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L’écran de fumée de Gaza : 
Interview de Hind Khoury

 
Par Palestine Report
Cette semaine, Palestine Report a interviewé Hind Khoury, le ministre des Affaires pour Jérusalem

Le gouvernement israélien se sert du retrait de Gaza pour faire un écran de fumée destiné à couvrir ce qu’il fait à Jérusalem-Est.
Ces mesures intègrent la poursuite de la construction du mur, et, conformément à la décision de juillet dernier, couperont pratiquement Jérusalem-Est de la Cisjordanie à dater du 1er septembre.
Les gens devront alors transiter par ce qu’ils appellent des "passages" mais qui sont de facto et en réalité des frontières.
PR : En quoi tous les regards braqués sur Gaza, affectent–t-ils les évènements de Jérusalem, à vos yeux ?

Khoury : Le gouvernement israélien se sert du retrait de Gaza pour faire un écran de fumée destiné à couvrir ce qu’il fait à Jérusalem-Est.
Ces mesures intègrent la poursuite de la construction du mur, et, conformément à la décision de juillet dernier, couperont pratiquement Jérusalem-Est de la Cisjordanie à dater du 1er septembre.
Les gens devront alors transiter par ce qu’ils appellent des "passages" mais qui sont de facto et en réalité des frontières.
Les mesures israéliennes comprennent aussi l’expansion des colonies de Jérusalem et du Grand Jérusalem telle que définies par la municipalité israélienne, et la délivrance d’ordres de démolition de maisons et d’ordres de démolitions effectives.
Toutes ces mesures visent à mettre en œuvre la politique israélienne pour l’annexion d’autant de terre que possible et à débarrasser Jérusalem du plus possible de Palestiniens Chrétiens et Musulmans.

PR : Est-ce que le Ministère surveille les nombreuses colonies et tous les Palestiniens qui vont être éliminés, etc. ?

Khoury : Beaucoup d’organisations se tiennent au courant de tout cela, mais nous sommes constamment attentifs à l’expansion des colonies et aux nouvelles colonies, et nous soulevons ces problèmes chaque fois que c’est possible, pour informer les media et informer les gens de tout ce qui peut être entrepris légalement.
Nous recueillons aussi des informations sur les conséquences pour les gens. Les gens sont paniqués à l’idée de savoir s’ils pourront entrer dans la ville après le mois de septembre quand beaucoup de monde sera coincé à l’extérieur de la ville.
Selon les informations que nous avons réunies, quelques 68% de tous les professionnels de santé seront coincés derrière le mur et 62% des professeurs pareillement.
Si ces personnes ne peuvent pas aller travailler, si les institutions ne peuvent pas garantir à leurs employés qu’ils peuvent rejoindre leur travail, ces institutions seront dramatiquement touchées car il n’y a pas assez de professionnels pour remplacer ces absences.
Il y a d’autres implications humanitaires.
La perte de leurs moyens d’existence affectera de façon drastique les habitants de Jérusalem et les gens coincés à l’extérieur du mur. Beaucoup des salariés de Jérusalem-Est travaillent à l’extérieur du mur, à Ramallah et Bethléem, mais en plus ils ont des contacts organiques et des liens familiaux.
Pour l’instant, Israël dit que les gens n’auront pas besoin de permis pour quitter la ville, mais nous connaissons les Israéliens ; ils peuvent bien déclarer aujourd’hui qu’aucun permis ne sera nécessaire, mais bientôt, si d’une manière ou d’une autres ces mesures sont acceptées, ils introduiront des permis et même des confiscations de permis.
Ces développements sont terriblement dramatiques pour Jérusalem. Les secteurs à l’Est de la ville sont des territoires occupés et nos considérons que la communauté internationale a le devoir, à ce sujet, d’examiner les responsabilités d’Israël à la lumière de la loi internationale.

PR : Le ministère et l’Autorité Palestinienne en général font-ils le nécessaire pour pousser la communauté internationale à faire quelque chose à cet égard ?

Khoury : Nous avons évidemment des contacts avec la communauté internationale et nous avons soulevé le problème de la division de Jérusalem bien des fois et à tous les niveaux.
Nous allons avoir une rencontre avec toute la communauté diplomatique présente ici le vendredi (12 août) et nous leur présenterons un bulletin d’information détaillant les répercussions humaines, sociales et économiques que l’expansion des colonies et les démolitions de maisons vont avoir sur la ville.
Nous espérons pouvoir discuter avec eux des mesures concrètes que la communauté internationale devra prendre pour que la responsabilité d’Israël soit reconnue et qu’il soit obligé de respecter la loi internationale.

PR : La communauté internationale a-t-elle apporté une réponse ?

Khoury : Souvent la communauté internationale nous demande : "Que voulez-vous que nous fassions ?".
Notre réponse c’est qu’elle a des responsabilités et doit prendre des initiatives.
Nous savons que la communauté internationale respecte la loi internationale et reconnaît Jérusalem comme un territoire occupé.
Nous sommes sûrs qu’elle est hostiles aux souffrances humanitaires engendrées dans la ville. Mais jusqu’ici Israël poursuit ses initiatives, sur une grande échelle et par des moyens encore plus dramatiques, et il incombe à la communauté internationale d’initier des actions concrètes maintenant et de nous dire quelles seront ces mesures.

PR : Le ministère s’efforce-t-il d’atteindre les organisations populaires à l’intérieur même de Jérusalem pour étendre cette action en leur nom ?

Khoury : Nous gardons évidemment les contacts ouverts avec tous les comités de toutes les régions comme Shoufat ou Silwan et nous avons conscience du besoin d’action collective. Nous allons bientôt appeler à un meeting commun pour réunir nos tête pensantes et décider d’un plan d’action collectif.
La plupart des initiatives isolées ne sont de mon point de vue pas suffisamment efficaces ;
Cela requiert du travail, et nous travaillons de mieux en mieux avec les organisations populaires de Jérusalem-Est et avec les organisations de la société civile. Nous avons besoin d’en faire encore plus et de le faire dans le futur le plus proche.
Jérusalem-Est va être, quasiment, annexée et coupée du reste des territoires palestiniens. Cela représente au moins 5% de toute la zone cisjordanienne, et sans Jérusalem, la solution à deux états n’est pas viable.
La position du monde entier a été qu’une solution à deux états doit conduire à la paix et à la stabilité dans la région. Ce que menacent particulièrement les mesures israéliennes à Jérusalem.

Source : www.palestinereport.org/

Traduction : CS pour ISM


Source : ISM
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=3407&type=analyse&lesujet=Colonies 


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