous les citoyens et les
visiteurs sont témoins de la situation qui s’est ô combien améliorée.
CPI
: On a beaucoup parlé d'un réseau qui voulait
assassiner le premier ministre Haniyeh. Quel est le sort de ses
membres ?
Saïd
Siyam : Les vrais organisateurs sont dernière les
barreaux, attendant leur jugement. Cependant, les jeunes qui
avaient refusé d'exécuter l'assassinat, même sous contraintes,
ont été relâchés.
Les
traîtres
CPI
: L'occupant n'était-il pas pour quelque chose dans ces
tentatives assassinat ?
Saïd
Siyam : Il n'est pas impossible que l'occupant tente de
pratiquer des crimes en engageant des traîtres. Mais dans cette
affaire, tous les aveux s'orientent vers Ramallah.
CPI
: Apparemment, vous avez mis la main sur des traîtres. A
quel stade se trouve ce dossier ?
Saïd
Siyam : Les grands traîtres ont reçu de grands coups,
en dépit du travail très difficile. C'est une guerre ouverte. Même
les appareils de sécurité sont visés par l'occupant. Il y a
tout de même des avancées considérables.
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