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Visite
historique du roi d'Arabie saoudite au Vatican
Isabelle de Gaulmyn
Benoît XVI avec le roi Abdullah d'Arabie
Saoudite, au Vatican, mardi 6 novembre
Photo Helgren, Pool/AP
6 novembre 2007 C'est
la première fois qu'un souverain du royaume wahhabite rencontre
le pape.
« Visite de grande importance », avait annoncé la veille L’Osservatore
romano, le quotidien du Vatican. De fait, l’arrivée du roi
Abdallah d’Arabie saoudite mardi 6 novembre n’est pas passée
inaperçue, un cortège de voitures et de motos remontant la Via
della Conciliazione à grande vitesse, alors que, derrière sa
vitre fumée, vêtu de sa grande tunique bleu, blanc et or, le roi
musulman saluait la foule de touristes et de curieux rassemblés
devant la place Saint-Pierre…
C’était la première fois qu’une telle rencontre entre le
pape et le souverain gardien des lieux saints de l’islam avait
lieu. Certes, Abdallah a vu Jean-Paul II, en 1999, mais il était
alors seulement prince héritier du royaume. Une rencontre entre
le roi Fayçal et Paul VI avait été envisagée, mais n’avait
jamais pu avoir lieu, explique même un proche du dossier. Et
aujourd’hui, le Saint-Siège et l’Arabie saoudite n’ont
toujours pas établi de relations diplomatiques.
La visite de mardi avait été préparée par la venue du
ministre saoudien des affaires étrangères, le 6 septembre, au
cours de laquelle le ministre et le pape avaient souhaité « le
lancement d’activités communes en faveur de la paix ».
Cette fois-ci, l’essentiel de cet entretien privé a porté sur
le dialogue interreligieux. L’objectif visé, selon le communiqué
diffusé ensuite par le Vatican, « est la cohabitation fructueuse
et pacifique entre les hommes et les peuples » et « la coopération
entre chrétiens, musulmans et juifs pour la promotion de la paix,
de la justice et des valeurs spirituelles et morales ».
1,5 million de chrétiens en Arabie Saoudite
L’enjeu est
important. D’une part, l’Arabie saoudite est, depuis le XVIIIe
siècle et l’alliance de la famille Saoud avec le wahhabisme,
gouvernée par un régime religieux extrêmement strict, pays
musulman où le lien entre politique et religion est le plus fort
: la Constitution du pays n’est autre que le Coran. De ce fait,
s’appuyant sur un hadith d’ailleurs contesté, l’Arabie
saoudite interdit officiellement tout lieu de culte non musulman
dans la péninsule arabe, considérée comme terre sainte. Or, ce
pays compte aujourd’hui un million et demi de chrétiens,
essentiellement des Philippins, pour lesquels Rome réclame la
liberté religieuse.
Par ailleurs, l’Arabie saoudite exerce une influence importante
dans l’ensemble du monde arabe, ne serait-ce que par les pèlerinages
de La Mecque et de Médine, et aussi du fait de ses moyens
financiers. Le wahhabisme est aujourd’hui en expansion en
Afrique, au Mali par exemple. L’Arabie saoudite constitue donc
un partenaire non négligeable du Vatican pour le dialogue
islamo-chrétien. D’ailleurs, plusieurs dignitaires religieux
d’Arabie saoudite ont signé la lettre envoyée au pape et aux
autres responsables chrétiens (Pour
lire la lettre, cliquez ici).
Isabelle DE GAULMYN, à Rome
Crédit photo :
Helgren, Pool/AP
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