Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
Le djihad et le martyre (3)
Qital
L’interdire de combattre fut levée quelques années après
l’hégire, l’émigration en 622 du Prophète et de ses
disciples de la Mecque vers Médine pour recherche un lieu
sûr. La communauté musulmane de Médine se dota d’une
structure politique en vertu d’une constitution connue sous
le nom de Document de Médine. Seulement lorsque cette
communauté avait besoin de se défendre contre des menaces
externes, elle était autorisée à employer la force et à
affronter les ennemis dans une bataille. « Combattre est
permis à ceux qui sont lésés, parce qu’ils sont attaqués, et
Dieu peut les secourir, à ceux qui sont à tort chassés de
leur maison pour avoir dire : “Notre Seigneur est Dieu”. Si
Dieu n’avait repoussé certains hommes par d’autres, les
ermitages seraient détruits, les synagogues, les oratoires,
les mosquées où le nom de Dieu est invoqué si souvent, mais
Dieu vient au secours de ceux qui viennent à Son secours.
Oui, Dieu est fort et puissant » (sourate Al-Hajj 22:39-40).
Néanmoins, la permission de combattre n’est pas sans
restriction. Seulement lorsqu’ils sont attaqués, ou
lorsqu’ils perçoivent la menace d’une attaque imminente, les
musulmans sont autorisés à prendre les armes. « Combattez au
sentier de Dieu ceux qui vous combattent, mais ne soyez pas
transgresseurs. Dieu n’aime pas les transgresseurs »
(sourate Al-Baqarah 2:190). Une fois engagés dans la
bataille, les soldats musulmans sont supposés obéir à un
code de conduite strict. Es termes de ce codes sont
clairement déclarés dans les hadiths (les paroles et
traditions du Prophète) et sont expliqués dans es livres de
fiqh (jurisprudence islamique). Il est rapporté que
le calife Abu Bakr dit, dans un sermon d’adieux à des
soldats musulmans partant en bataille avec les Byzantins :
« Je vous recommande de craindre Dieu et de Lui obéir.
Lorsque vous affrontez l’ennemi, ne pillez pas, ne mutilez
pas les morts, ne commettez pas de trahison, ne vous
comportez pas lâchement, ne tuez pas les enfants, les vieux
ou les femmes, ne brûlez pas les arbres et n’abîmez pas les
récoltes, et ne tuez pas un animal sauf s’il est acquis
licitement pour de la nourriture. Vous trouverez des hommes
enfermés dans des ermitages dans lesquels ils disent avoir
dédié leur vie à l’adoration de Dieu : laissez-les
tranquilles. Lorsque vous affrontez les infidèles païens,
invitez-les à choisir entre deux choses. Invitez-les à
embrasser l’islam. S’ils ne veulent pas le faire,
invitez-les à payer la jizyah [une taxe payée par
les non-musulmans qui résidaient dans un territoire conquis
par la force]. S’ils sont d’accord, acceptez cela d’eux et
arrêter de les combattre. Mais s’ils rejettent les deux
propositions, alors combattez-les ».
Dans la littérature islamique sur les hadiths et le fiqh,
lorsque le djihad est mentionné sans désignation
supplémentaire, il fait généralement référence au qital.
Dans ce cas, cela inclut, en plus de porter des armes et de
combattre es ennemis sur le champ de bataille, a
contribution de l’argent ou de l’effort à la cause pour
laquelle le qital est entrepris : « Croyants, vous
indiquerai-Je un marché qui vous sauvera de l’affreux
tourment ? Vous croirez en Dieu et en Son Messager, vous
combattrez corps et biens dans le sentier de Dieu. C’est le
mieux pour vous, si vous saviez » (sourate Al-Saff
61:10-11). Un grand risque est impliqué dans le djihad.
Cependant, l’islam ordonna à ses disciples de prendre ce
risque dans l’anticipation d’une grande récompense dans la
vie après la mort. « Dieu achète aux croyants leur âme et
leurs biens pour qu’ils aient le jardin. Ils combattent dans
le sentier de Dieu. Ils tuent ou sont tués. Promesse de Dieu
dans la Torah, dans l’Evangile et dans le Coran. Et qui
mieux que Dieu tient son engagement ? Réjouissez-vous du
marché conclu. Succès sans borne » (sourate Al-Tawbah
9:111).
La croyance au jour de la résurrection, en l’inévitabilité
de devoir rendre des comptes et d’être questionné puis
d’être récompensé ou puni pour ses actes dans cette vie, est
un des principes de base de la foi islamique. Pour le
croyant, cette vie est une demeure temporaire, un lieu de
passage vers la demeure permanente, une vie éternelle dans
l’au-delà. Par conséquent, un croyant a une mission dans
cette vie, à savoir adorer l’Un et Dieu seul et ne se
soumettre à aucune autorité autre que la Sienne. La
soumission à l’Un et à Dieu seul entraîne l’affranchissement
de toute autre déité.
Résister à l’oppression et lutter pour un monde juste est
une partie intégrale de la mission d’un croyant dans la vie.
Selon le penseur islamique tunisien Rachid Ghannouchi, une
des caractéristiques de base de la foi islamique est qu’ee
génère chez le croyant une passion pour la liberté. Le
penseur algérien Malik Bennabi avait auparavant affirmé que
la foi islamique accomplit deux objectifs : premièrement,
elle libère l’homme de la servitude et le rend impossible à
asservir ; et deuxièmement, elle lui interdit d’asservir les
autres. De nombreux érudits et penseurs islamiques
contemporains sont d’accord, expliquant que c’est
précisément ce dont il est question dans l’idée moderne du
“djihad”. Pour cette raison, ce n’est pas seulement sur le
champ de bataille qu’un croyant devrait accomplir le djihad,
qui peut être vu comme un effort constant de lutte contre
toutes formes de tyrannie politique ou économique, qu’elle
soit domestique ou étrangère.