Kadima
reste en tête dans l'opinion israélienne
PROCHE-ORIENT Fondateur du nouveau parti de centre droit, le
premier ministre Ariel Sharon a subi une nouvelle opération
samedi. Ses chances de sortir du coma s'amenuisent chaque jour.
Marc Henry
[13 février 2006]
http://www.lefigaro.fr/international/20060213.FIG0067.html?091721
L'AGONIE d'Ariel Sharon prend des allures de calvaire. En quarante
jours de coma, celui qui reste officiellement le premier ministre
israélien a subi pas moins de sept opérations. Ce week-end
encore, il a frôlé la mort de peu. Les chirurgiens lui ont retiré
d'urgence un tiers de ses
intestins à la suite d'un début de gangrène.
Après un moment de frayeur, les médecins se sont voulus
rassurants. «L'opération a permis de stabiliser la situation, le
premier ministre reste dans un état critique, mais il n'y a pas
de danger immédiat pour sa vie», a affirmé Shlomo Mor-Yossef,
directeur de l'hôpital Hadassah, à Jérusalem, où Ariel Sharon,
terrassé par une attaque cérébrale foudroyante, est soigné
depuis le 4 janvier.
De l'avis de la plupart des experts, les chances de le voir
reprendre conscience s'amenuisent chaque jour un peu plus. Sa
situation paraît à ce point désespéré que certains tabous
commencent à tomber. De nombreux Israéliens dénoncent lors de
forums de discussion sur Internet «l'acharnement thérapeutique»
dont serait victime Ariel Sharon.
Le monde politique a en revanche anticipé sa disparition. Sur ce
front, Ariel Sharon a pour le moment remporté sa dernière
victoire. Kadima, le parti qu'il a fondé à la fin de l'an
dernier après avoir claqué la porte du Likoud, la grande
formation de la droite, vole de ses propres ailes.
Faisant mentir certains commentateurs qui prévoyaient un
effondrement de Kadima sans la figure tutélaire d'Ariel Sharon,
ce parti fait mieux que résister au choc.
Une leçon de réalisme
Selon les derniers sondages, Kadima, dirigé désormais par Ehoud
Olmert, le vice-premier ministre associé à Shimon Pérès, le
plus vieux routier de la politique israélienne, continue à mener
très largement la course.
Le parti travailliste d'Amir Peretz, un syndicaliste, et le Likoud
de Benyamin Netanyahu sont très largement distanciés et ne
semblent pas en mesure de refaire leur handicap.
«D'un point de vue électoral, l'état de santé du premier
ministre n'a pas eu pour le moment d'impact primordial »,
affirme, confiant, Lior Horev, un des plus proches conseillers
d'Ariel Sharon.
Hanan Cristal, commentateur de la radio publique, constate lui
aussi que «rien ne semble pouvoir remettre en cause l'avance de
Kadima à qui tout réussi jusqu'à présent». Bref, Kadima a
prouvé qu'il pouvait se passer d'Ariel Sharon tout en assumant
son héritage soutenu par l'opinion publique. Au soir de sa vie,
l'ancien général a renoncé à être le champion toutes catégories
de la colonisation dans les territoires palestiniens ; ainsi qu'il
l'a proclamé à plusieurs reprises avant sa défaillance : «Il
faut savoir abandonner certains de ses rêves.»
Une leçon de réalisme qui l'a conduit à mener à bien l'été
dernier l'évacuation de la bande de Gaza, le plus important
retrait des territoires palestiniens jamais effectué par Israël.
Ehoud Olmert assume cet héritage et prône une «séparation
d'avec la majorité de la population palestinienne». Une allusion
claire à de futurs retraits partiels unilatéraux en Cisjordanie
et au démantèlement d'une partie des colonies israéliennes disséminées
dans cette région. Un projet reçu cinq sur cinq par une majorité
d'Israéliens.
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