L’immense mur de séparation israélien isole Nazlet Isa d’une
des plus riches sources en eau d’une zone aride au nord de la
Cisjordanie où la lutte pour l’eau est une lutte pour la vie.
On estime qu’Israël monopolise près de 75% des
ressources en eau palestiniennes dans une région où les pluies
sont rares et où l’eau est une question stratégique.
Dans les Territoires Palestiniens dépendants de
l’agriculture et grêlés de colonies juives, le manque de
ressources en eau fait des ravages parmi les fermiers, tandis que
la pollution et le manque de réserves génère des problèmes
d’hygiène et de santé.
Au nord de la Cisjordanie la ville de Nazlet Isa,
un mur de 10 mètres de haut en béton - dénoncé comme un mur
d’Apartheid par les Palestiniens - a rendu 6 maisons prisonnières
du côté israélien en même temps que la riche source aquifère.
Un système spécial de pompes pour accéder à
l’eau a finalement pu être construit avec la « permission »
israélienne, mais son accès immédiat et son contrôle ont changé
de main.
Vol israélien
Elisabeth Sime, directrice de CARE (réseau
international d’initiatives) dans la Bande de Gaza et en
Cisjordanie, nous a expliqué que « le tracé du mur suit
celui des ressources en eau de façon à ce que celles-ci soient
situées du côté israélien. »
Les Palestiniens sont persuadés que le mur - qui
est vu comme un moyen de voler des terres et de délimiter les
frontières de leur éventuel futur état - a été construit délibérément
de façon voler leurs ressources en eau. Israël prétend contruire
le mur pour cdes raisons de sécurité et pour empêcher les
attaquants-suicide de s’infiltrer en Israël ou dans les colonies
juives.
Mais Hind Khury, une ancienne responsible de cabinet
ministériel à Jérusalem et maintenant représentante de l’Autorité
Palestinienne à Paris, porte l’accusation que « avec le
mur, les israéliens veulent clairement avoir la main sur les
ressources en eau. »
Pas d’eau, pas de vie ...
« Sans eau, il n’y a pas de vie possible. La
politique israélienne consiste à pousser les palestiniens dans le
désert », ajoute-t-elle.
Abdul Rahman Tamimi, directeur de l’organisation
non-gouvernementale PHG (Palestinian Hydrology Group), explique que
la coïncidence qu’il y a entre le tracé du mur et le plan des
couches aquifères de la région n’était pas le fait du hasard.
« Le mur coupe certaines communautés de leur
unique ressource en eau, empêchant les camions-citerne d’y accéder
et faisant ainsi grimper le prix de l’eau », ajoute-t-il.
A Qalqilya, au nord de la Cisjordanie, près de de
20 puits, soit 30% des ressources en eau de la ville, ont été
perdus à cause du mur, nous dit Tamimi.
Irrigation inadéquate
Tandis que l’agriculture représente près du
tiers du produit national brut (PNB) palestinien, seulement 5% des
terres palestiniennes sont irriguées.
D’un autre côté, 70% des colonies juives sont
irriguées, même si leur production agricole ne représente guère
que 2% du PNB israélien.
« Le fait qu’Israël confisque et
surexploite l’eau affecte chaque secteur de la vie économique
palestinienne et cause des problèmes en limitant les possibilités
de développement dans la région, donc en même temps les chances
pour la paix », explique Tamimi.
Plus de 220 communautés en Cisjordanie, soit près
de 320 000 personnes, sont maintenant coupées de leurs ressources
en eau.
Acheter l’eau
des centaines de milliers de palestiniens achètent
à présent l’eau amenée par camions-citerne - une dépense que
beaucoup peuvent difficilement supporter - pour compléter des
ressources locales qui sont souvent trop limitées. Un des ces
consommateurs est Nazmi Abdul Ghani, âgé de 76 ans. Saisissant des
poignées de terre et levant les bras au ciel, le grand’père
d’une centaine de descendants est désespéré. « Je ne peux
pas continuer ainsi. Ma terre est desséchée et je suis ruiné. »
Dans le village de Saida au nord de la Cisjordanie,
il en est réduit à utiliser de couteux camions-citerne pour
irriguer ses tomates, ses oignons et ses pommes de terre. « Les
israéliens volent notre terre et prennent notre eau »,
enrage-t-il.
Eau peu sûre
Dans la petite ville d’Attil, au minimum un tiers
de l’eau consommée comme boisson l’eau est contaminée par les
eaux d’égout et les pesticides. La petite Fatima, âgée de 9
ans, les yeux brillants de fièvre, tombe régulièrement malade.
Les écoulements d’eaux usées des maisons
voisines arrivent en bas de la colline et s’infiltrent par les
planchers et les murs de la maison de fatima. Ils usent lentement
ses bases et émettent une forte odeur.
« J’ai souvent des maux d’estomac. Je
vomis. Et c’est pareil pour tous les enfants ici », dit-elle
en tournant son regard fiévruex vers sa mère Awa.
Le docteur Hossam Madi explique que les diarrhées,
les gastroentérites, la fièvre, les problèmes rhénaux et les
problèmes dermatologiques frappent beaucoup d’enfants
palestiniens et persistent esnuite sur les adultes à cause des
problèmes de ressources en eau.
« La qualité de l’eau empire de jour en
jour », nous dit Sime, de l’organisation CARE.
Risques pour la santé
« Une grande proportion de nouveaux-nés
meurent à cause des infections attrapées avec l’eau. Sur le long
terme, les israéliens seront affectés eux-mêmes par la pollution
de l’eau dans les Territoires Palestiniens. »
Dans des villages comme Jalbun, les eaux usées
provenant des maisons, des activités agricoles et industrielles des
colonies israéliennes accélèrent le processus de la pollution de
l’eau.
Tamimi accuse certains hommes d’affaires israéliens
et des colons de répandre des produits toxiques sur la terre
palestinienne, ce que l’on peut qualifier de « terrorisme
environnemental ».
Les problèmes de ressources en eau auxquels sont
confrontés les Palestiniens sont hélas typiques de ceux qui
devraient être mentionnés lors du Forum Mondial sur l’Eau qui
ouvrira à Mexico ce jeudi.
On espère que ce forum qui se tiendra du 16 au 22
mars aidera à définir une stratégie globale pour améliorer la
ditribution en eau et supprimer les gaspillages de cette précieuse
ressource qui va de plus en plus conduire à des conflits.
Al-Jazeera.net
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