Mercredi 11 Janvier, 2006 - Numéro 592 Al-Ahram Hebdo Egypte
Conflit Israélo-Palestinien. De tous les successeurs éventuels de Sharon, Netanyahu est la figure qui inquiète le
plus.
http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2006/1/11/leve3.htm
Benyamin Netanyahu, 56 ans. Il était le plus jeune premier ministre
d’Israël lorsqu’il a présidé le gouvernement entre 1996 et
1999. « Bibi », comme le surnomment ses compatriotes, fait figure de « faucon
» attaché au dogme sacro-saint d’Eretz Israël (la terre d’Israël
aux frontières bibliques) plus que quiconque. Pur produit de l’élite
ashkénaze qui a fondé Israël, il a passé toute sa jeunesse aux Etats-Unis. Débatteur de talent et « expert » des médias, il a
fait ses premières armes d’abord à l’ambassade israélienne à
Washington puis comme diplomate à l’Onu avant d’être élu à la Knesset en
1988.
Il a succédé à Ariel Sharon en décembre à la tête du Likoud,
qu’il conduira aux élections. Il élabore alors un programme qui tourne
le dos à la Feuille de route et s’engage à intensifier la colonisation
de la Cisjordanie. Bibi se veut un « leader fort » capable d’unifier
les rangs du Likoud après la défection de plusieurs ministres qui ont joint
le Kadima de Sharon. Il démissionne du ministère des Finances du
cabinet de ce dernier début août dernier pour prendre la tête des radicaux
anti-retrait de la bande de Gaza et mérite le titre de «
l’enfant terrible » de la droite ultranationaliste. Ses positions
aujourd’hui ne diffèrent guère de celles qui ont marqué son mandat.
Il considère les Accords d’Oslo comme un fait accompli, mais il
reste opposé à la création d’un Etat palestinien et préfère parler
d’un statut d’autonomie étendu. Dès le mois d’août 1996, Netanyahu annule
une décision prise en 1992 de geler l’implantation de nouvelles
colonies en
Cisjordanie et dans la bande de Gaza et multiplie les mesures
hostiles aux Palestiniens. Environ deux mois après, il autorise la réouverture,
depuis Jérusalem-Est, d’un tunnel longeant l’Esplanade des
mosquées. Une décision qui est une provocation pour les Arabes et qui déclenche
une série d’émeutes dans les territoires occupés. Accusé en ce
moment de provoquer un sabotage systématique des Accords d’Oslo, Netanyahu
était vu par des yeux défavorables des Israéliens eux-mêmes. Ces
pratiques portent un coup d’arrêt à la normalisation en cours avec les
pays arabes.
Son éventuel retour n’est qu’un cauchemar aussi pour les
Etats-Unis qui lui gardent de mauvais souvenirs. Bibi avait rejeté en mars 1998 un
projet de l’Administration américaine de retrait israélien de 13
% de la Cisjordanie, et fut par la suite largement responsable du blocage du
processus de paix. L’accord sur le retrait israélien des 4/5 d’Hébron,
ou celui de Wye River portent d’ailleurs son nom. Redevenir
premier ministre était un rêve qu’il n’a jamais abandonné. En 2002,
il a accepté le portefeuille des Affaires étrangères, espérant ainsi préparer
son
retour à la tête du gouvernement. Mais il a été largement battu
aux élections primaires du Likoud, qui désignent Ariel Sharon comme tête
de liste du parti aux élections de janvier 2003. Détenteur, ensuite,
du portefeuille de l’Economie, il continue à se poser en opposant
numéro un
d’Ariel Sharon à l’intérieur du gouvernement, exigeant
notamment un référendum sur le retrait de Gaza. Aujourd’hui même si les
sondages désignent Shimon Pérès comme favori du scrutin de mars, les
observateurs rappellent que Netanyahu avait battu le chef travailliste lors des
élections de 1996 puis en 2002 au ministère des Affaires étrangères.
Mais ce petit-fils d’un rabbin émigré de Lituanie avait baissé
les bras en 1999 devant le Travailliste Ehud Barak
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