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Liban
L’ingérence « internationale »
et ses répercussions au Liban
Marie Nassif-Debs
Beyrouth,
le 28 avril 2007
Les
Libanais sont très surpris de la « sollicitude » de
l’Organisation des Nations Unies à l’égard de leur pays. En
effet, il ne se passe pas un jour sans qu’une déclaration
concernant notre situation ou une recommandation sur ce que nous
devrions faire ou ne pas faire… Sans oublier les « bons
points » et les « mauvais points », lorsqu’on
trouve (ou « on croit » tout simplement) en ce Haut
lieu que nous nous avons bien ou mal agi.
Contentons-nous
de donner un spécimen sur nos allégations et prenons comme
exemple les dernières trois semaines du mois d’avril :
.
Le jeudi 12 avril, lors d’une conférence de presse à New
York, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, déclare
qu’il incombe au gouvernement libanais de prendre les mesures
constitutionnelles nécessaires afin d’aider à la création du
tribunal spécial sur l’assassinat de l’ex Premier ministre
Rafic Hariri, parce que ces mesures sont « partie intégrante »
de la résolution du Conseil de sécurité à ce propos ; et
il ajoute qu’il est « très inquiet » parce que ces
mesures n’ont pas été encore prises…
Pendant
ce temps, Walid Joumblat haussait le ton, au nom de la majorité
qui, selon lui, était arrivée à une impasse quant à un retour
possible à la normale avec le Hezbollah.
.
Le vendredi 13 avril, jour anniversaire du début de la guerre
civile libanaise en 1975 (marqué sur la frontière sud par des
violations israéliennes de notre territoire), le même Ban Ki
Moon annonce l’arrivée prochaine à Beyrouth de son conseiller
en matière juridique, Nicolas Michel, tandis que les Russes, et
avant l’arrivée de leur envoyé spécial, font pression sur les
gouvernements libanais et syrien afin d’éviter un problème sur
la frontière entre les deux pays, à la suite des préparatifs
faits par une équipe de techniciens allemands dans le point
frontalier de Masnaa.
.
Le dimanche 15 avril, et tandis que le président de la
Chambre, Nabih Berri, et le représentant de la majorité, Walid
Joumblat, exprimaient leur « crainte » quant à la
possibilité de développements ultérieurs très sombres, les médias
libanais faisaient état d’un message oral de Fouad Sanioura, président
du Conseil, à Ban Ki Moon où il était question de donner encore
un bref délai à l’opposition avant de passer au « chapitre
sept » afin de former le tribunal international.
.
Les lundi, mardi et mercredi (16, 17 et 18 avril), furent
marqués, successivement, par l’arrivée d’Alexandre Soltanov
et de Nicolas Michel à Beyrouth, afin de débattre sur le problème
du tribunal international tandis que la majorité faisait monter
le ton lors du sit in de ses députés au siège du parlement.
Et
bien que les deux envoyés internationaux aient évoqué que le
problème était dans le gouvernement, Fouad Sanioura a répliqué
que le premier pas à franchir devait être celui de la
constitution du tribunal international. Ce qui a obligé Nicolas
Michel à se rétracter et à accorder « deux semaines »
nouvelles. Sinon …
.
Le jeudi 19 avril, paraissait dans les médias la déclaration
présidentielle du Conseil de sécurité concernant la résolution
1701réitérait son
appui au gouvernement de Fouad Sanioura, désignée comme étant
« le seul pouvoir exclusif au Liban ».
La
même déclaration consacrait deux très longs paragraphes à la
situation sur la frontière avec la Syrie et les « activités
illicites de transport d’armes à travers cette frontière »,
appelant « le gouvernement syrien à prendre plus de mesures
afin de renforcer le contrôle sur ses frontières » avec le
Liban. Elle exprimait aussi son « inquiétude » quant
à présence de « forces armées illicites en dehors de la
zone d’action de la FINUL, réitérant l’appel à mettre fin
à toutes les milices et les groupements armés et à leur retirer
leurs armes ». Par contre, et tout en évoquant rapidement
les violations israéliennes de la « ligne bleue »,
elle demandait (à Israël) « d’éviter toute activité
qui pourrait mettre en danger les membres de la FINUL ».
Cette
déclaration se faisait au même moment où David Welshaccusait,
devant la commission sur le Moyen Orient au Congress, le Hezbollah
de fomenter, avec l’aide de l’Iran et de la Syrie, une
campagne visant à déstabiliser le gouvernement de Sanioura. Il
appelait, surtout, à « empêcher le Hezbollah et ses alliés
de réussir dans leur visées », ajoutant que si le Liban
« était incapable, officiellement, de signer la création
du tribunal international, les Etats-Unis peuvent appuyer une
tentative unilatérale à l’ONU dans ce sens » sous le
chapitre sept.
.
Le lundi 23 avril, Washington déclare avoir posé des
restrictions sur le Hezbollah, les forces navales et aériennes
syriennes, afin «de stopper le transport d’armes nouvelles de,
et vers, l’Iran et la Syrie ». Au même moment Ban Ki Moon
se préparait à venir en Syrie et au Liban et Sanioura déclarait,
en Egypte qu’il ne voit aucune différence entre la création,
au Liban ou de la part du Conseil de sécurité, du tribunal
international.
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Les mardi et mercredi 24 et 25 avril, Ban Ki Moon réitère
les positions étasuniennes sur le rôle que doit jouer la Syrie
dans la solution des problèmes libanais.
Cet
exposé montre clairement que la crise libanaise se trouve
toujours dans l’impasse où l’ont mise les tentatives de la
diplomatie étasunienne et que les possibilités de trouver une
solution prochaine sont très minimes, bien que les Etats-Unis
aient commencé une volte-face politique dans la région, à
travers le vote de la semaine passée concernant, en même temps,
le retrait des troupes étasuniennes hors de l’Irak et une
ouverture visible vis-à-vis de l’Iran.
Cette
nouvelle situation politique internationale, traduite aussi par
les pourparlers « réjouissants » entre Xavier Solana
et Ali Larijani, n’a rien changé au Liban où les animosités
s’exacerbent et l’absence, marquée, du gouvernement dans les
affaires de l’économie et de la sécurité s’est soldée par
la faillite de plusieurs centaines de petites et moyennes
entreprises (PME) et, surtout, par le retour à la vendetta sous
la forme de l’enlèvement, à Beyrouth, et d’un adolescent et
d’un jeune homme retrouvés morts deux jours plus tard ; ce
qui aurait pu créer de graves complications. Surtout que, malgré
quelques tentatives d’apaisement de la part de certains leaders
de la majorité et de l’opposition (dont Walid Joumblat et
Hassan Nasrallah), les médias continuent à jeter de l’huile
sur le feu et que la tempérance, écoutée et acceptée pour un
moment, peut rapidement perdre de son éclat. Surtout si nous
considérons ce qui se dit à Washington, et en Israël, sur la
possibilité de redorer le blason de George Bush (et de son équipe),
taché par la défaite au Congress et, aussi, par le scandale de
Wolfowitz à la banque mondiale, par une victoire (à la Pyrrhus)
au Liban…
Les
Libanais sauront-ils, avant qu’il ne soit trop tard, dire
« ça suffit ! » à la classe politique qui les
divise dans l’intérêt de projets « internationaux et régionaux »
dont ils n’en ont cure ?...
Telle
est la question.
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