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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (32)
Photo CPI
Samedi 30 mai 2009
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
L’affaire Meshaal (1)
J’envoie mes
salutations à l’ensemble du peuple palestinien ; je souhaite
l’informer de ma venue à Gaza dans le futur proche.[1]
- Sheikh Ahmad Yassine
Je peux voir la gloire
des Arabes dans vos yeux.[2]
- Abdullah ibn Abd
Al-Aziz
Un bienfait déguisé
Sheikh Ahmad Yassine venait d’entrer dans sa neuvième année de
détention lorsque sa femme vint lui rendre visite le matin du
mardi 30 septembre 1997. Cela allait être un jour fatidique pour
le sheikh. Pendant quelques temps, les visites de sa famille, de
parents et d’amis lui étaient autorisées. Cepednant, les
autorités israéliennes avaient vite interdit tout visiteur, sauf
son épouse et ses filles. Il n’était pas facile pour elles de
lui rendre visite fréquemment : parfois, elles ne pouvaient
venir que tous les six mois ou environ. Comme il devint de plus
en plus sourd, il devait communiquer avec son épouse par
l’intermédiaire d’une troisième personne lorsqu’elle lui rendait
visite ; rien de se qu’ils se disaient ne pouvait donc être
privé. A cette occasion, il semblait en avoir eu assez de cet
arrangement inconfortable. N’étant plus capable de supporter la
peine et l’humiliation d’avoir à parler à sa femme à travers
l’intermédiaire d’un gardien de prison, il lui dit de ne plus
lui rendre visite. Elle pleura en rentra chez elle. Plus tard au
cours de la même journée, son avocat arriva pour lui montrer une
pétition que l’avocat avait préparé pour sa libération. Le
sheikh comprit que la pétition portait les signatures de
quarante membres de la Knesset exigeant sa libération de la
prison en raison de son état de santé allant en s’empirant. Il
dit à l’avocat de ne pas attacher ses espoirs sur des approches
de ce genre, car s’il devait un jour être libéré, ce serait en
dépit des Israéliens et non pas grâce à eux.
Le sheikh ne comptait ni les années ni les jours. Sa peine était
une sentence à vie plus quinze ans. Sans un miracle divin, il
croyait qu’il n’allait plus jamais voir de nouveau le monde de
l’extérieur de sa cellule de prison. Peu après son
incarcération, il décida qu’il n’y avait pas de meilleure
occupation que d’apprendre le Coran par cœur. Ceci est une chose
que la plupart des prisonniers islamiques entreprennent, dans la
poursuite du réconfort, de la paix de l’esprit, et de la
récompense du monde à venir. Il avait mémorisé tout le Coran
vers la fin de l’an 1990. Il s’attela ensuite à étudier une
encyclopédie de vingt-trois volumes de jurisprudence islamique
intitulé Al-majmu’. Il poursuivit avec l’étude d’un certain
nombre de travaux fondamentaux sur l’histoire islamique et la
grammaire arabe. Entre ses études, il accomplissait ses prières
et louait Dieu. Il passait des heures à prier, à réciter quatre
partie (ajza’) du Coran chaque jour lors de ses prières
surérogatoires. Jusqu’à mi-septembre 1995, il fut retenu dans la
prison de Kfar Yuna à Beit Lid dans le département de Tulkarem.
Il fut ensuite déplacé à la prison de Tel Mond près de Kfar
Saba, aussi dans le département de Tulkarem, où il resta jusqu’à
la première semaine de janvier 1996, lorsqu’il fut déplacé à un
hôpital pour un traitement pour la pneumonie.
Les membres et sympathisants du Hamas ne cessèrent jamais
d’exiger la libération du sheikh. Pour mobiliser l’opinion
publique en soutien à cet objectif, ils lancèrent la “Campagne
internationale pour la libération de Sheikh Ahmad Yassine”.
Celle-ci fut dirigée par le bureau médiatique du Hamas à Amman,
et elle organisa des événements le 18 mai de chaque année dans
diverses parties du monde arabe et ailleurs, pour marquer
l’anniversaire de la détention du sheikh. Il y avait de réelles
inquiétudes que le sheikh puisse mourir en prison à cause de la
détérioration de son état de santé. Il était clair que les
principales causes de son déclin étaient un abus lors des
interrogations et des conditions d’emprisonnements malsaines.
Dans un but de mettre la pression aux Israéliens pour le
libérer, de hautes figures du Hamas dans la bande de Gaza
menacèrent à plusieurs reprises que si le sheikh mourait à
l’intérieur de la prison israélienne, Israël allait subir une
vague d’attaques de vengeance plus sévères que tout ce qu’elle
avait vu jusque-là. Les politiciens israéliens n’étaient
toutefois pas disposés à les écouter. Motivés par des calculs
politiquement totalement partisans, ils ne souhaitaient même pas
prêter garde au conseil de leurs propres hauts officiers de
renseignements, qui recommandaient encore et encore la
libération de Sheikh Yassine. Leur inquiétude était que sa mort
en détention serait l’étincelle pour une autre Intifada. En
outre, certains Israéliens étaient encouragés par ce qui leur
semblait être l’attitude relativement modérée prise par le
sheikh envers l’autorité palestinienne d’Arafat. Ils pensaient
que la libération de Sheikh Yassine renforcerait la tendance
modérée au sein du Hamas et pourrait en fin de compte isoler la
direction soi-disant plus stricte de l’étranger.
[1] Yassine, après sa libération d’un centre de
détention israélien le 1er octobre 1997.
[2] Le prince héritier saoudien Abdullah ibn Abd
Al-Aziz, louant Yassine lorsqu’il le reçut après le
pèlerinage (hajj) en avril 1998.
Hamas: son histoire de
l'intérieur (31)
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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