Le Hamas, groupe de la résistance Islamique, a remporté une
large victoire aux élections parlementaires, les électeurs
Palestiniens exprimant leur rejet du Fatah, le parti longtemps
dominant.
Sur les 132 sièges que comprend le parlement,
le Hamas en a gagné 76 et le Fatah 43, d’après les
conclusions de la Commission Electorale ce mardi [26 janvier].
Ahmed Qureia, le premier ministre sortant, et
son cabinet ont démissionné avant que les résultats officiels
ne soient proclamés, et Mahmoud Abbas, le Président
Palestinien, a été amené à demander au Hamas de former le
prochain gouvernement.
Le premier responsable du Hamas, Khaled Mashaa,
a fait savoir à Abbas que son groupe était prêt pour un
partenariat politique.
Dans une première manifestation de pragmatisme,
Mahmoud Zahar, un haut responsible du Hamas, a déclaré que son
groupe étendrait sa tr^ve qui date déjà d’un an si Israël
agissait de façon réciproque. « Si ce n’est pas le
cas, alors je pense que nous n’aurons pas d’autre option que
de protéger notre peuple et notre terre », at-il précisé.
Opposition loyale
Saeb Erekat, député du Fatah, a dit que son
parti ne souhaitait pas participer à un gouvernement avec le
Hamas. « Nous serons une opposition loyale et nous
reconstruirons le parti », a dit Erekat après une
rencontre avec Abbas.
Mais Nabil Shaath, un autre député du Fatah, a
dit de son côté que la direction de son parti prendrait une décision
plus tard.
Abbas avait été élu séparément une année
plus tôt [pour un mandat de quatre ans]. Le Président
Palestinien a estimé cependant qu’il devrait démissionner
s’il ne pouvait poursuivre son plan d’action pour la paix.
Le cabinet ainsi que le Parlement devront
approuver toute initiative importante prise par Abbas, donnant
ainsi au Hamas une influence prépondérante sur toute
initiative pour la paix.
Les supporters du Hamas ont envahi les rues afin
de célébrer leur victoire.
Dans la ville de Rafah au sud de la Bande de
Gaza, les supporters du Hamas ont tiré des coups de feu en
l’air et ont distribué des sucreries. D’autres circulaient
en voiture en klaxonnant et en arborant des drapeaux du Hamas.
Le Hamas a capitalisé le grand mécontentement
remontant à plusieurs années vis-à-vis du Fatah pour sa
corruption et son manque d’efficacité. L’essentiel de cette
campagne électorale s’est focalisée sur les problèmes
internes à la société palestinienne, laissant un peu de côté
la question du conflit avec Israël.
Signaux mélangés
Avant les élections le Hamas avait fait savoir
qu’il serait satisfait d’avoir un rôle même secondaire
dans le prochain gouvernement, tout en évitant de définir son
attitude vis-à-vis d’Israël.
Les responsables du Hamas ont envoyé durant la
campagne électorale des signaux un peu mélangés, laissant
entendre qu’ils seraient ouverts à un certain type de
contacts avec les israéliens. La large victoire du groupe va
l’obliger à définir clairement sa position.
Mushir al-Masri, candidat du Hamas ayant gagné
son siège au nord de la Bande de Gaza, a déclaré que des
pourparlers pour la paix et la reconnaissance d’Israël
« ne faisaient pas partie de leur agenda », mais
le groupe parait prêt à un partenariat avec Mahmoud Abbas.
Des dirigeants du Hamas veulent rassurer le
monde concernant leurs intentions.
« N’ayez pas peur », a dit à la
BBC Ismail Haniyeh, un responsable du Hamas. « Le Hamas
est un mouvement palestinien, mature et ouvert sur la scène
politique palestinienne et à son environnement Arabe et
Islamique, et il est ouvert de façon similaire à la scène
internationale. »
C’était ma première fois que le Hamas
participait à des élections parlementaires.
La moitié des sièges parlementaires ont été
désignés sur une liste nationale et l’autre moitié au
niveau de districts.
Avantage
Le Hamas a apparemment profité des divisions
à l’intérieur du Fatah, celui-ci présentant plusieurs
candidats dans un certain nombre de districts et dispersant
ainsi les voix de ses électeurs.
Hanane Ashrawi, députée palestinienne
sortante et qui devrait être réélue sur une plateforme modérée,
estime que la victoire du Hamas est un tournant dramatique.
Elle pense que ce sont les combattants qui vont imposer leurs
objectifs sociaux fondamentalistes et amener ainsi les
Palestiniens à être isolés du reste du monde.
Elle estime aussi que c’est la corruption
dans le Fatah, les mesures répressives israéliennes et
l’indifférence internationale vis-à-vis de la situation
dramatique des Palestiniens qui sont à blâmer de la très
forte montée en puissance du Hamas.
Le taux de participation mercredi 25 janvier a
été élevé, avec près de 78% des électeurs inscrits qui
ont participé au scrutin. Les bureaux de vote étaient sévèrement
gardés et il n’y a pas eu de violence notable.
Al Jazeera.net