|
Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (30)
Photo CPI
Dimanche 17 mai 2009
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
En Jordanie
(10)
Cette conduite de la part d’Issam Al-Najjar causa une confusion
et une interrogation parmi les membres du Hamas et dans les
cercles des Ikhwan. Certains pensèrent qu’il était possible que
toute son histoire ait pu été une invention. D’autres
suggérèrent qu’il avait été recruté par le DRG, et que sa
détention ainsi que son histoire de torture à laquelle il avait
été sujet n’étaient qu’un stratagème pour couvrir sa mission,
qui était de causer une division entre le Hamas et les Ikhwan.
Muhammed Nazzal, toutefois, prit un autre point de vue. Il
connaissait bien Al-Najjar, ayant travaillé ensemble pendant un
bon temps et ayant tout deux été à l’origine des résidents du
Koweït. Nazzal croyait que l’histoire de la persécution d’Al-Najjar
était véridique, et qu’il avait donc pu ensuite été sujet à
davantage de pression du DRG pour qu’il collabore. Une autre
possibilité était qu’il avait pu être motivé par un besoin de
s’en prendre au Hamas pour avoir permis que de telles choses se
produisent contre lui.
Un tribunal interne du Hamas fut mis en place pour écouter les
charges et les contre-accusations. Al-Najjar fut déclaré
coupable d’avoir fomenté une sédition ; son adhésion au Hamas
fut suspendue pendant un an ; et il fut décidé que toute
promotion future lui serait interdite au sein de la hiérarchie
de l’organisation. Il présenta son affaire au secrétaire
adjoint du bureau exécutif des Ikhwan jordaniens, Yahya Shaqra,
à qui il dit qu’il avait des informations très sensibles que la
direction des Ikhwan devait connaître. Lorsqu’il fut interrogé
sur la teneur de ces informations, il dit que ce qu’il avait
écrit plus tôt disant que le DRG l’avait torturé alors qu’il
était en détention était totalement sans fondement. Stupéfait
par la révélation, Shaqra lui demanda pourquoi il avait fait les
allégations en premier lieu. Al-Najjar prétendit alors que
Khaled Meshaal lui avait ordonné de le faire. Al-Najjar
poursuivit en disant que Meshaal lui avait dit après sa
libération de la détention du DRG que le Hamas avait un plan
pour discréditer le DRG avant de lancer une campagne publique
contre lui. Dans cette optique, Meshaal avait demandé à Al-Najjar
de faire ses allégations de tortures contre le DRG. Faisant
référence à la direction du Hamas, Al-Najjar dit alors à Shaqra
qu’il avait des informations top secrètes qui « exposeraient ces
gens pour ce qu’ils sont ». Intrigué par ce qu’il venait
d’entendre, Shaqra promit à Al-Najjar une audition devant le
bureau exécutif des Ikhwan.
Sans retourner à la direction du Hamas ou en parler à Meshaal,
un comité top secret des Ikhwan fut mis en place pour vérifier
les allégations d’Al-Najjar. Dirigé par le leader adjoint des
Ikhwan Imad Abu Dayyah, le comité comportait aussi les membres
du bureau exécutif des Ikhwan Salim Al-Falahat et Haytham Abu
Al-Radhib, en plus de Yahya Shaqra. Lorsque Meshaal fut au
courant de cela, il contacta immédiatement les membres du bureau
exécutif des Ikhwan. Meshaal nia catégoriquement les allégations
portées contre lui, insistant qu’Al-Najjar mentait et protestant
contre la décision des Ikhwan de s’engager dans une
investigation sans parler de l’affaire à lui et à ses collègues
du Hamas. Le bureau exécutif des Ikhwan n’accepta pas son
objection et continua ses enquêtes.
Au sens précis du terme, les officiels du Hamas en Jordanie
étaient membres des Ikhwan jordaniens, et ils étaient supposés
rendre des comptes à leur direction. Ce qui aurait dû être une
question de formalité s’était changé en une crise majeure, car
pendant environ cinq ans, ni le Hamas ni les Ikhwan n’avaient
fait attention à la transformation rapide qu’avait subi le Hamas
et aux implications du changement sur la relation entre les deux
organisations. Dans la pratique, il n’était plus possible pour
les Ikhwan de la Jordanie d’imposer leur volonté au Hamas,
organisation qui s’était vite mis à voler de ses propres ailes.
Les deux parties devaient reconsidérer leur relation, qui ne
pouvait plus être une relation de patronage. Peut-être que les
relations entre eux deux devaient plus être d’une nature
fraternelle. D’une part, les leaders des Ikhwan jordaniens se
virent comme la source ultime d’autorité, considérant ceux qui
travaillaient pour le Hamas dans le pays, comme Meshaal et ses
collègues, comme des membres d’un département au sein de
l’ensemble du corps des Ikhwan. Toutefois, ces hommes ne se
voyaient plus comme tel. Ils avaient constitué la haute
direction du Hamas depuis 1989 et exercé leur propre autorité.
D’autre part, alors que Meshaal et ses amis se comportaient de
manière très autonome lorsque cela leur convenait, ils croyaient
toujours avoir le droit d’utiliser les locaux et équipements des
Ikhwan et de recruter qui ils voulaient des rangs des Ikhwan
jordaniens. Du point de vue jordanien, les leaders du Hamas se
comportaient comme si leurs besoins et problèmes avaient une
priorité sur tous les autres. C’était une erreur de jugement
réciproque de laisser aussi longtemps non résolues les questions
d’autorité et de juridiction. Inévitablement, une barrière
d’incompréhension s’ériga entre les deux parties et un climat de
manque de confiance prévalut au sein de l’organisation en
général.
Hamas: son histoire de
l'intérieur (29)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (31)
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
|