Marche internationale pour Gaza
Compte-rendu de notre périple égyptien
Le Caire, le 7 janvier 2010
Nous (membres d'EGALITE) sommes arrivées le 24 décembre au Caire
pour participer à la "Gaza
Freedom March", une coalition internationale initiée aux
Etats-Unis et visant à réunir des milliers de volontaires pour
dire NON AU BLOCUS DE GAZA.
Alors que cette marche
devait commencer le 27 décembre 2009, c’est-à-dire un an jour
pour jour après le début des bombardements israéliens,
les
autorités égyptiennes nous ont fait comprendre assez rapidement
que cette marche
n'aurait pas lieu !
Motif ? … notre
SECURITE!
Les
autorités égyptiennes nous ont signalé que tout rassemblement ou
manifestation serait totalement interdit, notre seul droit était
de faire du tourisme. Inutile de vous dire que nous étions
continuellement surveillés !
Avec les différentes organisations
internationales participant à la marche, nous avons décidé de
nous faire entendre !
Plusieurs
manifestations ont eu lieu au Caire : devant le syndicats des
journalistes, devant le musée du Caire, devant l'ambassade de
France, l'ambassade d'Israël, sur la place Tahrir près du musée
de Caire, devant les bureaux de la délégation de la commission
européenne, devant la mosquée d'Al Azhar.
Première tentative vers Al Ariche
:
Le 28 décembre 2009.
Vers 14H00, nous avons pris le bus avec une soixantaine de
personnes de différentes organisations : ABP, AFPS, et le groupe
des Luxembourgeois.
Nous
avons été arrêtés au barrage d'Ismailia, où nous avons coopéré
avec les douaniers, en leur donnant nos noms et numéros de
passeport.
Après deux heures de vérification et de contrôle, nous nous
sommes entendus dire que nous n’étions pas autorisés à
poursuivre notre chemin vers Al Ariche.
Grosse déception, colères et incompréhensions envers les
autorités Égyptiennes.
En apprenant que l'ABP ne ferait plus aucune tentative pour
aller à Gaza, nous avons alors décidé d'essayer par nous-mêmes
d'autre tentatives.
Seconde tentative vers Al Ariche :
Le 30 décembre 2009.
Vers
18h00, nous avons loué un minibus et nous sommes répartis en
petits groupes d’une douzaine d’« arabo-musulmans », afin
de faire route vers Al Ariche, déterminés à passer Ismailia.
Arrivés au barrage d'Ismailia, nous avons été à nouveau arrêtés
et contrôlés, cette fois-ci, nos passeports ont été confisqués
pendant plus de 3h.
Après bien des négociations avec les douaniers et les autorités
supérieures, nous avons organisé un setting à côté des douaniers
durant deux heures.
Remarquant que nous étions bien décidés à résister jusqu’au
bout, les douaniers s’en sont pris à notre chauffeur en le
menaçant de lui retirer son permis, si nous ne remontions pas
dans le minibus en direction du Caire.
Afin
de ne lui causer aucun problème, nous avons décidé, malgré notre
déception et notre rage de rebrousser chemin vers le Caire.
Troisième tentative
vers Al Ariche :
Dimanche 3 janvier 2010.
Notre groupe s’est réduit vu le retour de quelques-uns en
Belgique.
Nous ne sommes plus que huit personnes à vouloir tenter une
nouvelle fois d’entrer à Gaza.
Nous avons alors décidé de prendre le car
national avec les Egyptiens afin de nous fondre dans la masse.
Dans le car nous avons rencontré deux Italiens qui avaient
entrepris la même démarche.
Arrivés à notre fameux barrage-«check point » d’Ismailia, un
douanier nous a demandé nos passeports et
après vérification, nous a priés de
descendre du bus avec nos bagages.
Après plus d’une heure de négociation, nous avons dû faire
demi-tour.
Quatrième tentative :
Lundi 4 janvier 2010.
Nous avons pris un car national avec les égyptiens en direction
de Port Saïd et dépassé enfin le check point d’Ismaïlia avec
succès.
Quelle fut notre joie ! Grande satisfaction...avec
manifestations de bonheur de certains et applaudissements. Nous
nous retrouvions donc en route vers Port Saïd.
Arrivés à Port Saïd, nous avons pris un taxi en direction de
Qantara, pour traverser la rive qui sépare Qantara Est de
l'Ouest. Vers 22h, alors que nous nous dirigions vers
l'embarquement des passagers, nous nous sommes faits arrêtés et
contrôlés par des officiers.
Un des officiers a alors contacté son supérieur, celui-ci, muni
de son keffieh et d'une arme, nous a fait une entrée
hollywoodienne avec son véhicule, accompagné de ses gardes. A ce
moment-là, s’en sont suivi, l'interrogatoire, la prise des
passeports et une longue attente.
Finalement, il nous a signalé que pour notre sécurité, aucun
touriste ne pouvait se rendre à El Arish, alors que les
frontières étaient ouvertes depuis le 3 janvier jusqu'au 10 pour
les Arabes, Égyptiens, Palestiniens et ONG. C'est le summum de
notre révolte !
Toujours munis de la même motivation, nous ne baissons pas les
bras et prenons un taxi en direction de El Arish via le pont.
Après une vingtaine de
kilomètres, nous sommes arrêtés au check point d’ El
Qantara. Là, nous avons changé notre tactique et avons déclaré
aux douaniers que nous avions laissé malencontreusement nos
passeports à l'hôtel.
Mais
M. qui faisait semblant d'être endormi, a commencé un rire «
nerveux ». Le douanier nous a alors demandé de nous mettre sur
le coté, et à cet instant les 6 personnes présentes ont été
prises d'un fou rire contagieux. Les douaniers nous ont alors
interrogé à tour de rôle sur nos intentions, notre direction,
nos identités...
Vers
minuit, changement de service des
officiers, et de nouveau un interrogatoire de nature un peu plus
diplomatique cette fois-ci (changement de ton, plus amical),
afin d'obtenir nos passeports. L'officier s'intéressa
particulièrement sur nos origines palestinienne et/ou arabe de
chacun d'entre nous. Après lui avoir confirmé, il insista sur
l'obtention de notre passeport.
Après quelques hésitations nous avons décidé de les lui donner,
dans l'espoir d'un probable passage. Une délégation turque, déjà
présente à notre arrivée, a pu passer, sans trop de difficultés.
Durant l'attente de plusieurs heures, nous avons pu assister au
défilé mais également aux fouilles des camions chargées de
vivres et de matériels à destination de Gaza.
Nous avons appris par la suite que notre chauffeur de taxi a été
arrêté immédiatement pour une infraction commise ultérieurement.
Par conséquent, tout est mis en œuvre pour nous trouver un autre
chauffeur de taxi. D'un ton agressif, les douaniers nous
informent que nous devons rebrousser chemin et que le passage
nous est formellement refusé.
Il est trois heures du matin lorsque nous avons finalement
récupéré nos passeports. Nous avons alors repris la direction de
Qantara, afin de chercher un hôtel.
Ce
fut aussi la fin de notre rêve de rentrer à Gaza cette
fois-ci....avec une grande amertume envers les autorités
égyptiennes, qui ont tout fait pour nous empêcher de visiter nos
frères et sœurs de Gaza.
Toutes
nos péripéties ne sont en rien comparables avec ce que subissent
les Gazaouis, qui vivent quotidiennement
ce blocus
inhumain, qui
affame 1,5 million de personnes depuis maintenant plus de trois
ans.
Nous
déplorons le manque d’intérêt de nos médias locaux, pour
dévoiler le caractère sensible que revête le citoyen belge à
vouloir dénoncer, les injustices vécues par les habitants de
Gaza.
Nous
déplorons l'incapacité de notre ambassade belge à agir pour
l'obtention d'une autorisation de passage à Gaza en prétextant
d'être un petit pays.
Face au silence complice des chefs d'États par rapport à ce
blocus criminel, nous
appelons chacun et chacune à continuer
ses actions. Contribuons chacun et chacune à l'édifice d'une
mobilisation mondiale à la cause palestinienne.
Au
moment ou nous écrivons ces lignes, nous apprenons que le convoi
Viva Palestina est entré mercredi soir dans la bande de Gaza
après un long périple et des incidents avec la police
égyptienne. Ce convoi d’au moins 140 camions et voitures chargés
de nourriture et de matériel médical en provenance d'Europe, de
pays arabes et de Turquie, et dirigé par le député britannique
George Galloway est enfin arrivé à passer. Cela nous met du
baume au cœur et nous nous en réjouissons.
Cela
nous prouve qu’une mobilisation massive et mondiale peut faire
ce que les instances internationales et nos gouvernements sont
incapables de faire.
La
responsabilité de l'Europe et de la Belgique, dans le siège de
Gaza, est importante. Notre silence et notre inaction relèvent
de la complicité. C’est pourquoi notre détermination à rompre le
siège de Gaza reste grande et la campagne pour atteindre ce but
ne fait que commencer.
A
ce titre, nous vous invitons à faire pression sur notre ministre
des Affaires étrangères, afin de
reprendre une action concertée immédiate pour obtenir la levée
du blocus de Gaza avant la fin de la présidence espagnole en
2010.
Nous
n'acceptons pas que puisse perdurer sous nos yeux ce déni de
justice que continuent de subir les Palestiniens. Nous vous
invitons à signer et faire signer cette pétition :
http://www.lapetition.be/en-ligne/agir-pour-lever-le-blocus-de-gaza-5937.html
Salutations égalitaires,
Fatima Zohra, Farah, Zohra, Alyah
Dossier marche internationale pour Gaza
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