Article d'Abdou Al-Rahman Farhana
Traduction de l'arabe par le CPI

"La victoire du Hamas (aux élections législatives palestiniennes) impose une réalité nouvelle sur la scène du Moyen-Orient. Il faut attendre un peu afin que le bouillard soit dissipé et que la profondeur de cette nouvelle réalité et son niveau de complication soient dévoilés. Probablement son chemin et son calendrier seront connus un peu tard. Israël ressemble, en fait, à un bateau dans une mer dont les eaux changent rapidement d'un état calme à un état houleux avec des vagues et ouragans nouveaux. Néanmoins, le but reste toujours le même. Atteindre ce but demande au capitaine d'élaborer une tactique habile mais souple", dit 'Ami Ayamon, ancien directeur du Chabak (le service de renseignements israélien).

"Le Hamas ne fera aucune concession d'aucun centimètre (des territoires palestiniens). Et il ne sera non plus prêt à faire des concessions contre celles des Israéliens", dit le docteur Mati Chitinbargh dans une série de débats organisée sur l'étape suivant la victoire du Hamas. Ces débats ont été publiés par l'annexe du journal hébreu Yadiot Ahranot à laquelle plusieurs "orientalistes" israéliens ont participée.

Il résume son idée en disant que le Hamas s'est imposé sur le nationalisme palestinien et a su bien profiter des doctrines religieuses, en ayant un grand sens de responsabilité envers la société et une grande sensibilité envers l'humeur générale palestinienne. Pour lui, le mouvement (du Hamas) se développe, mais de façon contraire à l'acception israélienne de la modération.

Dans le même débat, le colonel réserviste Dani Rotchild, en voulant donner une image de l'après victoire du Hamas, dit : "Une opération historique a commencé. Elle pourra, dans quelques années, changer toute la scène israélienne".


D'autres commentaires sionistes avertissent du fait que le Hamas essaie de défaire le siège en constituant, avec Abou Mazin, un gouvernement à deux visages. Les estimations des services de défense (israéliens) parlent du "discours tactique" utilisé par les leaders du Hamas dans les médias arabes et internationaux. Le Hamas veut gagner aussi bien du temps que le respect international dans le but de fixer une équation palestinienne nouvelle. Dans ce contexte, le général réserviste Jacob Amidour alerte contre le "piège en miel" du discours nouveau du Hamas. Rester sans rien faire, selon lui, consolidera l'enracinement du Hamas. Ainsi, la position sioniste sera très critique dans la prochaine étape de l'Intifada.

Le docteur Maïr Litbak va plus loin en parlant de l'incapacité de l'Entité sioniste à séparer le peuple palestinien du mouvement (du Hamas). Il dit : "Je doute que nous puissions remodeler le monde arabe… Nous avons en vain essayé dans le passé… Etant impossible de connaître la fin du conflit, nous devons nous orienter vers la réconciliation". Cela signifie que l'opinion politique sioniste pourrait traiter avec le concept nouveau que le Hamas souhaite mettre en place une base nouvelle du conflit".

Ce que nous venons de voir est un aperçu de l'opinion sioniste au sujet de la victoire du mouvement du Hamas. Les médias sionistes sont pleins de sujets parlant de l'avenir politique du mouvement et de ses futures positions politiques. La plupart d'entre eux confirment la solidité de la position politique du Hamas et son idéologie.


Et que disent nos médias ?

Beaucoup de médias arabes appellent le Hamas à baisser les bras devant les exigences du comité de Quartet sous prétexte de la légitimité internationale et des pressions de l’environnement mondial actuel. D'autres allaient même jusqu'à semer des doutes aux déclarations faites par les portes paroles du mouvement (du Hamas), en leur donnant des interprétations bien loin d'être innocentes. Le Hamas n'est qu'un nouveau Fatah mais en couleurs islamiques ; ils insinuent ainsi que le mouvement possède la capacité de reconnaître Israël.


Nous devons donc poser la question directement : le Hamas pourrait-il reconnaître Israël ?

L'observateur de la littérature politique du mouvement du Hamas, depuis sa fondation, peut remarquer les données suivantes :

- Le conflit est construit sur une base sacrée. Il y a donc des principes religieux intouchables : le droit, le non droit, l'interdit et le non interdit. Il y a aussi les données historiques et culturelles constituant des éléments principaux de l'entité culturelle et, en même temps, du conflit. (Il faut donc prendre en considération les éléments suivants !)

- La relation dialectique entre l'occupation et la résistance est dessinée selon l'action et la réaction.

- Résoudre le conflit est un choix impossible selon sa nature.

Cependant, dans cette ambiance basée sur ce qui existe et est possible, le mouvement réagit selon la même opinion politique (ci-dessus), mais avec un peu de flexibilité basée sur :

- une acceptation partielle (d'une trêve), sans pour autant annuler les principes originaux,

- un équilibre des priorités, encore une fois sans toucher les principes stratégiques,

- le djihad, qui reste un moyen de force et un moyen pour réaliser les objectifs politiques de l'étape, en prenant en considération des données techniques et celles du terrain qui influencent toute action de djihad.

Cette lecture de l'opinion politique intouchable du mouvement peut-elle confirmer la capacité du mouvement (du Hamas) à reconnaître Israël ?
La réponse est naturellement facile. Tout indique qu'elle est impossible, cette reconnaissance. S'il le fait, le Hamas ne sera le même. Personne ne pourrait croire qu'il prendra ce choix qui ne sera qu'un suicide politique. Il perdra non seulement son idéologie, mais aussi, la rue arabo-islamique.

Finalement, la question qui doit actuellement être posée par les médias arabes ne doit pas être celle posée dans un climat de défaite et qui se focalise sur la capacité du mouvement à reconnaître (Israël). La question légitime et positive sera la suivante :

Quels sont les moyens nécessaires et les rôles à jouer pour soutenir la théorie du président du bureau politique (du Hamas) Michaal appelant à investir la victoire du Hamas pour mettre en place des règles de jeu nouvelles tendant à créer une atmosphère stratégique régionale nouvelle en poussant la barre arabe un peu plus haut ?

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