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Centre Palestinien d'Information

Hamas : son histoire de l'intérieur (26)


Photo CPI

Dimanche 19 avril 2009

Dr. Azzam Tamimi

L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète, diffusée régulièrement en de nombreuses parties.

En Jordanie (6)

            Le 31 mai 1995, Moussa Abu Marzouq et Imad Al-Alami quittèrent la Jordanie, le premier pour le Yémen et le second pour la Syrie. Pendant plus de six mois, Abu Marzouq examina ses options. Après avoir quitté le Yémen, il visita plusieurs pays, dont les Emirats Arabes Unis, l’Iran, l’Egypte, le Soudan et la Syrie. La difficulté était pour lui de trouver un lieu convenable pour sa famille. Les gouvernements de certains des pays qu’il visita lui dirent qu’ils ne pouvaient l’accepter en raison de sa position essentielle au sein du Hamas. Les Emirats Arabes Unis n’auraient pas donné de permis de résidence à sa famille, en dépit du fait qu’il avait lui-même l’autorisation d’y résider, ce qui était finalement équivalent à un refus. La Syrie l’accueillit comme elle avait aussi accueilli son collègue Al-Alami. Cependant, Abu Marzouq crut de loin que la meilleure option pour lui était de retourner aux Etats-Unis, où il avait vécu plus tôt dans le confort et la prospérité pendant dix-sept ans. Très peu de temps auparavant, il avait rendu une visite aux Etats-Unis et avait remarqué qu’il n’y avait apparemment pas d’objection à sa présence. Lui et sa famille avaient des green cards leur permettant de vivre et de travailler ici, et ses enfants, dont certains étaient des citoyens américains, étaient chez eux dans ce pays. Le mouvement constant d’un lieu à l’autre, à un moment où ses enfants grandissaient et avaient besoin de stabilité, avait été fatiguant pour sa famille. Toutefois, ses collègues du bureau politique du Hamas s’y opposèrent unanimement, lui disant qu’en raison de la récente hostilité des Etats-Unis envers le Hamas, y retourner n’était pas une option envisageable pour lui. Leur avais était qu’il n’était pas raisonnable d’aller aux Etats-Unis où le gouvernement avait plus tôt au cours de la même année désigné le Hamas comme une organisation terroriste, et avait fait des transactions avec lui une offense criminelle. Abu Marzouq, d’autre part, insista que son instinct lui disait que s’il se rendait aux Etats-Unis, tout se passerait bien. Son instinct le trompa clairement. Ses collègues avaient craint le pire, et le pire se produisit. A son arrivée à l’aéroport Kennedy de New York avec sa famille le 25 juillet 1995, Moussa Abu Marzouq fut arrêté par le FBI.

            Sans aucun doute, la détention d’Abu Marzouq fut un coup majeur et une gêne pour le Hamas, le plaçant dans une certaine difficulté. Ses collègues dans la direction trouvèrent sa décision de s’envoler pour New York comme indéfendable. De nombreux supporters du Hamas furent poussés à demander pourquoi il n’avait pas anticipé ce qui pouvait se produire. Néanmoins, le mouvement n’épargna aucun effort pour exiger sa libération immédiate, et avertit l’administration américaine de sérieuses répercussions qui pouvaient s’ensuivre si Abu Marzouq étaient remis à Israël. Le Hamas, maintenant dirigé par Khaled Meshaal, s’engagea dans une série de relations publiques et de mesures visant à limiter les dommages. Les leaders du Hamas mobilisèrent leurs supporters pour protester contre la détention d’Abu Marzouq, écrivant des mémorandums et des lettres à un certain nombre de hauts politiciens et diplomates. Le 28 juillet 1995, ils adressèrent des lettres au président Clinton, au procureur général des Etats-Unis, et au roi du Maroc Hassan II. 31 juillet 1995, ils envoyèrent une autre lettre au révérend Jesse Jackson. Le 1 er août 1995, ils écrivirent au secrétaire général de la Ligue Arabe et à l’Organisation de la Conférence Islamique. Des lettres furent aussi envoyées à une collection de personnalités et d’organisations à travers le monde alors que la crise se poursuivait.

            Après l’arrestation et l’incarcération d’Abu Marzouq, il semblait comme si les autorités américaines ne savaient pas exactement de quoi elles pouvaient l’accuser. Son statut d’immigration était légitime, et il n’y avait pas d’activité illégale à l’intérieur des Etats-Unis pour laquelle il pouvait être accusé. Les Israéliens ne furent que plus tard au courant de l’arrestation. Apparemment, toutefois, ils n’avaient ni exigé l’arrestation du leader du Hamas, ni l’avaient même considérée comme une option. Il fut au départ dit à Abu Marzouq qu’il était arrêté pour avoir été suspecté d’être impliqué dans des activités liées à une organisation terroriste étrangère, bien que le Hamas ne fût en fait pas désigné comme une telle organisation avant le mois d’octobre 1997. Il s’avéra peu de temps après que quelques éléments à l’intérieur de l’administration américaine souhaitèrent donner à Israël l’opportunité de l’extrader. Abu Marzouq croit que la CIA n’était pas d’accord avec les mesures prises par le FBI contre lui. Il soutient que la CIA savait depuis le début que les Etats-Unis n’avaient aucune charge contre lui, mais que des éléments pro-israéliens à l’intérieur du FBI espéraient faire une faveur à leurs amis en Israël.

            Le 28 septembre 1995, Israël émit en effet une requête officielle d’extradition aux autorités américaines, soutenue par des documents totalisant plus de neuf cent cinquante pages détaillant les accusations portées contre Abu Marzouq, qu’Israël souhaitait retenir. Ses avocats dénoncèrent les procédures employées contre lui, disant qu’elles étaient motivées politiquement, les décrivant comme manquant de conditions minimums d’indépendance juridique et de procédure judiciaire convenable. Le juge qui présidait l’affaire, que les avocats de la défense accusèrent d’être pro-israélien, décida qu’Abu Marzouq devait être extradé en Israël. Il lui fut refusé le droit de paraître devant la cour pour réfuter les allégations d’Israël portées contre lui, et ses avocats de la défense se virent dénié l’opportunité d’appeler leurs propres témoins. Abu Marzouq fit appel contre la décision, mais son appel fut rejeté.

            Entre-temps, les autorités jordaniennes continuèrent à tourmenter les activistes du Hamas en Jordanie, apparemment dans le but de pousser davantage de ceux qui restaient, qui n’étaient à l’heure plus que des citoyens jordaniens, à quitter le pays volontairement. Le membre du bureau politique du Hamas Sami Khatir fut arrêté le 25 décembre 1995 alors qu’il se rendait à son bureau. Il fut emmené dans sa demeure, qui fut entièrement fouillée ; ses documents et son argent furent saisis, et il fut arrêté. Pendant ce temps, un autre membre du bureau politique, Izzat Al-Rishiq (connu sous son “nom de guerre” Abd Al-Aziz Al-Umari) fut aussi brièvement arrêté.

            Toutefois, en temps voulu, Israël embarrassa son allié, le gouvernement américain, lorsqu’elle décida qu’elle ne voulait finalement pas extrader Abu Marzouq. Ce qui provoqua ce changement dans la position d’Israël était son changement de gouvernement. Abu Marzouq s’imagina que le changement de climat politique en Israël, qui avait entraîné la tombée du gouvernement travailliste, allait agir en sa faveur. Contre les conseils de ses avocats, il retira son appel contre la sentence d’extradition, et dans un message officiel daté du 28 janvier 1997, il exigea qu’il soit immédiatement remis à Israël. Son instinct était correct : les Israéliens ne le voulaient plus. Le 29 mai 1996, le leader du parti travailliste Shimos Peres perdit les élections au profit de Benjamin Netanyahu, du Likoud, qui mena une campagne contre le programme de paix Rabin-Peres avec le slogan « Paix avec Sécurité ». Dans son attitude envers le Hamas, Netanyahu semblait avoir tiré une leçon des erreurs de jugements réalisés par son prédécesseur. Peres avait payé un lourd prix pour avoir ordonné la liquidation du commandant militaire du Hamas Yahya Ayyash (l’ingénieur). L’assassinat d’Ayyash le 5 janvier 1996 déclencha une vague de bombardements de riposte entre le 25 février et le 4 mars 1996, tuant soixante Israéliens et en blessant bien plus à l’ouest de Jérusalem, à Ashkelon et à Tel Aviv. Netanyahu souhaitait éviter de provoquer le Hamas et pensa donc que continuer avec l’extradition d’Abu Marzouq se prouverait certainement être coûteux. En fin de compte, il craignait que cela ne détruise ses efforts à satisfaire sa promesse électorale.

Hamas: son histoire de l'intérieur (25)
Hamas: son histoire de l'intérieur (27)

Traduction réalisée par le Centre Palestinien d’Information (CPI)



Source : CPI
http://www.palestine-info.cc/...


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