En bref
Le représentant adjoint de l'ONU en Afghanistan est
relevé de ses fonctions
Jeudi 1er octobre 2009 Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon,
a relevé de ses fonctions son représentant adjoint en
Afghanistan, Peter Galbraith. Celui-ci contre attaque dans les
médias anglo-saxons en accusant son ex-supérieur direct, Kai
Eide, et Ban Ki Moon de vouloir couvrir la fraude électorale en
faveur du président Hamid Karzai.
Le représentant spécial de l’ONU pour l’Afghanistan, Kai Eide,
est un diplomate norvégien qui représenta son pays auprès de
l’OTAN (2002-2006) et dispose d’une réputation honorable.
L’ambassadeur Peter Galbraith est le fils du célèbre
économiste John Kenneth Galbraith. Il est notoirement proche de
la CIA et spécialiste des guerres civiles : comment les
provoquer, et comment les terminer. Selon la « théorie des
combats de chiens », il est possible de provoquer n’importe où
une guerre civile, pourvu que l’on isole d’abord une population
donnée, puis qu’on la divise en groupes culturels distincts,
enfin que l’on suscite la peur entre ces groupes. Chacun se sent
alors dans l’obligation de défendre les siens en tuant
préventivement les autres.
M. Galbraith s’est fait connaître, en 1988, en forgeant le
« mensonge d’Halabja ». Il était alors conseiller de la
Commission des Affaires étrangères du Sénat des États-Unis. Il
attribua le gazage des habitants de cette localité kurde d’Irak
(3 000 à 5 000 morts) à Saddam Hussein. Immédiatement, le Sénat
adopta à l’unanimité le Prevention of Genocide Act
donnant tout pouvoir au président Reagan pour prendre des
sanctions contre l’Irak. Cependant, celui-ci n’y donna pas suite
car un rapport d’inspection réalisé par l’Army War College
montra que les villageois avaient été victimes des gaz iraniens
dispersés lors de la bataille des sources opposant l’armée
irakienne à l’armée iranienne et aux supplétifs de l’UPK
(dirigés par Jalal Talabani) ; gaz qui furent rabattus par un
coup de vent.
Le mensonge d’Halabja fut réactivé treize ans plus tard pour
diaboliser Saddam Hussein et justifier la colonisation de
l’Irak. En définitive, cette accusation n’a pas été retenue par
le Tribunal d’exception qui jugea Saddam Hussein et le condamna
à mort.
Peter Galbraith fut ambassadeur des États-Unis en Croatie
(1993-98). Il supervisa l’expérimentation de la « théorie des
combats de chiens » à l’ex-Yougoslavie, ouvrant ainsi la voie à
l’intervention de l’OTAN. Lors de l’indépendance du Timor
oriental, il quitta la diplomatie US et fut nommé ministre du
Gouvernement de transition (2001-02). Il testa alors divers
modèles de réconciliation post-guerre civile.
Il fut envoyé en Irak, dans la « zone de non-survol » juste
avant l’invasion de l’Irak, pour organiser le début de
« remodelage du Grand Moyen-Orient ». Il s’agissait en
l’occurrence, de susciter la guerre civile entre communautés et
de préparer la partition du pays en trois entités distinctes
(kurde, sunnite et chiite).
Peter Galbraith est également connu pour avoir été durant des
années l’agent traitant de la CIA auprès de Benazir Bhutto avec
laquelle il s’était lié durant leurs études.
Les relations entre MM. Eide et Galbraith étaient réputés
courtoises. Peter Galbraith avait même fait la connaissance de
l’anthropologue norvégienne Tone Bringa lors d’un dîner offert
par Kai Eide, puis il l’avait épousée.
Contredisant les explications de M. Galbraith, les proches de
M. Eide laissent entendre que le représentant spécial de l’ONU
ne pouvait pas accepter plus longtemps que son adjoint ne
reconnaisse pas son autorité et obéisse ostensiblement à Richard
Holbrooke, représentant spécial du président Obama dans la
région. Sur le fond, le tandem Holbrooke-Galbraith aurait
envisagé d’utiliser le trucage des élections pour substituer à
l’actuel président Karzai un autre fantoche, plus efficace.
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