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Activisme à Gaza
Erica Silverman

 


La campagne pour les toutes prochaines élections bat son plein dans la ville de Gaza, alors que les rues sont décorées d’affiches et de banderolles et que des rassemblements animés ont lieu un peu partout.

Prenant la parole devant une foule de plusieurs milliers de personnes à l’occasion d’un rassemblement électoral parfaitement organisé au cœur de la ville de Gaza après la prière du vendredi, Saïd Siyam, un des cinq candidats du Hamas dans le district de Gaza, déclarait : « Nous condamnons les actes lâches qui ont abouti à la mort de deux officiers de police égyptiens ... Nous envoyons nos condoléances à nos frères Egyptiens et nous les assurons que nous condamnons ce crime ».

Syriam posa ensuite la question suivante : « Qu’est-ce que cette Autorité [Palestinienne] qui n’est pas capable de protéger un poste frontière ou un bureau de vote ? », faisant allusion aux Brigades des Martyrs al-Aqsa, proches du Fatah, le parti du Président Mahmoud Abbas, et faisant allusion aussi à des « seigneurs de la guerre » qui ont fragilisé la situation dans la Bande de Gaza. Les militants d’al-Aqsa, furieux d’avoir été bloqués par le Fatah dans la procédure de désignation des candidats, se sont réfugiés dans la violence, créant ainsi une situation d’absence de lois et de chaos qui pourrait empêcher qu’aient lieu les élections au Conseil Législatif Palestinien (CLP) prévues le 25 janvier.

L’autre obstacle majeur à ces élections est la volonté israélienne d’interdire aux Palestiniens de Jérusalem-Est de participer au vote, craignant que cela ne préfigure Jérusalem comme future capitale de l’Etat Palestinien, et pour s’opposer à ce que le Hamas ne gagne des sièges au Conseil Législatif Palestinien. Israël, actuellement focalisé sur l’état de santé d’Ariel Sharon, doit encore statuer sur cette question.

Alaa-Al Hamas, le chef des Brigades al-Aqsa, a été interpellé par l’Autorité Palestinienne (AP) mardi dernier [10 janvier] pour être interrogé à propos de l’enlèvement de trois britanniques à Gaza. En signe de protestation, le mercredi après-midi des militants supposés appartenir aux Brigades al-Aqsa ont commencé à casser au bulldozer des sections du mur séparant l’Egypte de la Bande de Gaza, permettant à environ 300 Gazaouites et divers militants de passer en Egypte où ils se sont retrouvés face aux soldats égyptiens. Deux officiers égyptiens ont été tués et une trentaine de personnes ont été blesséses dans les affrontements qui ont suivi, bien que les soldats égyptiens aient évité de tirer sur la foule. Beaucoup de Palestiniens ont été obligés de revenir sur leurs pas, certains ayant eu le temps de ramener quelques marchandises bon marché. Des témoins rapportent que des dizaines d’Egyptiens, en particulier des femmes, sont entrés dans Gaza à la recherche de membres de leurs familles.

La nuit de mercredi [11 janvier] des militants d’al-Aqsa ont encore échangé des coups de feu avec les forces de sécurité de l’AP près de la frontière à Rafah alors que des Gazaouites, certains chargés de valises et partis plein d’espoir étaient obligés de rentrer chez eux car la frontière avait été fermée. Les habitants effrayés se sont réunis devant leurs maisons encore marquées des traces de balles de l’armée israélienne qui avait occupé la zone jusqu’à son retrait en septembre dernier ; à présent ce sont les militants d’al-Aqsa qui leur font peur. Lorsque l’on demande aux habitants s’ils vont voter pour le Fatah aux prochaines élections, ils répondent d’une voix forte : « Hamas ». Pendant ce temps trois enfants blessés par balles ont été emmenés rapidement à l’hôpital le plus proche. Alaa-Al Hamas des Brigades al-Aqsa a été relâché jeudi [12 janvier].

Plus tôt dans la journée de mercredi, les militants d’al-Aqsa ont envahi les bureaux de la Commission Centrale Electorale et trois autres immeubles gouvernementaux à Rafah, puis ont entrepris de bloquer les accès à Rafah, seul poste frontière accessible aux habitants de la Bande de Gaza. Le même jour, d’autres militants d’al-Aqsa ont tenté d’enlever les parents de Rachel Corrie - militante pacifiste américaine assassinée par l’armée israélienne en 2003 alors qu’elle tentait de s’opposer à la démolition d’une maison palestinienne - mais ils abandonné leur projet lorsqu’ils ont appris quelle était l’identité du couple.

Vendredi des hommes masqués d’al-Aqsa, des Brigades Abu al-Rish et des Faucons du Fatah - toutes ces organisations étant liées au Fatah - ont diffusé un communiqué depuis Rafah appelant l’AP à mettre fin au chaos dans les Territoires Palestiniens et condmanant les récents enlèvements d’étrangers. Le communiqué a été également signé par le Hamas et le Jihad Islamique.

Pendant que le Hamas manifestait vendredi après-midi à proximité des immeubles de la Sécurité Nationale de l’Autorité Palestinienne, des supporters chantaient, « A quiconque frappera le Hamas, nous ne lui couperons pas la main, nous lui couperons la tête ». Le jeudi matin qui précédait, Rami al-Dalou, un militant des Brigades Ezzedine al-Qassam du Hamas et qui ne portait pas d’armes sur lui, a été assassiné par Ghassan Jadallah, le responsable de l’organisation de jeunesse du Fatah et appointé par les services de sécurité de l’AP. Des militants du Hamas et du Fatah étaient en train de coller des affiches dans la ville de Gaza lorsque la dispute a éclaté, d’après le porte-parole du Hamas Sami Abu Zouhri qui a demandé que le meurtrier soit arrêté. Les fonctionnaires des services de sécurité de l’AP ont confirmé la mort de Rami al-Dalou et ont dit mener une enquête.

Parlant depuis son bureau à Gaza mercredi, l’ancien ministre des Affaires Civiles pour l’Autorité Palestinienne Mohammad Dahlan a dénoncé la violence dont se sont rendues responsables les Brigades al-Aqsa, disant que « al-Aqsa ne représente pas le Fatah ». Il a reconnu que le Ministère de l’Intérieur n’était pas intervenu alors qu’il aurait dû le faire lorsque des affrontements violents entre des familles s’étaient produits.

La campagne pour les toutes prochaines élections bat son plein dans la ville de Gaza, alors que les rues sont décorées d’affiches et de banderolles et que des rassemblements animés ont lieu un peu partout. Les candidats tentent de convaincre les Gazaouites qu’ils sont les seuls à pouvoir remettre de l’ordre, à faire cesser la corruption et à amener un changement désespérément souhaité. Les électeurs vont principalement faire un choix entre le Fatah et le Hamas, et deux listes indépendantes offrant une alternative. Mustafa Barghouti, ancien candidat aux élections présidentielles et conduisant la liste Palestine Indépendante et Hanane Ashrawi qui conduit la liste du Parti de la Troisième Voie ont tous les deux été arrêtés par la police israélienne alors qu’ils menaient campagne à Jérusalem-Est.

Le Hamas, le concurrent le plus puissant et le plus motivé, est donné à seulement 8 points du Fatah selon la dernière enquête publiée par l’Université Nationale An-Najah et menée les 5 et 6 janvier. Toujours selon l’enquête, le Fatah remporterait 39,3 % des voix, le Hamas 31,3% et Palestine Indépendante 10,4%. Au total 82,6% des personnes interrogées ont manifesté leur intention de voter.

Le Hamas a entamé une campagne porte à porte, organisant des séances de questions-réponses dans des petits rassemblements [diwans] à travers la Bande de Gaza, en même temps que sont organisés leurs désormais célèbres festivals qui rassemblent des milliers de personnes sous la bannière « du changement et de la réforme », leur slogan de campagne électorale. Lorsque l’on rentre dans le quartier général de campagne dans la ville de Gaza, on est accueilli par Naje al-Serhey, un gestionnaire très professionnel de la campagne électorale pour toute la Bande de Gaza. Une sonnerie s’apparentant à des coups de feu émane du téléphone mobile qu’il porte à la poche de sa veste en tweed pendant qu’il explique quels sont les moyens de communication utilisés par le Hamas pour sa campagne : des journaux, une chaîne de télévision, des annonces radio, des messages SMS, des courriers électroniques et des sites Internet.

Comment le Hamas a-t-il trouvé les compétences nécessaires pour mener une campagne aussi professionnnelle alors qu’il s’agit de sa première campagne vraiment importante et que les communications avec le monde extérieur sont si réduites ? Al-Serhey attribue cette réussite au grand nombre de professionnels et universitaires qui appartiennent au mouvement, et à l’expérience acquise lors des élections municipales. Le Hamas a prouvé sa capacité à organiser l’activité de ses adhérents : il y a près de 10 000 volontaires rien que dans le district de Gaza, selon al-Serhey.

Le Fatah, le candidat sortant qui reste toujours en tête, a démarré sa campagne quelques jours après la date officille d’ouverture de la campagne électorale. Le message du Fatah est « Nous avons besoin d’une seconde chance », d’après ce que nous dit Ryad al-Hassan, le responsable de la campagne alors qu’il réceptionne du matériel électoral dans son quartier général de la ville de Gaza. Une banderolle du Fatah représente des feux de circulation sur le côté droit, symbolisant son engagement à faire respecter la loi et l’ordre et sa volonté de secouer sa réputation de corruption, et un tournesol jaune avec un koffiyeh (couvre-tête palestinien) sur la gauche symbolise un futur radieux, selon les militants du Fatah engagés dans la campagne électorale.

Il y aurait de 50 à 60 000 volontaires du Fatah en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza qui seraient engagés dans la campagne. Des participants ont reçu des cours de la part du Washington DC-based National Democratic Institute sur les techniques de campagne, mais au contraire du Hamas, il ne s’agit pas de leur première campagne électorale importante.

Peut-être que les Palestiniens de Jérusalem-Est pourront participer au vote aux conditions fixées par les israéliens, mais la lutte interne dans le Fatah doit trouver une issue avant que le vote ait lieu. Le ministre Dahlan assure que « Les élections mettront fin au chaos. Si les élections n’ont pas lieu à la date prévue, ce sera un jour noir pour le Peuple Palestinien », et la direction du Hamas est en accord avec ce point de vue.

Erica Silverman
13 janvier 2006 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2006/777...
Traduction : Claude Zurbach

 


 Source : CCIPPP
 http://www.protection-palestine.org/article.php3?id_article=2035


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