Entretien
Mohammad Sawalha : «
Nous attendons depuis une semaine à Lattaquié le feu vert de
l'Égypte »
Silvia Cattori
Le convoi Viva Palestina 5, en Syrie
Lundi 11 octobre 2010
Mohammad Sawalha, vice président du Comité
international pour briser le siège de Gaza, exprime, dans cet
entretien, son inquiétude au sujet des difficultés que les
autorités égyptiennes imposent au convoi
Viva Palestina,
bloqué depuis une semaine au port de Lattaquié en Syrie dans
l’attente de l’autorisation égyptienne de se rendre à Al-Arish.
Silvia Cattori :
Le cinquième convoi Viva Palestina [1]
qui est parti de
Londres le 18 septembre est bloqué à Lattaquié en Syrie depuis
une semaine. Les autorités égyptiennes vont-elles laisser le
convoi accoster à Al-Arish ?
Mohammad Sawalha :
Tous les participants, qui sont venus de trois directions - le
premier convoi d’Europe, le second d’Afrique du Sud, le
troisième de Jordanie et des pays du Golfe - attendent
maintenant au port de Lattaquié. Depuis une semaine, 400
personnes et 150 véhicules chargés de médicaments et de matériel
scolaire attendent que l’Égypte accepte de leur accorder la
permission de poursuivre leur route vers Gaza, en passant, comme
elle l’avait initialement accepté, par Al Arish. Nous attendons
la réponse des autorités égyptiennes. Nous leur avons donné,
comme elles l’ont demandé, la liste des noms des participants,
des véhicules et des produits que nous transportons. Nous avons
rencontré l’ambassadeur égyptien à Damas en Syrie ; il nous
avait promis de nous répondre samedi. Jusqu’à ce jour il ne nous
a donné aucune réponse.
Silvia Cattori :
Pour quelle raison
les Égyptiens bloquent-ils le convoi ? Ils avaient pourtant
défini et accepté cet itinéraire de longue date ?
Mohammad Sawalha :
Ce n’est pas la première fois, malheureusement, que l’Égypte
n’autorise pas nos convois à continuer naturellement leur route
vers Gaza en passant par son territoire. Or, c’est la seule
manière d’aller à Gaza. C’est pourquoi, de longue date, nous
avons prié l’Égypte de ne pas nous donner de fausses
informations. Notre objectif est de rappeler qu’Israël organise
le siège contre les Palestiniens, et pas de donner l’impression
que l’Égypte est partie prenante de ce siège. Les autorités
égyptiennes nous ont promis de faire en sorte que tout se
déroule bien. Mais jusqu’à maintenant rien ne se passe.
Silvia Cattori :
Craignez-vous
qu’elles aient changé d’avis sous la pression d’Israël ?
Mohammad Sawalha :
Nous n’en avons pas la preuve. Nous sommes dans l’attente
impatiente de poursuivre notre route. La manière avec laquelle
ils ont agi avec nous auparavant, en nous retardant, cause de
nombreux tracas et souffrances pour les participants ; nous
avons avec nous des personnes âgées, l’une d’elle a 83 ans et un
grand nombre ont plus de 60 ans. L’Égypte doit comprendre qu’il
est inacceptable de laisser des gens souffrir de la sorte sans
raison. Ils veulent juste aller à Gaza pour soutenir leur frères
et sœurs.
Par leur présence les gens
qui participent au convoi veulent simplement dire au monde que
ce siège israélien n’a pas lieu d’être. C’est un siège criminel,
et c’est le devoir de chacun d’aller au secours des habitants de
Gaza pour leur apporter de l’aide.
Silvia Cattori :
Après un si long
voyage, trois semaines sur les routes dans des conditions très
inconfortables, quel est le moral des participants ?
Mohammad Sawalha :
Je puis vous assurer que, malgré les grandes difficultés
auxquelles ils font face, leur moral est très haut. Ils sont
conscients qu’ils servent une cause noble, leur objectif étant
de défier le siège inhumain qu’Israël impose au peuple
palestinien. Bien sûr, ils souffrent, surtout les gens plus
âgés, mais chacun d’eux est prêt à attendre le temps que
l’Egypte les autorise à continuer leur route.
Silvia Cattori :
Le paradoxe n’est-il
pas que, alors que le siège est imposé par Israël, dans cette
histoire c’est l’Egypte qui se trouve ainsi en première ligne ?
Mohammad Sawalha :
Ce n’est pas notre décision. Depuis le début, nous avons demandé
aux autorités égyptiennes de nous laisser passer sans autres.
Mais pour être francs, la politique égyptienne qui maintient
fermée la frontière de Rafah, seule porte pour entrer à Gaza,
n’est pas acceptable pour nous. Ils l’ouvrent parfois, comme
après le massacre de Gaza, en disant que c’est pour des raisons
humanitaires. Mais cela est inacceptable, cette frontière de
Rafah devrait être toujours ouverte comme n’importe quelle
frontière entre pays. Les Palestiniens ont le droit de vivre
dans la dignité et la liberté comme n’importe quelle nation au
monde. C’est ce que nous croyons et, pour cette raison, nous
devons nous battre jusqu’à ce que nous ayons atteint cet
objectif.
[1]
Voir :
« De
Londres à Gaza – Entretien avec Kevin Ovenden », par Silvia
Cattori, silviacattori.net, 28 septembre
2010.
« Le
combat pour briser le siège illégal de Gaza continue », par
Silvia Cattori, silviacattori.net, 25
septembre 2010.
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