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Politique
Douteux
bénéfice de complicité différenciée
Philippe Randa
Philippe Randa
Mardi 6 novembre 2007
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux
en droits… sauf les journalistes dont les droits sont à l’évidence
supérieures aux autres. La loi fait obligation à tout citoyen de
dénoncer un délit dont il a connaissance, voir d’intervenir
pour l’empêcher au risque de voir sa propre responsabilité
engagée et d’être accusé à son tour de non-assistance à
personne en danger, voire de « complicité passive ».
Mais le journaliste, lui, doit « bénéficier d’un traitement
différencié », ainsi que l’a rappelé Pascal Manoukian, rédacteur
en chef à l’agence Capa, dont l’un des reporters, Marc
Garmirian, était arrêté au Tchad.
Nicolas Sarkozy s’est donc précipité en Afrique, toutes
affaires présidentielles cessantes, pour « sensibiliser » son
homologue tchadien « au respect de la présomption d’innocence
», insistant sur le cas des journalistes français et de l’équipage
espagnol.
Message bien reçu par Idriss Deby Itno dont l’image médiatique
a quelque peu besoin d’être redorée. Il l’a ainsi bien
volontiers autorisé à rapatrier aussitôt journalistes et hôtesses
de l’air espagnoles. Le speedy Gonzales des libérations
internationales a déposé lui-même ces dames à Madrid. C’était
certes sur son chemin, mais la galanterie ne se discute pas,
encore moins sous les caméras.
Jusqu’à quand laissera-t-on les journalistes s’auto-proclamer,
à la différence des autres citoyens, au-dessus des lois ?
Les verra-t-on un jour prochain accompagner des braqueurs lors
d’un hold-up ou un violeur durant son passe à l’acte, puis se
retrancher derrière ce bien pratique « droit à l’information
» pour ne pas être inquiétés ?
Au Tchad, ils ont tout de même été les témoins privilégiés
d’une tentative avérée – et reconnue avec fierté par les
auteurs – d’« enlèvement de mineurs », si ce n’est peut-être
d’« escroquerie ». Des jours durant, avant le coup de filet
des autorités tchadiennes, ils ont complaisamment filmés tout ce
qu’ils ont voulu, interviewant les uns et les autres, faisant même
part à leurs interlocuteurs de leurs très naïfs étonnements
quant à la légalité de l’opération, la nationalité réelle
des enfants, la réalité de leur statut d’orphelins, etc.
Ils ne tenaient qu’à eux de prévenir alors qu’il en était
encore temps autorités tchadiennes ou françaises et faire
avorter le criminel projet de cet Arche de tarés humanitaires.
Ce fameux « droit à l’information » qu’ils brandissent à
tout bout de champ, s’avère bien souvent, comme à Abéché, au
Tchad, un simple « droit à la complicité ».
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