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UNITA NAZIUNALE
LE JOURNAL A NAZIONE EST EN KIOSQUE :
INTERVIEW EXCLUSIVE DE THOMAS DUTRONC
Le 24
novembre 2008 : (15:55
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org -
Corse - Lutte de Masse) Le journal A Nazione, exclusivement
rédigé en langue Corse propose ce mois ci, une interview
exclusive de Thomas Dutronc. En voici un extrait :
Vous êtes intervenu
spontanément au moment de l'affaire Clavier pour évoquer le fond
du problème plutôt que les péripéties du licenciement de
Dominique Rossi. Qu'est-ce qui vous a amené à agir ainsi, avec
autant de sincérité et de simplicité ?
Mon premier disque rencontre
un fort succès populaire et je me retrouve très exposé
médiatiquement. J'en
suis évidemment ravi mais je n'oublie pas que je suis avant tout
un musicien, un amoureux de la guitare : j'ai joué assez
longtemps dans de petits clubs ou de petits bars pour garder la
tête à peu près sur les épaules. Pour parler publiquement de
quelque chose, je pense qu'il faut être qualifié, spécialiste,
passionné. J'estime que ce n'est ni mon rôle, ni mon métier, de
parler politique par exemple. Je préfère généralement la
discrétion sur beaucoup de sujets et je trouve toujours des
moyens d'éluder les questions trop intimes en interview… Bref,
je ne suis pas du genre à faire de grandes déclarations sur les
médias. D'un autre côté, le temps d'antenne c'est précieux, et
ce serait dommage de ne l'utiliser que pour raconter des choses
banales, comme des détails sur sa tournée par exemple. Cette
semaine là, quand j'ai entendu parler à la radio de cette
affaire, je me suis réjoui tout de suite : « enfin on va parler
de problèmes corses concrets et moins caricaturaux: le logement
! ». Que nenni !! J'ai eu l'impression d'être véritablement
plongé dans un film de science fiction : toute la semaine on n'a
parlé que de Sarkozy, son attitude avec le chef de la police, sa
relation avec Christian Clavier. Personne, absolument personne
ne se posait la simple question : pourquoi au départ les corses
ont-ils occupé le jardin du comédien ? J'ai trouvé cela fou !
Voire inquiétant, cette espèce de pensée unique, cette
« réflexion » unique où l'on ne réfléchit qu'autour de Sarkozy,
pour ou contre lui, mais toujours autour de lui. Le culte de la
personnalité m'effraie, c'est ce qui me dérange chez certaines
stars, c'est aussi pour ça que je suis un inconditionnel des
œuvres de Georges Brassens. Et un inconditionnel du caractère
corse où l'on trouve cette indépendance des individus, cette
liberté du cœur: les gens ne s'abaissent pas à faire des
courbettes et ont du respect pour la personne humaine, qu'on
soit un « puissant » ou une personne âgée. Un « people » n'a pas
plus de valeur qu'un autre. Dans l'émission « Vivement
dimanche » de Michel Drucker, j'ai tout simplement essayé
d'utiliser mon temps de parole pour tenter de redire le mieux
possible ce que des amis corses de grande valeur m'avaient
expliqué sur le problème de logement en Corse. À chaque fois que
l'on parle de la Corse à la télévision, c'est une avalanche de
clichés, on voit bien que personne ne connaît vraiment les
mentalités de là-bas. En général le petit écran réduit,
stigmatise, fait des raccourcis et au final, porte atteinte à
notre intelligence des choses… Il y a un vrai problème en ce
moment en Corse, des passe-droits pour construire des villas,
des « people » qui y spéculent, des promoteurs et même des
corses qui défigurent la Corse. Je pense qu'il faut essayer de
« mériter » la Corse, essayer d'être à sa hauteur : c'est
un pays riche de traditions, d'histoires, de caractères, pas un
club med géant. (...)
(La
suite ici bientôt et en kiosque de suite)
Publié le 24 novembre 2008 avec l'aimable autorisation d'Unità Naziunale
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