Spécial PNN
15 janvier 2006
Wisam Afifa
En étudiant la liste des candidats, il apparaît que plusieurs
d'entre eux portent des nationalités autres que la nationalité
palestinienne.
Il semble que le financement international de quelques candidats
et de listes ne soit pas la seule question qui est soulevée par
les élections législatives, mais d'autres questions légitimes
se posent concernant les candidats portant une nationalité autre
que la nationalité palestinienne, pour être élus au parlement.
La double nationalité est une question qui peut avoir de
nombreuses et graves conséquences, notamment celle d''avoir une
influence sur l'activité du conseil législatif prochain, lorsque
les intérêts relatifs à certaines questions sont en désaccord,
mettant en contradidction les intérêts de la patrie d'une part
et du pays de l'autre nationalité, ce qui peut être appelé la
double appartenance.
La question de porter deux nationalités n'est pas une chose étrange
dans la situation palestinienne, beaucoup d'anciens députés et
de ministres et d'autres responsables ont la double nationalité.
La double nationalité dans les régions de l'Autorité
palestinienne est une question très complexe, liée à la phase
intérimaire, aux conditions exceptionnelles et à la souveraineté.
Les Etats arabes montrent une souplesse au regard de cette
question, dans beaucoup de cas, dans le cadre du soutien à la
souveraineté de l'Autorité palestinienne, alors que certains
Etats étrangers, comme en Europe ou les Etats-Unis, se comportent
plutôt avec fermeté, étant donné que les Palestiniens qui
portent les nationalités de ces Etats, sont des sujets bénéficiant
de la protection des ambassades et des lois de ces Etats.
La loi électorale palestinienne n'interdit à personne de se
porter candidat parce qu'il porte deux nationalités, les
conditions de l'éligibilité sont qu'il doit être palestinien,
âgé de 28 ans et plus, et qu'il n'ait pas été condamné pour
immoralité. Il faut noter à ce propos que la loi électorale
palestinienne interdit seulement à ceux qui portent la nationalité
israélienne de se porter candidats pour des élections législatives,
à l'exclusion des citoyens d'al-Quds étant donné que la ville
d'al-Quds est occupée et que l'identité israélienne a été
imposée à ses habitants arabes, qui n'ont pas automatiquement la
nationalité israélienne.
Dans ce cadre, M. Umar Shaaban, activiste politique et expert économique,
explique qu'on ne peut nier que la double nationalité suscite
naturellement la question de la double appartenance, car il est
connu que l'une des exigences pour l'obtention d'une autre
nationalité est de prêter serment à l'Etat donateur de la
nationalité et de promettre de prendre ses intérêts en compte.
Les élus porteurs de nationalités autres, sont dès lors dans
une impasse qu'on ne peut envier, lorsqu'ils devraient discuter
une loi, un accord commercial, culturel ou un prêt financier, car
il est exigé du parlementaire de respecter les intérêts du
peuple palestinien, de manière intégrale et exclusive.
Shaaban affirme que dans les dix années précédentes, les
multiples appartenances et tendances de certains membres du
pouvoir exécutif et du conseil législatif actuel, ainsi que
d'autres institutions ont eu des répercussions négatives sur
certains accords signés avec des pays arabes et étrangers, car
l'intérêt palestinien exclusif n'a pas été pris en compte.
Enumérant rapidement plusieurs ministres et anciens députés du
conseil législatif, il apparaît que ceux qui portent des
nationalités autres que la nationalité palestinienne, portent la
nationalité américaine, canadienne, britannique ainsi que des
nationalités arabes.
Dans la loi du corps diplomatique approuvé par l'Autorité
palestinienne et le conseil législatif il y a quelques mois, il a
été posé comme condition, pour les ambassadeurs palestiniens à
l'étranger, de ne porter que la nationalité palestinienne.
Shaaban considère que l'activité dans les ambassades
palestiniennes à l'étranger n'est pas plus important ni plus
sensible que le fait d'être élu au conseil législatif. Il donne
pour exemple le cas d'un homme d'affaires égyptien, Rami Lakah,
qui a été élu aux élections législatives précédentes, et
qui porte la nationalité britannique, en plus de la nationalité
égyptienne. Il rappelle les longues discussions qui se sont
déroulées au parlement égyptien sur le droit de Lakah à
conserver à la fois la nationalité britannique et son siège
au parlement. Finalement, Lakah a préféré conserver sa
nationalité britannique plutôt que son siège au parlement.
Shaaban se demande alors quel sera l'attitude des candidats aux élections
du conseil législatif palestinien, porteurs de nationalités différentes
de la nationalité palestinienne ?
De son côté, dr. Hassan Khrayshe, sous-directeur du conseil législatif
précédent et candidat aux élections législatives prochaines,
affirme qu'ils ont essayé, en tant qu'anciens députés, de poser dans
la loi fondamentale de l'Autorité un article affirmant
l'illégalité des ministres, des présidents et des députés à
posséder une nationalité autre que la palestinienne, ajoutant :
malheureusement, la question de la ville d'al-Quds et des
Palestiniens de Jordanie ont été une entrave à la mise en place
de cet article. Concernant celui qui possède un passeport étranger,
il dit : il n'est pas admissible que la situation reste ainsi,
celui qui n'a pas foi dans le passeport palestinien ne peut représenter
le peuple palestinien. Il considère que celui qui a obtenu un
passeport étranger l'a fait pour fuir, pour améliorer sa
situation énconomique ou rechercher une stabilité pour sa vie.
Il ajoute qu'il fera en sorte, lors de son prochain mandat, s'il
est élu, de demander au député, au ministre ou au président de
choisir l'identité palestinienne, ou le passeport palestinien. Il
dénonce par ailleurs certains responsables qui, lorsqu'ils
voyagent à l'étranger, n'utilisent pas leurs passeports
palestiniens, disant : il est honteux qu'un responsable, censé
représenter le peuple palestinien, délaisse sa nationalité ou
en ait honte".
Traduit par Centre d'Information
sur la Résistance en Palestine
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