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Opinion

Dominique de Villepin sur RTL le 24/08/2010


Dominique de Villepin : Une politique « inefficace, indigne et dangereuse »
envoyé par rtl-fr. - L'actualité du moment en vidéo.

Mardi 24 août 2010

Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Dominique de Villepin.

Dominique de Villepin : Bonjour.

Vous signez dans le journal « Le Monde », daté d’aujourd’hui, une tribune très violente contre Nicolas Sarkozy. C’est le discours prononcé par le Président de la République à Grenoble, le 30 juillet dernier, qui vous en fournit l’occasion dans ce discours consacré à la lutte contre l’insécurité. Le Président de la République proposait notamment « de retirer la nationalité française à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un policier ou d’un gendarme ». Vous évoquez dans votre tribune – la citation est celle-ci : « Une tache de honte sur le drapeau ». « Il aura suffi, écrivez-vous, d’un discours à Grenoble pour que tout bascule dans l’indignité nationale ». Assumez-vous, ce matin, Dominique de Villepin, au micro d’RTL, votre rupture avec Nicolas Sarkozy ?

J’assume ma tribune, j’assume mes mots, je laisse la rupture à Nicolas Sarkozy.

C’est une rupture.

Il y a trois questions.

C’est vous qui la provoquez en qualifiant ainsi le discours de Nicolas Sarkozy.

La rupture, ce sont les mots de Nicolas Sarkozy, ce ne sont pas mes mots. Je veux, au contraire, le rassemblement de tous les Français dans un moment difficile pour notre pays ; et je me suis posé trois questions avant d’écrire cette tribune.

Première question : est-ce que cette politique qui est menée de surenchère sécuritaire est digne ? Il suffit d’écouter les voix au sein du comité de l’ONU, d’écouter les voix de l’Eglise, du pape lui-même. Il suffit de lire la presse du « Monde » entier. Est-ce que le « New York Times », le « Los Angeles Times », la presse britannique, la presse chinoise, la presse indienne se sont donné le mot pour conspirer contre la France ; ou est-ce que ces presses-là disent le profond rejet, voire le dégoût qu’inspire cette politique-là ?

Pour vous, elle est « indigne ».

C’est une politique indigne. Deuxièmement, est-ce que cette politique est efficace ? Peut-on même qualifier cette politique de sécurité ou de sécuritaire ? En aucun cas, c’est une stratégie électorale. Cette politique n’apporte rien à la sécurité quotidienne des Français ; ce n’est pas d’ailleurs son objectif, elle n’a pas vocation à être appliquée. Cette politique, elle a pour but d’activer le clivage entre la Droite et la Gauche ; et là, je m’insurge parce que la Droite française, ce n’est pas ça. Moi je suis issu de ce qu’on appelle la Droite comme gaulliste. Est-ce que les Gaullistes se retrouvent dans cette politique ? Est-ce que les Démocrates chrétiens se retrouvent dans cette politique ? Est-ce que les Catholiques sociaux, les Catholiques de Gauche, se retrouvent dans cette politique ? Tout ça n’est pas l’esprit de la politique française. Ce n’est pas l’esprit de la France.

Troisième question : est-ce que cette politique n’est pas dangereuse ? Alors là, je dis oui. Oui, cette politique est source de troubles et d’insécurités parce qu’elle divise les Français. Vous voyez bien que nous sommes là dans une dérive qui est lourde de conséquences et qui ne concerne en rien la sécurité parce que si nous voulons, et je suis favorable à une politique de sécurité renforcée dans notre pays, nous avons vu combien et beaucoup grâce à Nicolas Sarkozy de 2002 à 2007, nous avons marqué des points en matière de sécurité. Et depuis 2007, eh bien les choses sont plus difficiles parce que nous sommes dans une nouvelle période avec des violences de plus en plus fortes et de plus en plus jeunes. Ca implique d’utiliser les bons outils.

Mettons en place une véritable politique de proximité tirant les leçons de l’échec de la Gauche dans ce domaine avec les unités territoriales de quartier ; faisons en sorte d’activer des outils comme les groupements d’intervention régionaux ou départementaux, menons une vraie politique éducative avec un Corps d’enseignants spécialisés dans les zones sensibles. Il y a des outils, ces outils, encore faut-il désirer vraiment les mettre en œuvre.

En tout cas, les mots que vous employez ce matin sur RTL sont clairs, Dominique de Villepin : politique inefficace, dangereuse, indigne. Plus aucun accord n’est possible, selon vous, avec le Président Nicolas Sarkozy.

Mais je ne suis pas un homme d’extrêmes. Que cette politique fasse le jeu de l’extrême droite, je le regrette fortement. Cette politique n’est pas la politique de la Droite et ce n’est pas l’intérêt de notre pays. Rappelons-nous, monsieur Aphatie, parce que c’est important ; rappelons-nous : nous sommes en 2010 dans une rentrée très difficile. Il y a 600.000 Jeunes qui rentrent ces jours-ci sur le marché du travail et qui pour beaucoup ne vont pas trouver d’emploi ; nous avons un déficit colossal ; nous sommes à la recherche de plusieurs milliards d’euros.

Nous devrions être tous ensemble en train de nous atteler aux vrais problèmes y compris ceux de la sécurité ; et que faisons-nous ? Eh bien, nous recherchons des bouc-émissaires, nous dénonçons des populations, là où il faudrait – au contraire – être mobilisés avec tous les outils. Je me mets à la place des policiers, des gendarmes. Je me mets à la place des préfets, des ambassadeurs. Je peux vous dire que leur malaise est très profond. Ils ne croient pas à l’efficacité de cette politique, pas plus d’ailleurs que la plupart des ministres du gouvernement.

Souhaitez-vous que l’action de Nicolas Sarkozy à la tête de l’Etat cesse en 2012 ?

Je souhaite que l’action de Nicolas Sarkozy redevienne sereine, qu’elle redevienne une action au service des Français de l’intérêt général et je souhaite que les Français en conscience, fassent le choix qui est le leur pour 2012…

Pourriez-vous soutenir…

… En ce qui me concerne, je ne pourrai certainement pas soutenir la poursuite d’une politique que j’ai qualifiée dans ce domaine précis d’indigne, d’inefficace et de dangereuse. Mais enfin, vous savez, il arrive que la grâce puisse survenir de la même façon que je souhaite que le ministre de l’intérieur en rencontrant André XXIII puisse comprendre que cette politique n’en est pas une, c’est une politique électorale, c’est une stratégie électorale, ce n’est pas une politique de sécurité.

On ne peut pas dire à la fois, Dominique de Villepin, que la politique est indigne et puis, imaginez que la grâce puisse revenir ; quand on dit que la politique est indigne, on coupe les ponts. Vous le savez comme nous ?

Au cœur de toute foi, il y a l’espérance, monsieur Aphatie.

Mais quand on parle d’indignité, tout de même ! Celui qui reçoit le mot doit se dire que…

Tout le monde peut être relevé ; il n’y a pas de fatalité à ce que la France soit abaissée comme elle l’est aujourd’hui.

Vous évoquez dans le journal « Le Monde », donc dans la tribune que vous avez signée hier, un devoir de préparation de l’alternative politique qui s’impose...

Républicaine.

Oui, je ne sais pas…

Je parle d’alternative républicaine.

Incarnez-vous, aujourd’hui, cette alternative républicaine, Dominique de Villepin ?

Tous ceux qui ont une conscience, tous les responsables politiques qui prennent leurs responsabilités ont vocation à la préparer mais j’estime puisque nous parlons de politique de sécurité que vouloir enfourcher une politique qui n’a pas l’objectif, qui n’a pas le but, qui ne se donne pas les moyens d’améliorer la sécurité des Français, eh bien c’est aller dans le sens d’une impasse. Donc je suis pour que l’on revienne à la réalité. Le déni de réalité dans lequel s’est installé malheureusement, à bien des égards, ce gouvernement, fait que les Français souffrent aujourd’hui des faillites, des échecs de cette politique.

Vous avez dit au passage, Dominique de Villepin, que la plupart des ministres ne croyaient pas à l’action engagée par Nicolas Sarkozy en matière de sécurité.

Beaucoup, beaucoup.

Qu’est-ce qui vous permet de le dire ?

Eh bien écoutez, d’abord, vous-même, les uns et les autres…. Il suffit…

Non, non, non…

… Il suffit d’écouter les radios ce matin…

Si vous le dites au micro de RTL, c’est que vous devez bénéficier d’autres sources…

… Et puis j’ai un certain nombre de contacts, je rencontre un certain nombre de ministres qui sont malheureux et mal à l’aise.

Des ministres qui sont aujourd’hui au gouvernement partagent le constat que vous faites de l’indignité de la politique suivie ?

Oui, dans l’ombre ; malheureusement, ils ne le disent pas ouvertement, ne pourraient pas le dire ouvertement ; mais ils sont malheureux et mal à l’aise avec la politique qui est menée.

Certains journalistes s’étonnent, ce matin, du silence du Premier ministre. Vous avez des indices qui vous permettent de penser que le Premier ministre fait partie de ces gens qui n’approuvent pas le discours du Président de la République en la matière ?

Je pense que François Fillon, qui est un homme de qualité, ne peut pas être très à l’aise avec cette politique-là ; je pense que la Garde des Sceaux, qu’on n’a pas beaucoup entendue, ne peut pas être très à l’aise avec cette politique-là. Je crois que d’une manière générale, cette politique n’est pas celle de la France et n’est pas l’intérêt du gouvernement.

On essaie de comprendre votre démarche politique, Dominique de Villepin…

Elle est assez simple et assez claire, monsieur Aphatie.

Vous employez des mots très durs, vous en tirerez sans doute des conséquences. Assez curieusement, vous avez fait savoir à la fin juillet que vous aviez renouvelé votre adhésion à l’UMP…

Il n’y a rien de curieux.

Alors là, on a du mal à comprendre ?

Pas du tout, mais c’est très simple. J’ai dit ce matin que la Droite française ne pouvait pas se retrouver dans la politique qui est menée. J’ai toujours pensé que ma famille politique d’origine qui est l’UMP n’avait pas vocation à être tirée vers l’extrême droite comme elle l’est aujourd’hui ; et le combat, j’entends le mener et au sein…

Vous en tirez des conclusions ?

J’en tire les conclusions. C’est que le combat, il faut le mener encore plus fortement. Je le dis dans ma tribune : préparer une alternative républicaine, c’est vrai ; au sein de la Majorité c’est vrai, en dehors de la Majorité. Vous savez, je suis un homme qui ne se divise pas. Je mène le combat à l’intérieur, et je mène le combat à l’extérieur.

Mais vous restez membre de l’UMP ?

Et je suis toujours membre de l’UMP, monsieur Aphatie, et serein.

Vous convenez que tout ça n’est pas facile à comprendre ?

Tout ça ! Mettez-vous à la place des électeurs de l’UMP, vous pensez vraiment qu’ils se retrouvent dans la politique à mener. Vous pensez qu’Alain Juppé, que Jean-Pierre Raffarin est à l’aise avec cette politique, Jacques Chirac membre de l’UMP. Vous pensez qu’ils se retrouvent dans cette politique-là ? Non, monsieur Aphatie. Le combat, il faut le mener partout et c’est ce que je demande aux Français. Il faut que les consciences se mobilisent.

Et vous serez candidat en 2012 !

Ca, c’est vous qui le dites, monsieur Aphatie.

C’est moi qui l’ai dit. Dominique de Villepin était l’invité de RTL ce matin.

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Source : République Solidaire
http://www.republiquesolidaire.fr/...


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