Centre Palestinien
d'Information
Interview
du Dr Moussa Abou Marzouq (2)
Photo CPI
15 janvier
2008
Damas – CPI
A l’occasion du
vingtième anniversaire du mouvement de la résistance islamique
Hamas, notre Centre Palestinien d’Information (CPI) a effectué
une interview détaillée avec le vice-président du bureau
politique du mouvement, Dr. Moussa Abou Marzouq.
L'interview étant
un peu longue, nous en traduisons des extraits que nous publions
en plusieurs épisodes. En voici le deuxième :
La
crise des pèlerins
CPI :
Quelle est votre vision quant à la crise dont ont tant
souffert les pèlerins de la bande de Gaza ?
Marzouq :
La souffrance des pèlerins de la bande de Gaza n’est, en fait,
qu’un petit échantillon de ce que les habitants de la Bande
endurent dans ce climat de blocus qui leur est imposé
injustement. Tous leurs droits sont bafoués. C’était par leurs
propres efforts que les pèlerins ont pu sortir de cette crise en
entrant dans la bande de Gaza via le point de passage de Rafah.
Leur pression sur le gouvernement égyptien avait tant été forte
qu’il a finalement permis ce passage. De mon côté, je remercie
les autorités égyptiennes pour cette position qui est venue à
l’encontre du climat politique, voulant que ce point reste fermé…
La fermeture du point de
passage de Rafah est, en réalité, très étonnante. C’est un
passage palestino-égyptien. Et l’Egypte assume une
responsabilité historique envers la bande de Gaza, surtout
qu’elle dirigeait la Bande lors de la guerre agressive de 1967
et que ce point était le portail qui reliait la bande de Gaza et
les territoires égyptiens.
Le point de passage de
Rafah ne doit alors être dirigé que par les Palestiniens et les
Egyptiens. La responsabilité historique de l’Egypte envers les
Palestiniens et le lien fort entre ces deux peuples, ainsi que le
poids si important de l’Egypte dans la région, donneront à ce
grand pays la capacité de laisser ce point ouvert.
Les autorités égyptiennes
avaient obligé les pèlerins de la bande de Gaza, au moment de
leur départ, à signer un engagement pour qu’ils rentrent dans
la Bande par le passage d’Abou Salem, sous la mainmise des
forces de l’occupation israélienne. Cette décision était une
erreur qui a suscité la colère de la rue égyptienne :
partis, établissements, associations, forces politiques. Même
les responsables politiques égyptiens ont montré leur mécontentement.
Tout cela a annulé ledit engagement et a poussé à faciliter le
retour des pèlerins, via le point de passage de Rafah.
Prétentions
sans fin !
CPI :
L’occupation israélienne prétend que ces pèlerins ont
apporté des millions de dollars au mouvement du Hamas, à quel
point cette affaire est-elle exacte ?
Marzouq :
Ce ne sont que des allégations. En effet, lorsque les pèlerins
ont quitté la bande de Gaza, ils n’avaient en tête que
d’accomplir leur devoir du pèlerinage. Personne ne savait que
les affaires se passeraient de cette manière.
Loin
de toute agitation
CPI :
L’occupant prétend encore une fois que quelques éléments
d’Al-Qaïda ont pu entrer dans la bande de Gaza avec les pèlerins,
via le point de passage de Rafah. Quel est votre commentaire à ce
sujet ?
Marzouq :
C’est un blabla sans importance. Ne sont entrés, avec les pèlerins,
que des Palestiniens qui étaient suspendus sur le passage de
Rafah, depuis un certain temps. Des étudiants qui font leurs études
à l’étranger. Des malades qui rentrent après avoir reçu le
soin nécessaire en Egypte ou ailleurs. Des hommes d’affaires.
Des ouvriers qui venaient rendre visite à leurs familles dans la
bande de Gaza. Pas d’éléments de l’organisation d’Al-Qaïda,
ni du Fatah Al-Islam dans la Bande.
Ce conflit de la
Palestine tant complexe a besoin de sang-froid, loin de toute
agitation. Notre peuple, en Cisjordanie comme dans la bande de
Gaza, se rend compte de cela. Il y a une résistance forte et ancrée.
Cependant, il y a aussi un peuple qui veut vivre. La résistance
se trouve devant deux réalités. Elle doit se défendre, se développer,
s’ancrer et ancrer son programme. Elle doit aussi travailler de
façon à assurer au peuple les éléments de survie. Elle n’est
pas bien libre dans ces opérations militaires. Les réalités du
terrain et la vision politique interviennent pour jouer sur
l’intensité des opérations militaires. Cela dit, le mouvement
du Hamas prend toutes les données en considération, en
confirmant la nécessité de la continuation et du développement
de la résistance.
Le
peuple s’exprime
CPI :
Qu’exprime le retour des pèlerins dans la bande de Gaza, via le
point de passage de Rafah ?
Marzouq :
Par le départ et le retour des pèlerins, en passant par le point
de passage de Rafah, le peuple palestinien a révélé le fond de
sa pensée. Il a exprimé son attachement à ses droits, sa volonté
de briser la chaîne du blocus, son penchant vers le mouvement du
Hamas et le gouvernement de monsieur Ismaël Haniyeh…
Le départ et le retour
des pèlerins, via le point de passage de Rafah, constituent déjà
une action qui a brisé une décision sioniste, une décision de
la présidence de l’autorité palestinienne, une décision de
ceux qui participent au blocus imposé sur la bande de Gaza. Cela
constitue déjà une démolition, au moins d’une rondelle, de la
chaîne.
Le refus de plus de deux
mille deux cent pèlerins, dont la plupart sont des femmes, des
personnes âgées et des malades, d’emprunter les passages sous
l’emprise de l’occupation israélienne est une affaire
tellement importante qu’il faut bien l’étudier. Abbas et ses
alliés, à l’intérieur comme à l’extérieur, doivent
comprendre que le mouvement du Hamas est un élément dur et
infranchissable. Autant le blocus s’intensifie, autant la
popularité du Hamas s'accroît.
Par ailleurs, le recul
des autorités égyptiennes, n’obligeant plus les pèlerins à
retourner via le passage d’Abou Salem, selon l’engagement signé,
reflète la capacité des frères égyptiens à refuser les
pressons américano-sionistes. Il reflète aussi la capacité de
l’Egypte à être un décideur quant à la question du passage
et quant au bris du blocus injuste imposé sur la bande de Gaza.
Interview
du Dr Mousa Abou Marzouq (1)
Interview du Dr
Mousa Abou Marzouq (3)
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