Ta'ayush est un mouvement judéo-arabe qui s'est constitué après
le massacre de Galilée en octobre 2000. Ta'ayush veut dire coopération,
convivialité, c'est une organisation où tout se fait à deux
personnes, l'une israélienne, l'autre palestinienne.
Avez-vous entendu parlé de la
manifestation pacifiste israélo-palestinienne du 10 août 2002?
Depuis mon retour de Palestine
et d'Israël, je pose cette question: Avez-vous entendu parlé de la
première manifestation pacifiste israélo-palestinienne du 10 août
2002? Et la réponse est négative.
Alors, pourquoi n'en a-t-on
pas entendu parler? Il y avait au moins deux journalistes de l'AFP
sur place, elles voulaient qu'on leur parle des missions civiles
alors qu'une militante de Ta'ayush nous expliquait le déroulement
de la manifestation. Ta'ayush est un mouvement judéo-arabe qui
s'est constitué après le massacre de Galilée en octobre 2000, où
l'armée israélienne a tiré sur les Palestiniens: il y eu 13
morts, des centaines de blessés et d'arrestations.
Ta'ayush veut dire coopération,
convivialité, c'est une organisation où tout se fait à deux
personnes, l'une israélienne, l'autre palestinienne.
Ta'ayush fait des actions pour
dénoncer la répression, pour réclamer les mêmes droits aux Israéliens
et aux Palestiniens, elle participe aux travaux pour la voirie et le
service des eaux des villages arabes non reconnus et elle suit de très
près les travaux de la commission d'enquête nationale sur le
massacre de Galilée.
Ta'ayush a préparé depuis
des mois cette manifestation du 10 août, le mot d'ordre est: «Vous
êtes des menteurs, il y a à qui parler (il y a un partenaire)»
(on nous a dit que cela rimait en hébreu).
Les pacifistes israéliens et
les internationaux se regroupent au check-point de Bethléem, et de
l'autre côté les Palestiniens les attendent sur la place de l'Église
de la Nativité. Entre les deux, le check-point, et l'armée israélienne
en nombre.
Du côté israélien, à peu
près 500 pacifistes, du côté palestinien 600, qui vont, viennent,
attendent.
Les manifestants reçoivent
d'abord des jets d'eau, une seule fois, car c'était plutôt
bienvenu sous le soleil de plomb.
Ensuite, ce sont deux soldats
à cheval qui chargent les manifestants en fouettant avec leurs rênes
les personnes à leur portée. Deux blessés israéliens qui ont
roulé sous les pattes des chevaux.
Sit-in devant le check-point
tandis que des militants tentent de négocier le passage. C'est là
qu'on nous apprend qu'un Israélien se faisant passer pour un
militant de Ta'ayush a donné une interview à la télévision israélienne
pour dire que Ta'ayush avait l'intention d'assassiner des hommes
politiques israéliens.
Il est hors de question que
l'armée laisse passer la manifestation, qui se dirige alors à pied
vers un autre check-point non loin de là. Même refus.
Alors, à partir de portables
et de mégaphones dans une voiture, les discours qui auraient dû être
échangés sur la place de la Nativité sont dits de part et
d'autre.
Les Israéliens font part des
longues discussions, parfois difficiles, pour préparer cette
rencontre, mais aussi de leur étonnement de constater qu'il s'était
trouvé beaucoup plus de points d'accord entre Palestiniens et Israéliens
que ce qu'ils n'en escomptaient.
Les Palestiniens disent qu'ils
ont attendu, que parmi les personnes présentes, beaucoup avaient
perdu un membre de leur famille ou vu leur maison détruite, et
pourtant ils étaient là parce qu'ils croient en une paix juste. Si
la rencontre n'a pu avoir lieu physiquement, elle a eu lieu «spirituellement»
et ils en soulignent l'importance. Si on comprend pourquoi l'armée
israélienne ne veut pas d'une rencontre entre Palestiniens et Israéliens,
on peut se demander pourquoi la presse en France ne relaie pas ces
initiatives courageuses. Est-ce parce que c'est une trop petite
manifestation?
Les médias israéliens en ont
parlé, nous a-t-on dit.
Ghislaine,
pour la 27ème Mission civile
Reproduction
interdite © Solidarité-Palestine
|