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L'EXPRESSIONDZ.COM
LE DÉBAT SUR CETTE QUESTION REVIENT DE
PLUS BELLE
Le voile qui divise la France
Mohamed Boufatah
Photo Atout Guadeloupe
Dimanche 21 juin 2009
Le président Nicolas Sarkozy devrait se prononcer demain sur
cette problématique.
Le débat sur le port du voile islamique refait surface ces
jours-ci en France. La polémique née en particulier autour de la
question sensible des signes religieux, la laïcité en général,
est de nouveau lancée. Ainsi, une soixantaine de députés toutes
tendances confondues, ont demandé une commission d’enquête
parlementaire sur le port de la burqa.
Toutefois, la question qui se pose est de savoir si la France
passera à la phase supérieure? Autrement dit, le gouvernement
français proposera-t-il une loi sur le port du voile intégral
(le niqab ou la burqa)? Le porte-parole du ministère français
des Affaires étrangères, Eric Chatel, n’exclut pas de légiférer
alors que Eric Besson juge qu’une loi génèrerait des tensions.
Toujours est-il que le gouvernement français n’a pas exclu,
vendredi, une loi pour interdire le port du niqab et de la burqa,
devant le débat lancé par des parlementaires qui dénoncent ce
voile intégral revêtu par certaines femmes musulmanes en France.
Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, a estimé le19 juin
dernier, qu’une loi sur le port du voile intégral serait «inefficace
et créerait des tensions qui n’ont pas lieu d’être en ce moment».
«En France, nous sommes déjà allés très loin. Vous ne pouvez
pas, quand vous êtes fonctionnaire, vous voiler la tête dans les
services publics, ni vous présenter avec un voile à l’école»,
a-t-il rappelé au micro d’Europe 1. Une enquête «doit nous
permettre de voir plus clair sur le sujet», de «mesurer
l’ampleur du phénomène et puis ensuite de prendre les décisions
qui s’imposent», a affirmé le porte-parole du gouvernement,
Luc Chatel. «Pourquoi pas une loi», a-t-il dit. Au plus
haut sommet de l’Etat, aucune ligne directrice officielle n’a
été fixée. Le président français Nicolas Sarkozy a fait savoir
qu’il s’exprimerait sur le sujet lundi prochain, lors d’un
discours devant le Parlement. «Il faut que le débat actuel
débouche sur une loi qui protège les femmes», avait exigé
jeudi la secrétaire d’Etat à la Ville, Fadila Amara, d’origine
algérienne. Elle s’est dit «favorable à l’interdiction totale de
la burqa dans notre pays», qualifiant le voile intégral de «cercueil
qui tue les libertés fondamentales». Michèle Alliot-Marie
s’est contentée, de son côté, de poser le cadre du débat: il
faut savoir «ce qui relève de la liberté»des femmes et «ce
qui leur est imposé et qui doit être combattu», a déclaré la
ministre de l’Intérieur et des Cultes. Signe de la sensibilité
du sujet en France, où vivent 5 millions de musulmans, la
question divise les associations, la classe politique, et
jusqu’au gouvernement.
En outre, le port du voile intégral est considéré comme «très
marginal» par les organisations musulmanes. Quelque 2500 femmes
se réclamant du salafisme, un Islam puritain et ritualiste,
seraient concernées, selon des enquêtes récentes. C’est dans la
périphérie des grandes villes, comme Paris et Lyon, que le
phénomène du niqab est le plus visible et en augmentation, selon
les parlementaires favorables à son interdiction.
L’opposition socialiste a appelé à éviter les solutions «simplistes».
«Bien sûr qu’on est opposé à la burqa, au voile intégral,
mais ce que je souhaite d’abord c’est que l’on s’occupe de
l’insertion de ces populations», a expliqué la dirigeante du
PS, Martine Aubry, faisant référence au chômage qui frappe
particulièrement les banlieues défavorisées à forte population
musulmane.
Le Conseil français du culte musulman (Cfcm), organe
représentatif de la communauté, s’est élevé contre l’idée d’une
enquête parlementaire, craignant un «amalgame» et la «stigmatisation
des musulmans». Une idée partagée par Cyrille Aillet,
spécialiste de l’Islam à l’université de Lyon: «Ce débat n’a
pas lieu d’être dans la mesure où c’est un phénomène
ultraminoritaire et où il y a déjà un dispositif législatif en
France.»
«Légiférer sur ce point c’est faire le jeu des extrémistes
car quand ce type d’insigne "burqa-niqab" est porté c’est le
signe d’une pratique puritaine de la religion», dit-il.
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Publié le 21 juin 2009 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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