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Durban
Abdel Bari Atwan : « Israël a été démasqué, en dépit de la
protection des pays occidentaux »
Analyse de la
Conférence d’Evaluation de Durban
Abdel Bari Atwan
Abdel Bari Atwan, journaliste palestinien bien connu et
rédacteur-en-chef du quotidien (en langue arabe) Al-Quds al-Arabi
édité à Londres, a fait part à Silvia Cattori de son analyse de
la Conférence d’Evaluation de Durban (tenue à Genève). Cette
interview a été réalisée à Genève, le 23 avril 2009.
Silvia Cattori :
Alors, cette Conférence de Durban : une opportunité manquée ?
Abdel Bari Atwan :
Je pense, personnellement, que Durban II a été une énorme
déception, parce qu’elle n’a pas abordé les problèmes
fondamentaux. C’est la diplomatie qui a prévalu. L’Occident et
les Etats-Unis, en particulier, ont réussi à prendre la
conférence en otage ; ils en ont dévié l’angle de vue.
Durban II avait commencé comme une force
puissante dressée contre le racisme. Mais que s’est-il passé ?
En raison de la pression des Etats-Unis et d’Israël, la
conférence a été déviée. Nous pouvons observer que le
« communiqué » final de cette conférence n’est qu’une version
édulcorée, et même « édentée » du « communiqué » initial, et
qu’il ne cite aucun Etat coupable en particulier.
Personnellement, j’escomptais que cette
conférence adopterait une position forte de condamnation de
l’agression israélienne contre Gaza, qu’elle condamnerait le
racisme israélien, l’apartheid israélien. Mais que s’est-il
produit ? A cause des pressions des Etats-Unis, d’Israël et des
pays européens visant à imposer un boycott de la conférence, le
« communiqué » final s’est avéré totalement creux et extrêmement
vague.
J’ai par ailleurs été choqué de voir la
délégation palestinienne céder aux pressions, quand les
délégations arabes ont obtempéré, acceptant de ne faire aucune
référence à Israël, et en particulier à Israël en sa qualité de
pays raciste.
Aussi suis-je réellement déçu, et je
reconnais que je suis réellement reconnaissant envers
Ahmadinejad, car il a rappelé à tout le monde les véritables
problèmes, et spécialement le racisme israélien. Ainsi, en
l’absence d’Ahmadinejad, Israël n’aurait même pas été mentionné,
et il n’aurait pas été accusé de perpétrer des atrocités contre
les Palestiniens.
Il y a un autre point, que je voudrais
mentionner : j’ai été déçu de voir les Arabes, et en particulier
les Palestiniens, faire toutes ces concessions, omettre toute
référence à Israël dans le « communiqué » final, sans avoir
strictement rien gagné [en échange], sans même avoir obtenu que
les Etats-Unis et Israël daignent participer à la conférence. Ils avaient
pourtant consenti à ces concessions à seule fin de persuader les
Etats-Unis et Israël d’être présents, en vain.
Pour quelle raison, en réalité ? Je pense
qu’au contraire, dès lors qu’ils avaient réalisé que les
Américains n’assisteraient pas, que les Israéliens ne
viendraient pas, que les Canadiens ne viendraient pas, ils
auraient dû insister sur le fait que le communiqué final aurait
dû comporter une condamnation énergique du racisme israélien à
l’encontre des Palestiniens.
Silvia Cattori :
Ainsi, vous
n’êtes pas d’accord avec ceux des Palestiniens qui estiment que
le président Ahmadinejad a été battu aux points par Israël ?
Abdel Bari Atwan :
Non. Je ne
suis pas d’accord avec ces Palestiniens-là, les ainsi dits
« Palestiniens modérés ». Qu’a fait Ahmadinejad ? Il a rappelé à
tout un chacun le racisme d’Israël.
Je pense, personnellement, que le Président
palestinien Mahmoud Abbas aurait dû être là, et dire ce qu’Ahmadinejad
a dit. Et même en des termes encore plus forts, parce qu’il
sait, lui, ce que les Israéliens sont en train de faire, en
construisant leurs colonies, leur mur d’apartheid, et qu’ils ont
perpétré des massacres à Gaza. Il aurait même dû, en réalité,
dénoncer le fait que les Palestiniens ont fait toutes ces
concessions, alors qu’ils n’ont rien reçu d’autre, en échange,
que davantage de colonies, davantage de check-points militaires,
encore plus d’humiliations.
Je pense qu’Ahmadinejad a eu un succès
extraordinaire. Il a dit tout haut ce que pensent nombre de
Palestiniens, d’Africains, d’Arabes, de musulmans et
d’Européens.
Silvia Cattori :
Tout analyste
honnête ayant effectivement lu l’allocution de M. Ahmadinejad ne
saurait considérer celle-ci comme « violente », « antisémite »
ou quoi que ce soit de ce genre. Mais il s’avère, au contraire,
que les Etats et les médias occidentaux ont réussi, une fois de
plus, à travers leur propagande de dénigrement du Président
iranien, à isoler l’Iran, tout en faisant un cadeau à Israël ?
Abdel Bari Atwan :
Voyez-vous,
ce qu’Ahmadinejad a déclaré était extrêmement factuel. Il a dit
clairement qu’Israël a été créé sur le dos du peuple
palestinien. C’est une donnée de fait. Tout ce qu’il a dit, ce
sont des réalités factuelles. Il nous a rappelé ce qui s’est
passé, non pas deux millénaires en arrière, mais seulement
soixante ans. Et je suis une des victimes de ce genre d’énorme
erreur historique.
Ainsi, de fait, si les Européens qui se
sont retirés de la conférence ont boycotté le discours de M.
Ahmadinejad, c’est parce qu’ils avaient honte ; parce que M.
Ahmadinejad leur a remis en mémoire leurs crimes contre
l’humanité, leurs crimes contre les Palestiniens. C’est pour
cela, qu’ils sont partis.
Les juifs n’ont pas été persécutés par
nous, les Palestiniens et les Arabes. Ce sont des Européens qui
les ont massacrés, notamment en les gazant. Ainsi, M.
Ahmadinejad leur a remis en mémoire leur culpabilité : c’est
pour ça, qu’ils sont partis.
Il y a un autre point que je voudrais
soulever ici : les Européens nous ont chapitré, depuis soixante
ans, parce que nous boycottons les Israéliens, parce que nous
refusions de nous asseoir avec eux : « Vous n’êtes pas
civilisés, vous êtes dans votre tort : vous devriez vous asseoir
avec les Israéliens, mettre votre cause sur la table, discuter
avec eux. En les boycottant, vous êtes les perdants ! » Ils ne
cessaient de nous bassiner avec ça. Aujourd’hui, en revanche,
ils prêchent quelque chose de complètement différent.
Aussi ai-je été choqué, parce qu’ils
prêchaient une chose, et faisaient autre chose ; ils nous
disaient de faire telle chose, et ils sont en train de faire
quelque chose de totalement différent. Le troisième point qui
m’a réellement mis en colère, dans leur décision de se retirer
de la conférence, est que, quand, nous, nous protestions contre
des caricatures extrêmement offensantes pour le Prophète
Mouhammad, ils nous disaient : « Pourquoi faites-vous ça ? C’est
la liberté d’expression : tout le monde a le droit d’exprimer
son point de vue. Vous ne devriez pas protester de la sorte. »
Et aujourd’hui, c’est aussi la liberté
d’expression ! Voici un homme qui exprime son point de vue ; il
retrace l’histoire. Il n’est pas en train de nier l’Holocauste,
en aucune manière ; il n’a pas, par exemple, nié que les juifs
aient été persécutés. Non : il s’est contenté de rappeler des
faits historiques. Alors, pourquoi cela n’est-il pas considéré
comme relevant de la liberté d’expression ?
Silvia Cattori :
Avez-vous été
choqué de voir la délégation française donner le signal du
départ de la salle aux délégations d’autres pays européens ?
Abdel Bari Atwan :
Bien entendu, cela m’a énormément choqué.
De fait, j’étais désappointé. Je pense que c’est là une preuve
d’hypocrisie. L’Occident est hypocrite. Les Occidentaux disent
des choses dont ils ne croient pas un traître mot. Aussi ne
suis-je plus enclin à accepter un quelconque laïus occidental
sur la démocratie ou les droits de l’homme, le respect de la
religion, ou la liberté d’expression. Ces gens vendent des
pommes gâtées : je n’ai nulle envie d’en acheter.
J’ai envie de leur demander : « Pourquoi
vous retirez-vous ainsi ? » Laisser cet homme parler et puis
répondez-lui ! S’il a dit quelque chose d’erroné, corrigez-le,
mais restez !
Ahmadinejad a dit que le peuple palestinien
a été carrément chassé de son pays : c’est le cas. Il a dit
qu’Israël a été créé au détriment des Palestiniens : c’est le
cas. Il a dit que ce sont les Européens qui ont persécuté les
juifs : exact ! Alors, qu’y a-t-il à redire, à cela ? Mais parce
qu’ils sont à court d’arguments, parce qu’ils sont incapables
d’amener des faits qui démentissent ces réalités, ils sont
partis. Parce que ce sont des lâches, tout simplement.
Silvia Cattori :
Ceux qui ont travaillé dur afin de saboter cette conférence ont
donc réussi ?
Abdel Bari Atwan :
La conférence a été sabotée par les
Etats-Unis, par la France, par Israël, par des Etats européens,
et ils s’étaient mis d’accord à cette fin ; c’est ce qui a fait
que vingt-trois pays se sont, de fait, retirés de la conférence. Quand ils ont
quitté la salle au beau milieu du discours d’Ahmadinejad,
c’était quelque chose d’orchestré, c’était une action
préméditée. Pour la France et consorts, c’est la honte !
Silvia Cattori :
Il est
évident désormais que les organisations juives avaient commencé
depuis bien longtemps à prôner un boycott de Durban II. Ainsi,
par exemple, le président français (désolée : le président de la
France), Nicolas Sarkozy, a nommé un pro-israélien notoire,
François Zimeray, au poste d’ambassadeur chargé des « droits de
l’homme ». Soutenu par le ministre des Affaires étrangères
Bernard Kouchner, il s’est montré beaucoup plus soucieux de la
protection des intérêts israéliens que de justice pour les
victimes d’Israël. A votre avis, cette diplomatie brutale et
biaisée de la vieille école peut-elle être efficiente ?
Abdel Bari Atwan :
Non. Plus
maintenant. Ils se font des illusions. Ils ont peut-être, cette
fois-ci, réussi à berner les Palestiniens, les Arabes, les
musulmans. Mais ils ne réussiront jamais à atteindre leurs
objectifs, parce qu’en fin de compte, Israël a été démasqué.
Ahmadinejad a réussi à faire ce que le
communiqué final a été incapable de faire. Il a réussi à
contourner la manipulation ; il a généré un intérêt médiatique
énorme. Et grâce à ça, les gens, dans le monde entier, savent
que les représentants français, les pays occidentaux voulaient
modifier le cours de l’histoire. Et aujourd’hui, les médias
occidentaux n’ont plus la prépondérance : aujourd’hui, nous
avons Al-Jazeerah en arabe, nous avons Al-Jazerah en anglais,
nous avons Internet, et nous avons des blogs. Ici, les gens vont
se réveiller. Nous voyons d’ailleurs à un tas de signes que les
Européens ne gobent plus cette propagande de caniveau. Un tas de
changements sont en train de se produire. Ahmadinejad était sans
doute haï par ces gouvernements-là. Mais au Moyen-Orient, dans
le monde musulman, on voit désormais en lui un héros.
Silvia Cattori :
Il n’a donc
pas fait d’erreur ?
Abdel Bari Atwan :
Non. Aucune.
L’homme s’est montré très retenu ; il a énoncé des faits,
uniquement des faits. Il n’a eu recours à aucun effet de manche.
Il n’a rien dit de strictement nouveau ; il a dit ce que l’Onu a
dit quand il a considéré que le sionisme est un mouvement
raciste (en 1975). Quand l’Onu était encore l’Onu, quand les
Arabes étaient encore des Arabes, les Nations unies
considérèrent qu’Israël était un Etat sioniste, un Etat raciste.
Aujourd’hui, du simple fait que l’Onu n’est qu’un des services
parmi d’autres de l’administration américaine, elle n’est pas
indépendante. Ils ont omis cette référence au sionisme en tant
que mouvement raciste, mais cela ne pourra pas durer
éternellement.
L’année dernière, le président de
l’Assemblée générale de l’Onu a dit qu’Israël est un Etat
raciste. Il a dit que le sionisme est un mouvement raciste.
Alors, pourquoi la conférence de Durban II ne l’a-t-il pas dit ?
Pourquoi l’Assemblée générale de l’Onu l’a dit, alors que Durban
ne peut pas le dire ? Je pense que c’est du sabotage, c’est une
distorsion de l’histoire, et je pense qu’en réalité, Israël a
été mis à nu, en dépit de la protection que lui apportent
certains pays occidentaux.
Silvia Cattori :
Des
organisations juives étaient présentes, en grand nombre, à
Genève. Leurs militants ont fait beaucoup de chahut ; leurs
accusations d’ « antisémitisme » et de « négationnisme » ont été
largement reprises par les médias. Le Président de la
Confédération helvétique, M. Hans-Rudolf Merz, avait eu une
attitude très correcte et respectueuse durant la visite du
président iranien. Mais la propagande sioniste a poussé notre
ministre des Affaires étrangère, Mme Micheline Calmy-Rey, à
changer d’avis ; elle a, en définitive, condamné en des termes
très durs la déclaration de M. Ahmadinejad. N’est-ce pas là le
signe que le lobby pro-israélien a réussi dans ses tentatives
d’effrayer les personnalités politiques ?
Abdel Bari Atwan :
Les médias
ont terrorisés les personnalités politiques dans ce pays, la
Suisse, et ils les ont terrorisés dans les pays d’Europe ; cela
tient au fait que la plupart des médias sont contrôlés par le
lobby israélien. Et c’est d’ailleurs le problème. C’est vrai,
les médias sont coupables, mais je pense que cela ne sera pas
éternellement le cas. Ce chantage exercé sur les médias par les
lobbies sionistes se sont avérés contreproductifs, en ce qui
concerne l’Occident, parce que ces médias ont trompé la
population.
Le système capitaliste est en train de
s’effondrer ; pourquoi sommes-nous dans la panade,
financièrement ? Tout simplement à cause de la guerre en Irak, à
cause de la guerre en Afghanistan, à cause du soutien apporté
aux agressions israéliennes au Liban et dans la bande de Gaza.
L’Occident doit se réveiller et dire aux Israéliens : ça
suffit ! Vous ne pouvez pas continuer, ainsi, à nous bousiller la vie. Israël est un fardeau moral
et sécuritaire pour l’Occident, qui devrait s’en débarrasser au
plus vite ; sinon, l’Occident devra acquitter un prix encre plus
élevé, à l’avenir.
Silvia Cattori :
Cela signifie-t-il que l’Etat israélien peut poursuivre son
épuration ethnique et ses massacres de Palestiniens ?
Abdel Bari Atwan :
Cela leur donne assurément un feu vert. En
protégeant Israël contre toute condamnation, en occultant la
responsabilité et les atrocités d’Israël, ses crimes, ses
massacres contre les Palestiniens. Cela aura des conséquences
désastreuses pour l’Occident, et cela encouragera Israël à
commettre encore plus de massacres. Mais Israël est rattrapé par
le temps ; il en va de même en ce qui concerne l’Occident.
Il faut, comme l’on dit, qu’ils se
réveillent, parce que le monde change, parce que le Moyen-Orient
est en train de changer. Ils n’ont plus l’argent qu’ils avaient
l’habitude d’avoir, il y a peu. Ils n’ont plus la foi qu’ils
avaient naguère. Aujourd’hui, Israël et l’Occident ont besoin
des Arabes, ils ont besoin des musulmans ; ils ont été vaincus
en Iraq, et ils vont l’être en Afghanistan, et ils vont être
battus en Palestine.
Le Président Bush a dit : « Mission
accomplie ! », à propos de l’Irak. Et, aujourd’hui, que
voit-on ? Obama cherche à se retirer aussi rapidement que
possible afin de limiter les pertes. Bush avait clamé qu’il
avait réussi à faire le boulot, en Afghanistan.
Or,
aujourd’hui, les Taliban contrôlent plus des neuf dixièmes de
l’Afghanistan et ils sont aux portes de Kaboul. De plus,
aujourd’hui, les occidentaux n’ont plus d’argent, ils sont
confrontés à des problèmes d’immigration à partir de l’Afrique,
et leur système bancaire est en train de s’effondrer.
Il faut qu’ils se réveillent, et la plupart
de leurs problèmes proviennent de ces gouvernements qui sont
contrôlés par les lobbies israéliens. Aussi doivent-ils ouvrir
les yeux et dire aux dits lobbies : « Vous êtes en train de nous
détruire, vous êtes en train de saper nos intérêts, et vous êtes
en train de détruire Israël tel qu’il existe. Vous devez
changer. Aussi, j’espère que ce message passera.
A Durban II, Israël n’a pas gagné. Il est
inexact de dire, par ailleurs, qu’il aurait réussi à faire
retomber la responsabilité de la désorganisation sur Ahmadinejad.
Il y a quelqu’un, qui est en train de planquer la poussière sous
le tapis. Ils s’acharnent à ne vouloir voir que leur propre
visage dans le miroir. Ils croient à leurs propres bobards. Ils
sont incapables de voir que le monde a fait preuve de beaucoup
de sympathie à l’égard d’Ahmadinejad. Celui-ci a dit ce que
beaucoup de gens auraient dû dire, lors de cette conférence.
Les médias sont en train d’y laisser des
plumes. Ils ne sont plus aussi efficaces que par le passé. Ils
n’ont plus leur contrôle habituel. CNN n’est plus l’unique
chaîne de télévision d’ampleur planétaire. Reuters n’est plus la
seule agence d’information dans le monde. Aujourd’hui, il y a
d’autres sources médiatiques. Aujourd’hui, les médias se battent
pour leur survie. Le rôle que les médias ont joué au service des
intérêts sionistes n’est plus aussi efficace que par le passé.
Il est peut-être encore important, mais moins qu’avant ; et il
est en train de perdre petit à petit de son influence.
L’Occident, lui aussi, est en train de perdre de son influence,
graduellement, parce que, comme je l’ai dit, il y a des pouvoirs
en train d’émerger, aujourd’hui. La Russie est de retour,
l’Inde, le Brésil et la Chine sont en train d’émerger. Les
Etats-Unis n’ont plus le contrôle total qui était le leur hier.
Aussi tout cela va-t-il avoir des effets dévastateurs pour
Israël et pour le racisme, à l’avenir.
Silvia Cattori :
Dans son
intervention, l’ambassadeur de Chine a critiqué ceux qui
refusent de reconnaître leur responsabilité, ainsi que les
« médias qui diffament les religions et les ethnies ». Les
hommes politiques européens ne feraient-ils pas mieux de prendre
en compte le fait que la Chine – et la Russie – pourraient être
d’excellents partenaires, dans la création d’un monde
multilatéral ?
Abdel Bari Atwan :
Les Chinois y
voient clair. Ils ne veulent pas d’affrontement avec les
Américains ; ils ne veulent pas non plus d’affrontement avec les
Israéliens, tant qu’ils n’auront pas consolidé leur propre
puissance. Ils sont en train de bâtir leur économie, leur
puissance militaire, leur place dans le monde et sur la scène
internationale ; aussi veulent-ils éviter tout affrontement
actuellement. Et ils savent que les Etats-Unis sont en train de
perdre leur puissance, progressivement. Aussi sont-ils en train
d’attendre que le fruit pourri américain tombe dans leur giron.
S’ils recourent au langage diplomatique, aujourd’hui, c’est tout
simplement parce qu’il n’est pas dans leur intérêt d’avoir une
confrontation avec les Etats-Unis.
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
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