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Parti Communiste libanais
FORUM MOYEN
ORIENT
INSTITUT D’ETUDES MARXISTES
(Belgique, 23-24 août 2008)
La situation actuelle au Liban:
Origines et perspectives
Marie Nassif-Debs
Le 15 mai 2008, l’Accord de Doha
mettait fin à une nouvelle guerre civile libanaise, qui avait
éclaté, une semaine plus tôt, dans toutes les régions du Liban
et dont le point de départ fut la position du gouvernement de
Fouad Sanioura vis-à-vis de l’agression israélienne perpétrée,
deux ans plus tôt, par Washington et Tel Aviv, dans le but de
mettre fin à une résistance armée dirigée par le Hezbollah.
Cet accord,
formé de sept clauses succinctes, prévoyait, d’abord, l’élection
du général Michel Souleiman à la présidence de la République,
suivie par « la formation d’un gouvernement d’unité nationale »,
« une nouvelle loi électorale » et la promesse « de s’abstenir
de tout recours aux armes et à la violence » de la part de
l’alliance de classes au pouvoir, divisée entre les deux groupes
dits du « 8 mars » et du « 14 mars ».
Ce qui n’a
pas été dit dans l’accord, et que les belligérants ainsi que les
responsables du Qatar vont divulguer aux médias, c’était
l’accord sur un retour au passé, en ce qui concerne la
soi-disant « nouvelle loi électorale ». Un retour à la loi de
1960 qui divisait le Liban en 26 circonscriptions d’inégale
grandeur (allant entre trois mille et cent mille électeurs) sur
des bases confessionnelles pures (ou presque) entre les
communautés religieuses chrétiennes et musulmanes qui formaient
le tissu sociopolitique du pays. Ajouter à cela que cette loi
fut aussi, et à cause de ce cloisonnement confessionnel, à la
base des divisions très poussées qui avaient mené à la guerre
civile de 1975.
Pourquoi le retour à une telle loi qui constitue, en principe et
en fait, une contradiction essentielle avec la nouvelle
Constitution du pays, votée à la suite de l’Accord de Taëf,
signé en 1989 pour mettre fin à cette guerre civile, la plus
longue (1975-1990) et, surtout, la plus meurtrière et la plus
destructrice ?
I.Une page d’histoire
Pour
comprendre la situation sociopolitique libanaise actuelle et les
causes et effets de la guerre civile toujours latente et
toujours prête à éclater, il nous faut revenir à la fin de la
première moitié du XIX° siècle.
A ce
moment, le Liban, réduit à sa partie centrale appelée le Mont
Liban, était divisé essentiellement entre deux communautés
religieuses : les Maronites, catholiques orientaux, qui avaient
le gouvernement du pays, par le truchement des émirs appartenant
à la famille Chéhab, et les druzes. Tous deux étaient liés à la
France ; les Maronites surtout qui voyaient en « la fille aînée
de l’église » une « mère nourricière » et bienveillante.
I.1.La
fin de l’émirat et la guerre civile
Les
Ottomans ayant mis fin à l’émirat, en 1842, les Maronites
s’attachèrent de plus en plus à la France ; ce qui poussa les
Druzes à chercher d’autres alliés qu’ils trouvèrent dans les
Britanniques qui leur procurèrent armes et instruction tandis
que les Druzes ouvraient toutes grandes les voies du Liban
devant les missionnaires britanniques… Les problèmes se
multiplièrent à tel point que les deux puissances européennes
proposèrent de diviser le Mont Liban en deux caïmacamats,
ou districts, dont l’un était druze et l’autre maronite.
Ce système
de gouvernement dura dix-huit ans ; mais, il fut noyé, pendant
les deux dernières années, 1858-1860, dans le sang, à cause
d’une révolte paysanne qui dégénéra très vite en une guerre
civile (très meurtrière) entre Maronites et Druzes que la Grande
Bretagne et la France supervisèrent, une fois de plus, dans
l’objectif de se partager le littoral oriental de la
Méditerranée. Cette guerre coûta la vie à plus de seize mille
habitants, dont quatorze mille maronites (quatre mille étaient
morts de faim). Elle fut la cause de déplacements forcés massifs
des chrétiens : plus de 100 000 personnes.
I.2.De la « Moutassarifiat »
à l’indépendance
C’est dans de telles conjonctures que le
Petit Liban (à majorité chrétienne) est né, en 1861. Il
englobait sept régions (dites « cazas »)
qui étaient : le Chouf, le Metn, Kesrouan-Jbeil, Batroun, Le
Koura, Zgharta et Bécharré. A ces régions s’ajoutaient les deux
grandes villes chrétiennes de Jezzine (au Sud) et Zahlé (dans la
Bekaa). Par contre, Beyrouth, Tripoli et sa région, Saïda et le
reste de la Bekaa étaient séparés du pays qui avait, désormais,
une certaine autonomie au sein de l’Empire ottoman et qui était
gouverné par un « Moutassarif »
chrétien non libanais mais appartenant à un des pays de cet
empire…
Ce système
de gouvernement dura soixante ans (1860-1920).
Il eut,
bien sûr, beaucoup de points positifs, dont le premier était la
stabilité politique à laquelle on peut ajouter la sécurité et la
création d’une administration de l’Etat sur des bases modernes.
Cependant,
les gouverneurs n’étaient pas des Libanais et les problèmes
étaient nombreux, surtout ceux créés, durant la première guerre
mondiale, dont, notamment, le problème de la famine et de
l’antagonisme franco-turc.
A la suite
de la guerre, les Français gagnèrent, de nouveau, la tutelle sur
le Liban. Ils la gardèrent jusqu’à la fin de la seconde guerre
mondiale ou presque (1943)…
Cependant,
avant leur retrait, ils œuvrèrent dans le sens d’instaurer au
Liban un régime politique qui leur permettrait un retour facile
dans ce pays.
Ce système était basé sur les heurts
confessionnels, puisqu’il prévoyait une formule (sighat)
basée sur la division du pouvoir et de l’administration en
quotas entre les confessions religieuses les plus importantes.
Ainsi, le président de la République devint maronite, le
président du Parlement chiite et le président du Conseil
sunnite ; le parlement, formé de 99 députés fut divisé en 54
postes pour les chrétiens contre 45 pour les musulmans. De même,
les postes-clés du pays étaient divisés entre les différentes
confessions religieuses qui avaient, aussi, des prérogatives en
matière des statuts de la personne (mariage, divorce,
héritage…).
I.3.L’Accord de Taëf
Cette
situation anormale aurait dû se terminer par l’application de
l’Accord de Taëf, signé en 1989 et devenu partie
intégrante de la Constitution en 1990.
En effet,
cet accord prévoyait tout ce qui pouvait mettre fin au
confessionnalisme en matière de politique et de mode de vie :
-L’élection
d’un parlement sur des bases non confessionnelles et la
formation, parallèle, d’un sénat pour représenter les
confessions.
-La
suppression du confessionnalisme dans le sommet de la pyramide
administrative.
-La
formation d’une haute commission ayant pour but la suppression
du confessionnalisme dans tous les domaines (les autres échelons
de l’administration, les lois, les statuts de la personne en
particulier).
Cependant,
malgré dix-huit ans de tensions et de luttes et malgré les
douloureux événements du 7 mai dernier, l’alliance de la
bourgeoisie et du féodalisme politique au pouvoir (groupes des 8
et 14 mars confondus) refuse toujours d’appliquer ces clauses de
la Constitution que ses représentants avaient définies comme
étant la seule issue possible pouvant sortir le Liban de la
guerre civile dans laquelle il s’enlisait, mais aussi de toutes
les guerres civiles à venir.
Leur refus,
d’abord basé sur la présence syrienne et la tutelle que le
régime syrien exerçait au Liban, depuis 1976, s’appuie
actuellement sur « la nécessité de préparer les esprits avant de
recourir au changement des lois ». Ce qui n’est pas vrai, parce
que la force de la loi peut aider à effectuer les changements
voulus.
D’ailleurs, si ce que disent les représentants politiques des
confessions était vrai, ils auraient dû agir autrement. Ne
sont-ce pas eux qui haranguent les foules dans le sens du
cloisonnement confessionnel ? Et, malgré les dissensions très
fortes sur la question de la Résistance contre l’occupation
israélienne et les armes du Hezbollah, n’ont-ils pas conclu,
durant les élections de 2005, une alliance dite
« quadripartite » regroupant tous les partis politiques à
tendance musulmane ? Et, même aujourd’hui, et malgré les
divisions sur la même question des armes de la résistance et de
sa portée à la suite de la résolution 1701
du Conseil de sécurité de l’ONU qui éloigne, en principe, la
Résistance des frontières Sud du Liban, ne se sont-ils pas
entendus, dans l’Accord de Doha, pour une nouvelle
redistribution des parts du gâteau confessionnel, tant dans le
gouvernement que sur le plan de la loi électorale ?
II.La situation actuelle
Les
questions posées ouvrent la voie devant une meilleure vision de
la situation présente vécue et des perspectives pour l’avenir
proche et lointain.
Ainsi, la
situation sociopolitique et économique du Liban est régie par
quatre constantes :
-La
première est le régime politique basé sur un quota
pluriconfessionnel.
-La seconde
est que ce régime facilite les tutelles étrangères.
-La
troisième est la présence d’Israël qui continue ses agressions
contre le Liban pour deux raisons majeures : l’importance de
l’eau libanaise et le problème des réfugiés palestiniens.
-La
quatrième est la place du Liban dans les projets impérialistes
étasuniens pour la région.
II.1.Le
régime politique libanais
Rappelons,
d’abord, que, de par son système politique confessionnel
toujours en application, le Liban ne pourra que connaître
l’instabilité, les divisions et les révoltes ou les guerres
civiles. La bourgeoisie, à la suite de la classe féodale, a
toujours recours aux divisions religieuses et confessionnelles,
verticales, afin d’asseoir son régime : les travailleurs et les
classes opprimées s’entretuent afin de permettre à telle ou
telle partie de la bourgeoisie soit de reprendre des privilèges
perdus, soit d’obtenir de nouveaux privilèges. Une telle
situation ouvre toujours la voie large aux tutelles. Elle fausse
les problèmes et, surtout, la lutte de classes.
Ce constat
est basé sur une longue histoire de divisions intestines
encouragées par les forces de tutelle que le Liban a subies,
depuis les Ottomans et jusqu’à nos jours, et dans lesquelles se
trouvent, aujourd’hui, les Etats-Unis qui ont rempli le vide
laissé par la Syrie en 2005.
Ainsi, si nous prenons l’Accord de Doha,
cité auparavant, nous trouvons qu’il constitue réellement un
coup d’état contre son précédent (l’Accord de Taëf) qui avait
mis fin à la guerre civile. Il a, non seulement laissé derrière
lui les réformes prévues, dont une nouvelle loi électorale basée
sur « la suppression du confessionnalisme politique », « la
mouhafazat
[la grande circonscription], la vie en commun entre les Libanais
et une meilleure représentation politique de toutes les
catégories sociales et de toutes les générations, après une
remise en question des divisions administratives dans le cadre
de l’unité territoriale et populaire du Liban ».
En effet, l’Accord de Doha est basé sur
les petites circonscriptions (les
cazas) mises en place en 1960 et
dans chaque circonscription, on trouve une majorité
confessionnelle. Ce qui fait que 75% des députés (soit 96) sont
déjà connus ; le reste (25% ou 32 députés seront matière à
partage, non pas parce que les circonscriptions dans lesquels
ils vont se présenter n’ont pas une tendance confessionnelle
majeure, mais tout simplement parce que, contrairement aux
Sunnites (dont la majorité supporte Saad Hariri, du « Mouvement
du futur ») et aux Chiites (regroupés autour du Hezbollah et du
« Mouvement Amal »), les Chrétiens sont très divisés entre « Le
Courant national libre » de Michel Aoun et « Les Forces
libanaises » de Samir Geagea.
Cela veut
dire en clair que les partis de la Gauche (dont les Communistes
qui possèdent 10% des voix) et tous ceux qui appellent à la
laïcité, à un Etat civil, seront, une fois de plus écartés,
contrairement à ce qui a été dit à la suite de la révision de la
Constitution. Tandis que les descendants de certaines
« familles » féodales seront élus dans leur petite
circonscription.
Donc, cet
accord aidera l’alliance de classes au pouvoir à se régénérer.
Enfin, il
ne faut pas oublier que cet accord, survenu à la suite des
combats de mai, exprime un nouveau rapport de force dans lequel
le chiisme politique a amélioré ses positions au sein de
l’alliance au pouvoir ; voilà le véritable sens du « tiers de
blocage » au sein du gouvernement qui fut le mot d’ordre du
groupe de « 8 mars ». Ce n’est, d’ailleurs, pas la première fois
que des changements politiques surviennent, pour exprimer un
changement « sur le terrain » : ce fut le cas de la création du
« Grand Liban » maronite mais aussi celui du Liban « sunnite »,
exprimé par l’Accord de Taëf…etc.
II.2.Les
tutelles et les projets des puissances étrangères
Cet état de
fait aide aussi les puissances étrangères, arabes ou
internationales, à s’infiltrer au Liban et y imposer leur
tutelle.
Ce fut la
voie empruntée par les Ottomans pour s’imposer au monde arabe,
dont le Liban, pendant plusieurs siècles. Ce fut aussi celle de
la France et de la Grande Bretagne et, plus tard, de l’Egypte ou
des Etats-Unis. Tous « ont répondu » à l’appel des confessions
religieuses qu’ils ont « aidées » à recouvrer des privilèges ou
à en obtenir de nouveaux.
Le présent
politique va dans le même sens : le Liban est divisé entre la
zone d’influence étasunienne qui supervise les actions du groupe
du « 14 mars » (celui de la majorité née à la suite des
élections de 2005 qui avaient suivi de peu l’assassinat de l’ex
président du Conseil Rafic Hariri) et celle des amis de la Syrie
et de l’Iran. Donc, entre le projet du « Nouveau Moyen Orient »
et ceux qui le refusent, ou montrent un certain désaccord à ce
propos ou, encore, essayent d’utiliser les cartes qu’ils
détiennent afin d’améliorer la place qu’ils pourraient occuper
dans la « pax americana ». Et, puisque le Liban est régi par les
chefs des confessions et de la bourgeoisie subordonnés au
nouveau régime mondial, qu’il est divisé entre des tutelles
différentes et des projets qui vont à l’encontre de son
indépendance et de sa souveraineté, il se trouve actuellement en
état d’attente de ce que fera Washington dans la région à la
suite des élections présidentielles et quelles seront les
réactions de la nouvelle administration étasunienne concernant
les problèmes cruciaux, à commencer par Gaza et la Palestine, en
général, les réfugiés palestiniens, la normalisation des
relations avec Israël ou, encore, le problème du nucléaire
iranien et l’occupation de l’Irak…
Mais, en
attendant la formation de la nouvelle administration, qui n’aura
pas une politique moyen-orientale très différente de celle qui
la précède, il est bien connu que le Liban, s’il n’est pas
unifié et s’il n’est pas dirigé par un gouvernement d’union
nationale véritable, constituera le maillon faible et certains
problèmes seront résolus au dépens de son peuple.
Il y a,
d’abord, le problème de l’eau dont Tel Aviv a besoin et qu’il
essaye de soutirer à partir des rivières frontalières.
Il y a,
aussi, le problème des fermes de Chebaa, des hauteurs de
Kfarchouba et du village du Ghajar, en plus de celui des
violations du territoire libanais par les avions de combat
israéliens et le rôle de la Résistance dans la protection et la
libération du territoire.
Il y a,
surtout, le problème du refus israélien d’accepter le retour des
350 000 Palestiniens qui vivent au Liban dans leur pays ;
problème lié à celui du « transfert » d’autres Palestiniens des
territoires de 1948 et de ceux occupés en 1967.
Sans
oublier, bien entendu, les problèmes socio-économiques liés aux
directives de la Banque mondiale et du Fonds monétaire
international qui ont engendré une dette dépassant les 40
milliards de dollars, depuis 1992, et qui pourraient engendrer
de nouvelles dettes si le nouveau gouvernement poursuivra la
route prise, surtout à travers les décisions votées à la suite
de la Conférence dite de « Paris-3 » (tenue, il y a quelques
mois), dont, en premier lieu, la privatisation des services
essentiels, la suppression progressive du secteur public et
l’augmentation de la TVA jusqu’à 16% dans un pays où la moitié
de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté et où le
SMIG ne dépasse pas les 300 000 livres libanaises (200
dollars) ; et même si on applique la décision, théorique, de
l’élever à 500 000 (330 dollars), la cherté de la vie, les prix
du pétrole y aidant, ont déjà avalé cette possible augmentation.
III.Les perspectives
Sur la base
d’une telle situation, les perspectives ne sont pas très
optimistes, surtout si nous prenons en considération les deux
composantes déjà notées : premièrement, les relations de tutelle
entre les représentants de la bourgeoisie et du féodalisme
politique (représentés, presque sans exception, dans le
gouvernement actuel) et les Etats-Unis ou ceux qui s’opposent à
ses projets (les différentes résistances au Liban et en
Palestine, ainsi que certains pays de la région) ; deuxièmement,
les problèmes toujours soulevés par le régime politique
confessionnel au Liban.
Le Liban et
tout le Moyen Orient sont, actuellement, dans une période de
trêve, en attendant les résultats des élections présidentielles
étasuniennes.
Cependant,
nous devrions noter que les solutions aux problèmes posés à la
nouvelle administration ne sont pas évidentes, parce qu’elles
sont en contradiction avec les intérêts étasuniens, notamment
ceux des « décideurs » dans les secteurs militaires et
pétroliers…
*Il y a,
tout d’abord, l’Irak.
Ce pays est
très important économiquement et stratégiquement pour
Washington. Et, même si, pour pouvoir gagner les élections au
Congrès ou pour préparer leur retour aux commandes
présidentielles, les Démocrates avaient déclaré leur intention
de se retirer de ce pays, il n’en sera rien sans une résistance
qui les y poussera. Les grandes sociétés transnationales,
dirigées par les Etats-Unis ont très peur de la contrebande du
pétrole et du gaz qui se fait au Sud et au Nord… D’ailleurs, le
pacte sur la sécurité, préparé par G. W. Bush est très clair à
ce sujet et son impact sera très grand sur toute la région,
puisqu’il permet aux troupes étasuniennes d’agir en
propriétaires. Pour le Liban, et avec ce qui s’était déjà passé
à Nahr Al Bared, il est à penser que les « Salafistes » et
autres groupes, dont ceux d’Al Qaïda, vont trouver là des
possibilités de faire mal aux Etats-Unis… ET, chacun peut
imaginer les suites.
*Il y a,
ensuite, Israël.
Il est à
penser que Tsipi Livni est celle qui accèdera à la tête du
pouvoir, à la suite du congrès de Kadima et des élections. Ce
qui veut dire le Mossad.
Et, ni le
Mossad, ni personne parmi la classe politique israélienne ne
pense à donner de grandes concessions, au Liban surtout, sans
une revanche qui, pense-t-on, ferait oublier la cuisante défaite
de l’été 2006. Ce qui veut dire que l’on doit s’attendre à des
attaques prochaines, des raids surtout, de la part de l’armée
israélienne. Sans oublier le travail subversif que peuvent faire
les unités d’espionnage israéliennes, les cellules dormantes
éparpillées sur notre territoire et sur lesquels le PCL puis le
Hezbollah avaient attiré l’attention.
*Il y a,
surtout, la Palestine et le problème palestinien.
Et, là
encore, nous pensons que , malgré toutes les concessions faites
par le gouvernement palestinien et celles que pourrait faire le
Hamas, le droit au retour sera toujours refusé. Et, si nous
ajoutons à cela, le projet rénové du « transfert » des
Palestiniens, et si nous nous rappelons les 350 000 Palestiniens
(armés) qui vivent au Liban et la campagne de polémique qu’ils
soulèvent parmi certaines forces politiques, dont les « Forces
libanaises » (anciennement patronnées par Israël), la photo se
précisera devant nos yeux. Surtout que les camps palestiniens,
celui de Aïn El Héloué surtout, sont des places fortes où les
groupes des ultra islamistes trouvent refuge et où, presque
chaque jour, on parle d’accrochages armés (certains ajoutent des
informations, non encore fondées, sur un rôle certain joué par
des groupes d’espionnage saoudiens et jordaniens qui ont
infiltré les camps, à travers les éléments nouvellement arrivés
d’Irak et introduits au Liban à travers l’aéroport et les
frontières terrestres)…
*Il y a,
enfin, le problème libanais.
Il est à
prévoir que la trêve, née à la suite de l’Accord de Doha, est de
courte durée, puisque les Libanais attendent, eux aussi, les
développements dans la région et le monde. Les prochaines
élections législatives seront sans doute le point de départ de
nouveaux développements, puisque la majorité actuelle, menée par
le Courant du futur (pro saoudien et, surtout, pro étasunien)
est rendue inefficace, à la suite de la victoire du Hezbollah
dans la bataille militaire menée, le 7 mai passé, afin de
contrecarrer les décisions du premier gouvernement de Fouad
Sanioura concernant le réseau de télécommunication du Hezbollah…
De plus, ce qui se passe à Tripoli, entre les Sunnites et les
Alaouites ayant le support de Damas, laisse prévoir des
développements dramatiques, surtout avec la campagne
anti-syrienne qui va grandissant.
Ajoutons à
tout cela la volonté étasunienne et israélienne de porter un
coup à l’Iran ; et, au Liban, il y a le Hezbollah…
Tout cela,
en plus du nouveau projet de « L’union pour la Méditerranée »
(nouvelle copie, européenne et sarkoziste, du « Nouveau Moyen
Orient ») et des agissements des Etats-Unis dans la région, ne
laisse présager rien de bon, surtout que le mouvement de la
Gauche arabe est encore faible et qu’aucun lien n’existe entre
elle et les forces progressistes ou religieuses opposées au
projet étasunien.
Seul un
front des forces anti-impérialistes dans la région arabe,
prônant les deux mots d’ordre de la libération nationale et de
l’égalité des chances. Un mouvement qui tissera des liens avec
le mouvement progressiste dans le monde, en Europe surtout,
pourra faire échec à ce que Washington prépare pour la région
méditerranéenne tout entière.
Marie NASSIF-DEBS
(Membre du BP du Parti Communiste
libanais)
(Professeur à l’Université libanaise)
La guerre civile, commencée
en 1975, et accompagnée de deux agressions israéliennes, en
1978 et 1982, s’était soldée par plus de 100 000 morts, des
milliers d’enlevés et de disparus, des dizaines de milliers
de logements détruits et des pertes économiques très
importantes.
Cf. L’étude intitulée « Histoire du Liban » et présentée, en
novembre 2007, à l’Université Pompeu Fabra de Barcelone.
Cette résolution, préparée par John Bolton, ambassadeur des
Etats-Unis, fut votée à la suite des déboires de l’armée
israélienne au Sud du Liban mais aussi après que les
Israéliens aient déversé sur le peuple libanais des milliers
de tonnes de BSM (bombes à sous munitions) et des bombes
contenant de l’uranium appauvri…
La résolution 1701 donne
indirectement à Israël la possibilité de commettre de
nouvelles agressions contre le Liban, puisqu’elle ne
constitue pas un cessez-le-feu et qu’elle permet de la part
de ce pays toute action dite « défensive »… Enfin,
elle donne raison à l’agresseur et trouve que la Résistance
libanaise constitue le fauteur de troubles, à cause de
l’enlèvement de deux soldats israéliens dans le but de
libérer les détenus libanais, dont Samir qantar.
© Lebanese Communist Party - 2006
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