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Politique
Sarkozy
et les bras cassés humanitaires
Philippe Randa
Membres de l'association française l'Arche de
Zoé s'entretenant avec le président tchadien Idriss Déby.
Photo Reuters
Jeudi 1er novembre 2007
S’il n’y avait quelques dégâts collatéraux
comme la centaine d’enfants ballottés au gré de promesses
fallacieuses sur fond d’utopies droits-de-l’hommistes et le
dramatique discrédit sur l’adoption internationale dont les
Français en attente d’un enfant n’avaient certes pas besoin,
la pantalonnade offerte par l’Arche de Zoé au Tchad serait «
tout bénef », finalement.
Pour le bon sens en général et pour Nicolas Sarkozy en
particulier.
Désormais, les organisations plus politiques qu’humanitaires y
regarderont sans doute à deux fois avant de s’ingérer dans les
affaires intérieures d’un État, surtout africain. Jouer les
samaritains pour se donner bonne conscience en fustigeant, à la
moindre occasion, devant les médias, l’indifférence de leurs
pays déclarés riches face à la misère du monde entier est une
chose ! Passer quelques temps dans les culs de basse fosse des
prisons locales, en est une autre. Gageons que les ardeurs
tier-mondistes des chevaliers de la repentance de l’homme blanc,
vont singulièrement se calmer.
Surtout si les irresponsables de l’Arche de Zoé s’attendent
à être accueillis en héros à leur retour. C’aurait pu être
le cas ces dernières décennies, mais le vent de la compassion
tiers-mondiste a désormais tourné en occident. Crise économique,
dégâts de l’immigration incontrôlée, 11 septembre 2001,
attentats islamistes, bourbier américain en Irak : l’homme
blanc et repentant est toujours blanc, mais réalise tout de même
que les délires post-colonialistes dont on lui a martelé les
oreilles un demi-siècle durant, sont une rengaine dont il se
passerait aisément !
La repentance, c’est surtout quand on arrête que ça fait du
bien.
La pire punition de ces Pieds-Nickelés sera sans doute de découvrir
– si ce n’est fait – dans quelles considérations ils sont
tenus par leur compatriotes : au mieux pour des salauds de
trafiquants d’enfants – ce qu’ils ne sont sans doute pas. Même
pas ! – au pire pour des crétins à rééduquer à grands coups
de pompes dans le derrière.
Rééduquer, oui… car si l’on part du principe que ces Zozos
de l’humanitaire sont sincères, et malheureusement, il y a tout
lieu de le craindre, c’est à des cours de rattrapage accélérés
de bon sens qu’ils devront être soumis avant de pouvoir être
relâchés dans la nature. La récidive a plus mauvaise presse
encore de nos jours que la bêtise.
Nicolas Sarkozy est-il si contrarié que cela ? J’en doute fort.
Sa vraiment très jolie secrétaire d’État Rama Yade n’a pas
caché que le quai d’Orsay était au courant des intentions de
l’Arche de Zoé d’enfreindre les lois tchadiennes… mais a
laissé faire. Tout aurait donc pu être évité, mais rien ne
l’a été.
Le redoutable maître en communication qu’est l’actuel chef de
l’État a probablement vu tous les avantages qu’il allait
tirer de l’aventure : il ne serait guère étonnant qu’il ait
négocié en sous-main avant même leur arrestation, la libération
prochaine des membres de l’ONG avec le président tchadien
Idriss Déby. Ce, donc, à moindre frais, si frais il y a. Il le
fera savoir haut et fort aux contribuables français qui ne
pourront que lui en être gré. Bis repetita placent : après la
libération des infirmières bulgares, celle de bras cassés
humanitaires, il n’y a pas de petits profits électoraux.
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