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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (71)
Photo CPI
Lundi 22 mars 2010
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
Le Hamas, l’OLP et l’autorité
palestinienne (6)
La seconde intifada
Lorsqu’Ehud Barak fut élu premier ministre d’Israël le 17 mai
1999, l’autorité palestinienne poussa un soupir de soulagement.
L’optimisme remplaça l’atmosphère sombre qui prévalait la
plupart du temps depuis mai 1996, période pendant laquelle
Benyamin Netanyahu avait dirigé le gouvernement israélien. Barak
vint au pouvoir déterminé à mettre fin au conflit avec les
Arabes sur tous les fronts. Il dit qu’il voulait négocier un
accord avec la Syrie, et en mars 2000, il persuada le président
américain Clinton à organiser une réunion au sommet à Genève
avec le président syrien Hafiz Al-Assad. En mai 2000, il ordonna
le retrait des troupes israéliennes du sud-Liban. Il chercha
aussi un accord global avec l’autorité palestinienne pour
résoudre une fois pour toutes les problèmes permanents de
statuts, dont les frontières, les réfugiés, les colonies et
Jérusalem.
Le sommet de Genève fut cependant un terrible échec et le
retrait d’Israël du Liban fut exécuté unilatéralement et avec
hâte, poussant les Libanais, ainsi que les Palestiniens et les
Arabes et les Musulmans à travers la région et autour du monde,
à célébrer la défaite humiliante d’Israël grâce au Hezbollah.
Sur le sujet palestinien, Barak persuada le président Clinton
d’organiser une autre conférence au sommet pour négocier la fin
du conflit avec les Palestiniens. Yasser Arafat était hésitant :
il craignait que le sommet ne puisse donner grand-chose, comme
Barak avait échoué depuis son élection à appliquer les
précédents accords entre les Israéliens et les Palestiniens. Il
était supposé que Barak libère trois cent cinquante prisonniers
palestiniens et remettent à l’autorité palestinienne trois
villages dans la région de Jérusalem. Au lieu de cela, il avait
en réalité autorisé l’expansion de certaines colonies juives
autour de Jérusalem. Arafat fut toutefois facilement persuader
d’y assister. Hébergé par Clinton et attendu par Barak et
Arafat, le sommet se réunit à Camp David le 11 juillet et prit
fin le 25 juillet 2000 sans accord.
L’échec du sommet de Camp David fut accueilli avec un
soulagement en Cisjordanie et à Gaza. Il était craint que son
succès puisse impliquer des concessions majeures qui
compromettraient des droits palestiniens. Le 27 juillet 2000,
Yasser Arafat reçut un accueil de héro à son retour. Aux yeux de
nombreux Palestiniens jusque-là désillusionnés, il était une
fois encore devenu un leader patriotique, qui avait refusé de
céder à la pression. D’autre part, les Israéliens, les
Américains et même quelques membres de sa propre équipe
négociatrice considéraient le manque de succès à Camp David
comme un échec de la part de Yasser Arafat. Le refus d’Arafat de
faire de concession sur les deux questions qui importaient le
plus aux Palestiniens, le statut de Jérusalem et le droit au
retour, eut deux résultats inattendus. D’une part, cela prépara
la voie à un rapprochement entre Arafat et le Hamas. Bientôt,
Arafat allait lui aussi devenir une victime des mesures
punitives adoptées par Israël avec l’accord tacite de la
nouvelle administration du président américain George W. Bush.
D’autre part, il créa un désaccord au sein des rangs des plus
proches assistants d’Arafat, à tel point que certains virèrent
contre lui.
Le 28 septembre 2000, l’intrusion sans invitation d’Ariel Sharon
à Al-Haram Al-Sharif, le troisième lieu le plus saint sur terre,
sous la protection de mille membres des forces de sécurité
israéliennes, déclencha la seconde intifada et unifia les
Palestiniens comme jamais auparavant. Dimanche 8 octobre 2000,
un meeting de toutes les factions au sein de l’OLP, présidé par
Yasser Arafat, fut tenu à Gaza pour discuter de la récente
situation en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Ce meeting
fut le premier de ce genre à inclure un représentant officiel du
Hamas, qui jusque-là avait boycotté les meetings avec l’autorité
palestinienne. Le meeting fut d’une importance significative
pour attirer de nombreux commentaires de l’intérieur et de
l’extérieur d’Israël. Le journal israélien Ma’ariv
décrivit le meeting de Gaza comme « une rare manifestation de
l’unité nationale » parmi les Palestiniens. Le rapport cita une
source sécuritaire anonyme qui dit qu’il était « craint que les
récents mouvements sur la scène politique palestinienne
domestique soient “un catalyseur qui encouragera le Hamas et le
Jihad Islamique à reprendre la vague d’attaques terroristes en
Israël” ». Le journal poursuivit en disant que des sources
sécuritaires expliquaient que l’étreinte accordée par Arafat aux
« organisations terroristes » pouvait être « interprétée par eux
comme “une fermeture des yeux” par le président de l’OLP et un
“feu vert” pour la reprise de leur activité meurtrière ». Ismail
Abu Shanab, membre du bureau politique du Hamas à Gaza,
représenta le Hamas lors des discussions de Gaza. Dans un
communiqué à Quds Press plus tard, il dit que le meeting avait
été le premier d’une série pour « trouver une formule pour
affronter l’occupation israélienne ». Il ajouta que dans le
meeting, il appela à la réconciliation des relations internes
entre Palestiniens.
Moins d’une semaine plus tard, des militants palestiniens
retenus dans les prisons de l’autorité palestinienne à Gaza et
en Cisjordanie furent libérés par une demande publique, après
qu’Israël commença un bombardement de la Cisjordanie et de la
bande de Gaza pour la première fois depuis le début de la
seconde intifada. Il semble concevable que cela ait pu être
poussé par le meeting inter-factionnel d’Arafat et la libération
de prisonniers. Nombre de ceux qui furent libérés étaient des
membres du Hamas, ce qui amena le premier ministre israélien
Ehud Barak à menacer de tenir l’autorité palestinienne pour
responsable de toute attaque exécutée à l’encontre de cibles
israéliennes suite à la libération d’activistes du Hamas.
L’autorité palestinienne dit que des gardiens de prison avaient
agi sur leur propre initiative en libérant les militants, car
ils craignaient pour la sécurité des prisonniers. Ismaïl Haniyeh,
parlant pour le Hamas, fut cité par l’agence d’informations
Associated Press comme ayant dit que les trois cent cinquante
prisonniers furent libérés car l’autorité palestinienne ne
pouvait les protéger en prison. Les Israéliens ne furent pas
convaincus. Les Israéliens eux-mêmes avaient échoué à se
conformer à nombre d’engagements requis par les accords de paix
provisoires. Ils insistèrent néanmoins à dire que la
responsabilité première des forces de sécurité palestiniennes
sous les accords était de « faire attention aux intérêts
sécuritaires d’Israël et empêcher les militants islamiques
d’accomplir des attaques de terreur contre des cibles
israéliennes ». Danny Yatom, alors conseilleur de Barak, accusa
Arafat d’avoir manqué à son engagement de combattre le
terrorisme et dit : « L’autorité palestinienne s’est engagée à
combattre la terreur et l’infrastructure de la terreur, non pas
seulement avant nous, mais avant la CIA et les Américains ».
Une tentative ultérieure de réouverture des négociations de paix
échoua. Un sommet entre Arafat et Barak qui eut lieu du 21 au 27
janvier 2001 à la station touristique égyptienne de Taba vint
trop tard. Clinton venait juste de quitter ses fonctions, Barak
n’était pas sûr de remporter les élections israéliennes à venir,
et Arafat n’allait pas mettre son nom dans un accord avec les
Israéliens sans l’implication des Etats-Unis. Il pensait que
sans une garantie des Américains, aucun accord ne valait la
feuille sur laquelle il était écrit.
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
Hamas: son
histoire de l'intérieur (70)
Hamas: son
histoire de l'intérieur (72)
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