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Opinion
Tunisie: tension à Sidi Bouzid pour les adieux à Mohamed
Bouazizi
Mercredi 5 janvier 2011
Le jeune Tunisien, dont l’immolation par le feu le 17
décembre à Sidi Bouzid (centre-ouest) a déclenché une révolte
contre le chômage, a été inhumé mercredi dans un climat de
tension, après avoir succombé à ses blessures la veille dans un
hôpital de Tunis.
Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’était immolé devant les bureaux du
gouverneur (préfet) de Sidi Bouzid (260 km de Tunis) pour
protester contre la saisie musclée par la police de son étal de
fruits et légumes qu’il vendait sans permis pour faire vivre les
siens.
Entre tristesse et colère, une foule estimée à 5.000 personnes a
marché derrière son cortège funèbre en criant vengeance,
jusqu’au cimetière de "Garaat Bennour", à 16 km de Sidi Bouzid,
a rapporté à l’AFP Kamel Laabidi, un syndicaliste.
"Adieu Mohamed nous te vengerons !", "ton sang n’aura pas coulé
pour rien", "Nous te pleurons ce jour, nous ferons pleurer ceux
qui ont causé ta perte", ont scandé les habitants, a ajouté ce
témoin présent dans le cortège.
La foule a aussi crié sa colère contre la cherté de la vie "qui
a conduit Mohamed au suicide", répétant "Honte au
gouvernement !", a dit M. Laabidi.
Selon l’oncle de la victime, Mehdi Horchani, la police
massivement présente a empêché le cortège de s’approcher du
siège du Gouvernerat (préfecture), là où Mohamed s’était aspergé
d’essence pour s’immoler par le feu.
"Mohamed a sacrifié sa vie pour attirer l’attention sur sa
condition et celle de ses frères", a-t-il ajouté, décrivant "une
douleur immense et un sentiment d’injustice ressentis par tous"
à Sidi Bouzid en ce jour de "deuil".
"Mohamed est devenu le symbole du refus du chômage et du mépris
et son décès risque d’exaspérer la tension déjà vive à Sidi
Bouzid et dans les régions alentours", a dit à l’AFP un
diplomate sous couvert d’anonymat.
Bien qu’il ne soit pas diplômé de l’université, "son acte est
symptomatique du malaise des jeunes diplômés acculés à gagner
leur vie dans le commerce informel", a-t-il analysé. Le
mouvement de protestation parti de l’acte désespéré de Mohamed a
dégénéré provoquant à ce jour quatre morts, dont deux
manifestants tués par balles à Menzel Bouzaiane et deux
suicides, celui de Mohamed et d’un autre jeune qui s’était jeté
d’un pylone sur des cables électriques, en lançant un cri contre
la misère et le chômage, selon un témoin, Ali Zari.
Le gouvernement a contesté la thèse de ce deuxième suicide et
affirme mener une enquête.
De nombreux blessés et d’importants dégâts matériels ont été
enregistrés au cours de ces protestations .
Le décès du jeune vendeur ambulant a été annoncé à Paris par
Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale
des ligues de droits de l’homme (FIDH) et par le Comité pour le
respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie
(CRLDHT).
"Il faut une enquête ou une commission nationale pour déterminer
les causes et les solutions à cette protestation sociale qui a
pris des formes tragiques", a déclaré à l’AFP Mme Belhassen.
Sa mort a été ensuite confirmée à l’AFP à Tunis par sa famille,
avant que le ministère de la Santé n’en fasse état dans un
communiqué diffusé par l’agence gouvernementale TAP.
Le ministère y affirmait que le jeune homme avait été entouré
d’une "grande attention à l’hôpital des grands brûlés de Ben
Arous" et rappelé qu’il avait reçu le 28 décembre la visite du
président Zine El Abidine Ben Ali.
Fin décembre, M. Ben Ali avait regretté les événements de Sidi
Bouzid et dénoncé une "instrumentalisation politique de
certaines parties" et avait reçu sa famille au palais de
Carthage.
Des mesures d’urgences étaient annoncées au profit de la
population, alors que le président procédait à un mini
remaniement de son gouvernement marqué pâe la nomination de
nouveaux ministres, notamment à la Communication et au Commerce.
Internet : des sites du gouvernement attaqués, en
marge des troubles sociaux
Plusieurs sites du gouvernement tunisien ont subi des
cyber-attaques de groupes d’internautes solidaires du mouvement
de protestation sociale qui se développe dans le pays, et
certains d’entre eux demeuraient inaccessibles mercredi, a
constaté l’AFP.
(Mercredi, 05 janvier 2011- Avec les agences de presse)
"Journée internationale de soutien aux luttes
populaires tunisiennes"
Rassemblement à Paris le jeudi 06 janvier à 18h00
Place de la Fontaine des innocents
(Près du métro Châtelet / les Halles, ligne 4 ou RER A)
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