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Centre Palestinien d'Information

Hamas : son histoire de l'intérieur (35)


Photo CPI

Lundi 29 juin 2009

Dr. Azzam Tamimi

L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète, diffusée régulièrement en de nombreuses parties.

L’affaire Meshaal (4)

            L’officiel de haut rang du Mossad à Amman avait été conscient du complot et avait été directement impliqué dans sa planification et son exécution. Il avait déjà appris de l’unité de soutien, dont les membres avaient fui la scène pour prendre refuge à l’intérieur de l’ambassade israélienne, que la mission était allée de travers et que les deux agents avaient été arrêtés. Il téléphona Samih Al-Battikhi pour lui dire que les deux hommes en détention étaient ses agents et qu’il ne devait pas leur être fait de mal. Il ajouta que le gouvernement israélien sera en contact avec le roi Hussein dans peu de temps. Lorsque l’affaire fut apportée à l’attention du roi, il s’en occupa immédiatement. Les deux agents du Mossad détenus jusque-là se confessèrent et avouèrent avoir utilisé une sorte de poison dans l’intention de tuer Meshaal. Le roi Hussein donna pour ordre de transférer Meshaal au centre médical Al-Hussein, où une équipe de médecins hautement qualifiés tentèrent de diagnostiquer sa condition et d’enquêter sur ses causes. Il fit aussi venir un spécialiste de la clinique Mayo aux Etats-Unis, où il avait lui-même été un patient pour recevoir un traitement pour un cancer. En outre, il informa le président américain Bill Clinton de ce qu’Israël avait tenté de faire sur le sol de son pays, en dépit du traité de paix entre les deux pays. Il demanda au président Clinton d’insister pour qu’Israël révèle la nature du poison employé dans la tentative d’assassinat et de fournir quelque antidote qui puisse exister.

            Bien que les tueurs à gages du Mossad eussent été bien assez proches pour tirer sur Meshaal et le tuer, le plan avait été de l’éliminer en silence et sans créer d’incident international. Il était supposé s’effondrer et mourir mystérieusement. L’intention était qu’un message serait délivré au Hamas, alors qu’Israël aurait continué à nier sa responsabilité. Cependant, en ayant tenté d’éviter un incident international, les Israéliens s’étaient impliqués dans une autre situation de nature très embarrassante. L’objectif d’Israël était maintenant de réduire autant que possible le tort causé à ses relations avec la Jordanie tout en assurant la libération et le retour en sécurité de ses agents. Leur détention prolongée et leur interrogation par les Jordaniens allaient probablement dévoiler le réseau de soutien local pour l’opération du Mossad à l’intérieur de la Jordanie. Les Américains répondirent à la requête du roi Hussein en insistant auprès des Israéliens pour qu’ils envoient l’antidote pour sauver la vie de Meshaal. Sans cet antidote, il n’aurait pu survivre longtemps. L’effet du poison était tel que sans un ventilateur mécanique, les poumons de la victime s’effondreraient au moment où il s’endormirait ou perdrait conscience.

            Le 30 septembre, cinq jours après la tentative à l’encontre de la vie de Meshaal, le roi Hussein s’adressa à un rassemblement de masse dans la ville jordanienne de Zarqa. Dans son discours, il appela le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à « apparaître avec une initiative innovatrice et à reconstruire les ponts de confiance mutuelle en libérant Sheikh Ahmad Yassine et d’autres prisonniers palestiniens » retenus en détention israélienne. En moins de vingt-quatre heures, le sheikh était sur le sol jordanien. Alors qu’en Jordanie, Sheikh Yassine devient le centre d’attention des médias du monde. L’épisode plaça le Hamas une fois de plus sous les feux des projecteurs, et permit aussi d’apaiser la tension qui avait eu lieu entre le Hamas et le régime jordanien. Certains leaders du Hamas considèrent que la tentative d’assassinat échouée vint au secours des relations entre la Jordanie et le Hamas, qui s’était retrouvé au bord d’un effondrement total. Les relations entre le Hamas et l’autorité palestinienne s’améliorèrent aussi, bien qu’à la base, l’autorité palestinienne fût jalouse, car le roi Hussein avait réussi à assurer la libération de Sheikh Yassine alors qu’elle n’avait pas réussi à le faire. Le résultat négatif pour l’autorité palestinienne fut la poussée donnée au Hamas, à un moment où l’autorité palestinienne et le Fatah s’étaient efforcés pendant deux ans à le marginaliser. Le 2 octobre, le président palestinienne Yasser Arafat, qui avait précédemment été sous une pression israélienne et américaine intense pour prendre des mesures plus sévères contre le Hamas, s’envola pour Amman, où, accompagné du roi Hussein, il rendit visite à Sheikh Yassine dans sa chambre d’hôpital en la présence de plusieurs membres du bureau politique du Hamas.

            Bien que reconnaissant à l’égard de l’initiative du roi Hussein, qui avait libéré le fondateur de leur mouvement, les leaders du Hamas en Jordanie étaient entièrement pris par surprise. Ils n’avaient pas été consultés sur tout accord impliquant la libération de Sheikh Yassine. Initialement, les officiels jordaniens nièrent qu’il y ait eu un accord, insistant à dire que les agents du Mossad allaient être jugé à Amman en accord avec la loi jordanienne pour la tentative d’assassinat d’un citoyen jordanien. Toutefois, il devint clair qu’un accord avait en fait été établi lorsque les Israéliens insistèrent sur le fait que Sheikh Yassine ne serait pas autorisé à retourner à Gaza à moins que les deux agents israéliens ne fussent libérés. Toutefois, le Hamas ne savait pas que le roi Hussein avait cherché à améliorer les termes de son accord initial avec les Israéliens sur cette affaire. Israël l’accusa de manquer à l’arrangement original en demandant la libération d’autres hauts officiels du Hamas retenus dans des prisons israéliennes. Israël refusa cela, affirmant qu’un tel pas ne ferait qu’accroître la menace de terrorisme et affaiblir davantage, par la même occasion, la demande d’Israël que l’autorité palestinienne soit plus sévère à l’égard du Hamas.

Hamas: son histoire de l'intérieur (34)
Hamas: son histoire de l'intérieur (36)

Traduction réalisée par le Centre Palestinien d’Information (CPI)



Source : CPI
http://www.palestine-info.cc/...


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