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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (58)
Photo CPI
Jeudi 17 décembre 2009
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
L’idéologie de libération du
Hamas (7)
La
tahdi’ah
Le Hamas n’eut recours à l’attaque suicide que dans l’espoir de
forcer Israël à accepter d’épargner les civils des deux côtés,
ou même mieux encore, de négocier un accord de cessez-le-feu à
long terme. Après avoir été libéré de sa détention et suite à
son retour à Gaza en octobre 1997, Sheikh Ahmad Yassin proposa
de suspendre les opérations martyres du Hamas si les Israéliens
étaient prêts, comme il le dit, « à arrêter leurs attaques
contre les civils [palestiniens], à mettre fin à la confiscation
des terres et à la démolition des maisons et à libérer les
prisonniers et détenus ». Ceci n’est pas tout à fait la même
chose que la trêve dans laquelle son mouvement était prêt à
s’engager, à condition qu’Israël accepte de se retirer de la
Cisjordanie et de Gaza et démantèle ses colonies juives. La
proposition de trêve fut réitéré en octobre 1999 par les
brigades Ezzeddine Al-Qassam, qui dirent qu’elles étaient prêtes
à arrêter leurs attaques contre les civils israéliens, « à
condition qu’Israël arrête ses activités coloniales et la
confiscation de terres et à condition que les soldats israéliens
et colons juifs arrêtent d’attaquer les civils palestiniens ».
Il y eut au moins trois occasions dans lesquelles une “hudna
temporaire”, habituellement qualifiée de tahdi’ah
(accalmie), fut déclarée unilatéralement par le Hamas et
d’autres factions palestiniens. La plus récente tahdi’ah,
que le Hamas à continuer de suivre jusqu’au moins le 9 juin
2006, fut convenue lors des discussions du Caire en mars 2005 ;
elle était supposée durer jusqu’à la fin de 2005, mais elle se
poursuivit bien au-delà. La première tahdi’ah,
cependant, fut en 2002, et fut négociée par l’émissaire de
l’Union Européenne Alastair Crooke. Cette tahdi’ah fut
brisée quelques semaines plus tard, lorsque les Israéliens
assassinèrent le leader du Hamas Salah Shihadah le 22 uillet
2002. Le 29 juin 2003, le Hamas et le Jihad Islamique
déclarèrent une trêve unilatérale. La décision d’observer cette
tahdi’ah fut annoncée par le leader du Hamas Abd
Al-Aziz Al-Rantissi, qui expliqua que c’était un geste pour
donner une chance au premier ministre nouvellement élu Mahmoud
Abbas de négocier avec les Israéliens. Cette seconde
tahdi’ah prit fin sept semaines plus tard, lorsqu’Israël
assassina le leader du Hamas Isma’il Abu Shanab le 21 août 2003.
Israël prétendit que l’assassinat venait en réplique à une
attaque d’un bus de Jérusalem qui laissa vingt et un Israéliens
morts et plus d’une centaine blessés.
En fait, les Israéliens ne reconnurent ni n’acceptèrent jamais
les trêves unilatérales déclarées par les factions islamiques en
Palestine, continuant de poursuivre leur stratégie d’élimination
de toute personne qu’ils considéraient être une menace pour leur
sécurité. Durant le mois de juillet 2003, un certain nombre de
Palestiniens furent assassinés à Naplouse et à Hébron. Le 19
août 2003, une attaque à Jérusalem fut exécutée par Ra’id Misk,
un natif d’Hébron, en réplique à l’assassinat de certains de ses
collègues membres du Hamas à Hébron par des unités spéciales de
l’armée israélienne après la déclaration de la trêve. Il apparut
plus tard que les membres du Hamas à Hébron reçurent pour ordre
d’observer la trêve en dépit des provocations israéliennes.
Toutefois, ils ne pouvaient rester sans ne rien faire alors que
leurs collègues étaient poursuivis et atteints, l’un après
l’autre. La campagne israélienne d’assassinats ciblés dans la
région d’Hébron commença avant que le Hamas n’ait déclaré sa
trêve unilatérale, et elle incluait le meurtre d’un leader local
du Hamas, Sheikh Abdullah Al-Qawassimi, le 22 juin 2003.
Le refus d’Israël d’agir de manière réciproque amena de nombreux
Palestiniens à perdre confiance en l’utilité de déclarer une
trêve unilatérale. Le sens de frustration s’intensifia lorsque
l’Union Européenne décida en août 2003 de bannir le Hamas et de
le placer sur la liste des organisations terroristes. Le 6
septembre 2003, encouragée par la décision de l’Union
Européenne, Israël fit sa première tentative d’assassinat de
Sheikh Ahmad Yassine. Un avion de combat israélien largua une
bombe de plus de deux cents kilogrammes sur un bâtimet
résidentielle dans la ville de Gaza, où Sheikh Yassine était en
visite en la compagnie d’une certain nombre de figures du Hamas
dont Ismaïl Haniyeh, qui devint premier ministre en 2006. Quinze
Palestiniens furent blessés, et Sheikh Yassine fut assez
chanceux pour s’en sortir avec des égratignures. Dans une
déclaration donnée au journaliste Graham Usher suite à cette
tentative d’assassinat échouée, Sheikh Yassine dit : « Nous
avons donné à l’ennemi israélienne une hudna de
cinquante jours, mais les Israéliens ne s’y sont pas engagés.
Ils ont continué leur agression, leurs assassinats et leurs
crimes et ont érigés ce mur de séparation qu’ils continuent de
construire. Leurs colonies continuent de voler notre terre. Il y
a des démolitions de maisons et des destructions partout en
Cisjordanie et à Gaza. Hier même, à Gaza, ils ont démoli trois
tours sous prétexte qu’elles étaient construites prêts d’une
colonie. Dites-moi, où vont aller ces familles qui vivaient dans
ces tours ? Ce n’est donc pas une question de ce que pense le
Hamas ou de ce que pense le Fatah. C’est une question d’intérêt
national palestinien : est-ce que cela réside dans la résistance
ou dans la déclaration d’une hudna ? ».
Les Israéliens tentèrent aussi d’assassiner Dr. Mahmoud Al-Zahhar
avec une frappe aérienne sur sa demeure familiale, qui la
démolit. Dr. Al-Zahhar s’en sorti avec des blessures, mais
perdit son fils aîné dans l’attaque, qui laissa son épouse
paralysée de manière permanente et blessa sérieusement sa fille.
Dans un rassemblement organisé en novembre de cette année,
Sheikh Yassine déclara que le mouvement trouvait futile
d’observer un cessez-le-feu de manière unilatérale. Il dit :
« Nous avons déclaré une trêve dans le passé, mais elle a échoué
car Israël ne veut pas la paix ou la sécurité pour le peuple
palestinien ». S’adressant au même rassemblement, le leader du
Hamas Al-Zahhar appela les Palestiniens à reprendre la
résistance armée.
A la suite des attaques du 11 septembre à Washington et New
York, la controverse sur les attaques suicides s’intensifia. Le
débat en cours dans les cercles jurisprudentiels et politiques
islamiques au sujet des opérations martyres sera discuté dans le
chapitre suivant.
Hamas: son histoire de
l'intérieur (57)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (59)
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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