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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (92)
Photo CPI
Dimanche 29 août 2010
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam
Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision
du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le
département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a
donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
Le Hamas au
gouvernement (18)
Certains officiels du Fatah répondirent avec colère aux
remarques de Meshaal, l’accusant de chercher à provoquer une
guerre civile. Pendant vingt-quatre heures après son discours,
les chaînes de télévision satellitaire et les stations de radio
diffusèrent les avis de porte-parole des deux parties, et
d’autres commentateurs palestiniens, ajoutant ainsi de l’huile
au feu. Le désaccord entre les deux mouvements semblait plus
grand que jamais. Le conseil révolutionnaire du Fatah, un
corps-clé de prise de décisions au sein du Fatah, dit dans un
communiqué : « Nous prenons le discours de Khaled Meshaal avec
gravité. Nous ne pouvons que le décrire en disant que son
intention est la révolte pour fomenter une tension parmi les
Palestiniens et causer une guerre civile, aux ordres de ses
maîtres ». Lors de rassemblements organisés par des supporters
du Fatah dans certaines viles cisjordaniennes, Meshaal fut
accusé de servir les intérêts de puissances étrangères, à savoir
la Syrie et l’Iran, et fut qualifié de traître de la cause
palestinienne.
Tout le monde au sein du Fatah n’appréciait ce qui se passait.
Certains commentateurs liés au Fatah regrettaient que
l’organisation soit traînée dans une confrontation avec le Hamas
à un moment où les Palestiniens avaient besoin de s’allier, de
faire face aux sanctions internationales qui leur étaient
collectivement imposées. D’autres exprimèrent leur inquiétude de
voir le Fatah se transformer d’un mouvement de libération
nationale en une arme utilisée par les Israéliens et les
Américains pour frapper un mouvement de libération palestinienne
alternatif qui avait remporté la confiance du public
palestinien. Certains de ces individus déçus divulguèrent des
rapports décrivant des aspects de la conspiration qui était
lancée contre le Hamas par certains leaders du Fatah, en
collaboration avec leurs amis en Jordanie, en Israël, aux
Etats-Unis et dans l’Union Européenne.
Le journaliste Shakir Al-Jawhari réussit à obtenir des
informations exclusives au sujet de rencontres confidentielles
tenues en Jordanie environ à ce moment-là. Dans un message
d’Amman le 16 mai 2006, il écrivit :
« Vendredi dernier, le 12 mai, Amman a été témoin de deux
meetings importants qui réunissaient le président de l’autorité
palestinienne, le premier ministre jordanien, un certain nombre
d’anciens officiels du gouvernement et quelques membres du
parlement jordanien. La discussion lors des deux meetings s’est
concentrée sur la crise faisant rage entre la Jordanie et le
mouvement du Hamas et l’état des plans visant à faire tomber le
gouvernement dirigé par le Hamas en Palestine. Les meetings ont
eu lieu à un moment où des efforts de l’Arabie Saoudite, de
l’Egypte et du Golfe étaient exercés pour contenir la querelle
entre la Jordanie et le mouvement du Hamas. Cependant, peu de
détails sont disponibles sur ces efforts jusque-là. Le second
meeting a été tenu vendredi soir. La partie palestinienne était
composée de Mahmoud Abbas, qui était accompagné d’Ahmad Quri’,
l’ancien premier ministre palestinien, qui est aussi un membre
du comité central du Fatah. Le premier ministre jordanien Dr.
Ma’ruf Al-Bakhit était accompagné du ministre des affaires
étrangères Abd Al-Ilah Al-Khatib. Le meeting a eu lieu dans une
suite au Regency Palace Hotel dans le centre de la capitale
jordanienne et les discussions se sont poursuites dans le
principal restaurant au vingt et unième étage. Selon certaines
sources, le meeting a duré entre trois et quatre heures. A part
les thèmes majeurs autour desquels la discussion s’est
focalisée, aucuns détails n’ont encore été révélés sur ce qui
s’est produit durant la rencontre. Quant au premier meeting, il
a eu lieu à midi le même jour autour de la table de repas de
l’ancien premier ministre jordanien Abd Al-Ra’uf Al-Rawabidah,
qui a fermé les bureaux du Hamas à Amman et a déporté ses
leaders de Jordanie lorsque son gouvernement était au pouvoir en
août 1999. En plus d’Abbas, cette rencontre était assistée par
Ahmad Quri’. Les invités d’Al-Rawabidah incluaient Bassim
Awadallah, directeur du bureau du roi Abdullah II. Dès qu’il a
découvert l’objectif de l’invitation, Awadallah a quitté la
résidence d’Al-Rawabidah moins de vingt minutes après son
arrivée afin qu’il ne puisse être identifié avec un point de vue
politique, en raison de la gravité de la position qu’il occupe.
Il a justifié son départ précipité en disant qu’il avait
d’autres engagements. Un certain nombre de députés jordaniens
étaient présents au meeting, dont Ghalib Al-Zu’bi et Mazin Al-Malkawi.
Salib Al-Qallab, qui étaient le ministre de l’information du
gouvernement d’Al-Rawabidah et qui est connu pour son extrême
hostilité à l’égard du Hamas ainsi que pour son ancienne
affiliation avec le mouvement du Fatah, était aussi présent. Les
sources disent qu’un certain nombre de députés ont décliné
l’invitation d’Al-Rawabidah, car ils ne voulaient pas mêler la
Jordanie aux querelles inter-palestiniennes. Certains des
participants ont rapporté que l’intervention de Quri’ lors du
meeting était brève et concise. Pour ce qui est d’Abbas, il a
dit aux présents : “La direction de l’autorité palestinienne a
épuisé tous les efforts et a pris toutes les mesures possibles
pour confronter le mouvement du Hamas et son gouvernement, dont
l’imposition de sanctions et la privation de pouvoir, mais ces
efforts ont échoué à affaiblir le mouvement. Au contraire, ils
ont augmenté la popularité du mouvement dans la rue
palestinienne”. Il a ajouté que l’autorité n’est plus capable de
prendre d’action supplémentaire contre le Hamas et que même si
elle avait la capacité de renvoyer le gouvernement palestinien,
elle ne pourrait dissoudre le conseil législatif. Il a expliqué
qu’adopter une mesure telle que la dissolution du gouvernement
d’Ismaël Haniyeh correspondrait à un suicide politique de la
part de la direction de l’autorité palestinienne et du mouvement
du Fatah. Ceci car ce serait perçu par le public palestinien
comme un complot ouvert pour faire tomber le gouvernement du
Hamas et lui imposer un siège. Abbas a ajouté : “Ce qui est
maintenant requis est que ces Etats arabes qui ont été nuis par
la victoires du Hamas aux élections de jouer leurs propres rôles
dans l’affrontement du mouvement, car toutes les tentatives de
l’autorité palestinienne de lui retirer son pouvoir ont échoué”.
Il a expliqué que le réel problème avec le Hamas repose dans sa
direction basée à Damas, qui est en charge de toutes les
affaires. Il a souligné que si le problème provenant de ces
personnes était résolu, cela ne l’importerait pas de voir un
Hamas à l’intérieur de la Palestine dix fois plus fort. Il a
noté l’importance de concentrer l’attention sur la direction
extérieure du Hamas, avec pour intention de le cerner et de
l’isoler ».
Ce rapport illustre les véritables dimensions de la guerre qui
était lancée contre le Hamas. En dépit de sa férocité,
toutefois, l’assaut contre le Hamas n’eut qu’un petit impact.
Comme Mahmoud Abbas le nota, rien ne semblait être effectif, et
il avait besoin de plus d’assistance, et d’une assistance plus
active. De la façon dont les événements se développaient, il
n’avait pas à attendre longtemps.
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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