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U Ribombu
La Commission Anti Répressive
rencontre Jean-François Copé
Photo U Ribombu
Dimanche 8 mars 2009
La répression en général
Nous souhaitons avant toute chose condamner avec la plus grande
fermeté la politique répressive menée en Corse par l’Etat
français. Depuis 2003, l’Etat français s’est fixé une seule
politique en Corse, celle du tout répressif.
Nous assistons en Corse à une dérive inquiétante de la police
politique sarkosienne et de la justice. Chaque semaine, les
droits de l’Homme sont bafoués. De véritables rafles sont
organisées et parfois en quelques semaines se sont plus de 50
militants qui sont arrêtés, placés en garde-à-vue et dans 99%
des cas libérés sans qu’aucune charge ne soit retenue contre
eux. On assiste également à la constitution d’un véritable
fichier ADN du peuple corse puisqu’on exige systématiquement des
personnes interpellées qu’elles donnent leur ADN, aux mépris de
toutes les lois, et les tribunaux ont donné raison aux militants
qui ont refusé.
Les interpellations se passent de manière sauvage : enfants ou
personnes âgées traumatisés, militants frappés, utilisation de
la « femme otage », portes et maisons dévastées.
Nous notons une volonté intolérable de l’Etat français de mettre
fin à la revendication nationale corse, y compris en s’attaquant
judiciairement aux militants publics. Les procès de responsables
politiques pour des actions légales, pacifiques et de
mobilisations populaires se multiplient.
Le procès d’Yvan Colonna
Depuis près de 10 ans, l’Etat français par le biais de ses plus
hauts responsables a fait d’Yvan Colonna un « tueur de préfet ».
Aujourd’hui, nous assistons à Paris, devant la cour d’assise
spéciale, à une véritable mise à mort d’Yvan Colonna. La justice
française, discréditée aux yeux même du peuple français (les
sondages le disent clairement) si l’on devait la comparer à un
bateau, fait plus penser au Titanic qu’au France ! Le procès
d’Yvan Colonna permet de mettre au jour le naufrage des
juridictions d’exception : éléments à décharge supprimés du
dossier et cachés à la défense, un président de cour d’assise
pris en flagrant délit de mensonges, la France ne sortirait pas
grandie si Yvan Colonna venait à être condamné dans ses
conditions.
La Corse et le peuple corse n’accepteront pas l’exécution
judiciaire annoncée d’Yvan Colonna au nom de la raison d’Etat.
Le rapprochement des prisonniers politiques
Malgré les effets d’annonces du gouvernement français, malgré
une opinion publique plus que favorable au retour des
prisonniers sur la terre de Corse, il reste plus de 60
prisonniers politiques incarcérés dans les prisons françaises.
En cette période de crise économique, c’est bien les familles de
nos prisonniers que l’on condamne, les femmes, les enfants, les
parents. Il y a une volonté de ruiner ces familles qui n’en
peuvent plus. L’Etat français aide massivement les banques mais
condamne nos familles…
Pour manipuler l’opinion publique, on crée artificiellement les
conditions du non retour des longues peines en prolongeant les
peines de ceux qui sont libérables pour les transférer en Corse.
Si nous notons quelques retours – très médiatisés – de
prisonniers à Borgu, c’est systématiquement des gens en fin de
peine que l’on rapproche, alors que si c’étaient des détenus de
droit commun, ils seraient en liberté conditionnelle. En effet,
la plupart des prisonniers politiques de Borgu sont libérables.
On envoie à Borgu ceux qui devraient être chez eux et on
manipule l’opinion publique pour faire croire que l’Etat
français tient ses promesses et applique ses lois.
Sont notamment toujours incarcérés dans les prisons françaises :
- Alain Ferrandi (perpétuité) ;
- Petru Alessandri (perpétuité) dont la mère qui a plus de 80
ans n’a plus revu son fils depuis près de 10 ans ;
- Carlu Santoni (28 ans) qui est incarcéré depuis bientôt 13
ans, et à qui l’on répond, comme Petru Alessandri que son profil
pénal et pénitentiaire est incompatible avec le C.D. de Borgu ;
- Didier Maranelli, (25 ans) ;
- Martin Ottaviani (20 ans) ;
- Marcellu Istria (20 ans) qui attendent depuis bientôt 10 ans
dans les prisons françaises ;
- Dumenicu Casimiri (15 ans) dont le père est toujours privé de
parloir six ans après son incarcération ;
- Christophe Pieri (7 ans) à qui l’on a fait savoir qu’il ne
serait jamais transféré en Corse.
Cette liste bien sûr n’est pas exhaustive et ne comporte que les
plus longues peines. Il faut y rajouter les autres petites
peines et les militants en détention préventive pour arriver à
60.
Ce double discours de l’Etat français est insupportable face à
la souffrance de nos familles. Des parents vont mourir sans
revoir leurs enfants, ce sort inhumain est une torture imposée à
nos familles. Ce n’est pas l’honneur de la France. Cette
situation injuste doit s’arrêter.
Il faut que tous les prisonniers politiques corses rentrent en
Corse, et pas uniquement ceux en fin de peine, mais également
les longues peines et ceux qui sont en détention préventive.
Nous condamnons la transgression par la France de ses propres
lois.
Le Statut de prisonnier politique
Dans son Histoire, la France, celles des Rois comme celle des
Républiques, a toujours reconnu aux gens qui s’étaient battus
pour leurs idées, et qui étaient incarcérés, un statut spécial,
différent de celui des détenus de droit commun. Depuis 1981,
avec la suppression de la cour de sûreté de l’Etat, la France ne
reconnait plus de statut spécial pour les personnes qui se
battent pour des idées. Le discours officiel est : il n’y a pas
de problème politique, juste un problème de maintien de l’ordre,
et donc il ne peut pas y avoir de prisonniers politiques.
Conséquences, il n’y avait que des « détenus de droit commun et
des terroristes ». Ces appellations sont insultantes pour les
patriotes incarcérés qui sont animés d’un idéal politique.
Nous exigeons la mise en place d’un statut de prisonnier
politique.
L’attitude du Parquet
Nous tenons également à dénoncer les appels abusifs du parquet
de Paris, voire de Bastia, qui s’oppose à tout, de la moindre
permission accordée à l’un de nos prisonniers, en passant par
les libérations conditionnelles, ce qui a pour conséquence de
prolonger leur détention de quelques mois.
Dans les semaines à venir, Carlu Pieri, Patrick Castreno et
Petru Casanova présenteront des demandes justifiées
d’aménagement de peine. Si le Juge de l’Application des Peines
accorde les libérations conditionnelles nous serons attentifs à
l’attitude du Parquet. S’il devait continuer dans ce système
d’opposition systématique, nous n’hésiterions pas à médiatiser
ces attaques injustifiées.
De plus, lors de certains procès l’Etat français ne se prive
pas, par l’intermédiaire d’appels du parquet, de prolonger les
souffrances des familles de nos prisonniers en prolongeant leur
détention préventive dans l’attente d’un procès en appel, ce qui
a pour conséquence d’empêcher leur libération ou leur
rapprochement.
Le traitement des prisonniers malades
Certains de nos prisonniers gravement malades ne reçoivent pas
les soins adaptés ; l’un d’entre eux, Carlu Pieri, a mis 10
jours pour aller à l’hôpital alors qu’il avait fait un A.V.C. !
Un autre, Paul Istria, alors qu’il est malade et qu’il l’était
au moment de son incarcération il y a neuf mois, n’a toujours
pas reçu les soins dont il a besoin.
Nos propositions pour le rapprochement
- Nous proposons d’utiliser le « pénitencier » de Casabianda
(dans lequel de nombreuses cellules sont vides), non pas pour y
transférer des longues peines, mais pour gagner des places au CD
de Borgu. Il faut tout d’abord savoir que le pénitencier de
Casabianda est un CD officiellement comme les autres. Et ce
n’est pas un CD uniquement réservé aux délinquants sexuels,
contrairement à ce que l’on pourrait croire, même s’ils y sont
majoritaires. Il n’y a, d’après le procureur général de Bastia
lui-même, « que » 80 % de délinquants sexuels et donc 20 % de
condamnés pour d’autres raisons. On pourrait envisager de
transférer par exemple (avec leur accord) les détenus de droit
commun et les prisonniers politiques du CD de Borgu qui
bénéficient déjà de permissions de sortir et qui n’ont plus
intérêt à s’évader. Rien dans les textes de loi en vigueur ne
s’y oppose. D’ailleurs, dans de très rares cas, cela s’est déjà
produit, preuve s’il en était besoin que cette proposition
n’entre pas en contradiction avec les lois existantes.
- Nous proposons également de transférer immédiatement les
prisonniers politiques incarcérés en France vers la maison
d’arrêt de Borgu (dont de nombreuses cellules sont vides à
quelques mètres du CD de Borgu qui est plein) en attendant que
des places se libèrent au CD de Borgu. C’est techniquement
possible et rien dans la loi ne s’oppose à ce que ces
prisonniers soient en maison d’arrêt à titre transitoire en
attendant que des places se libèrent en CD, ou même pour ce qui
concerne les prisonniers politiques en détention préventive.
Nous avons actuellement des prisonniers qui attendent leur
transfèrement dans les maisons d’arrêt de la région parisienne.
- Il existe au CD de Borgu une unité de semi-liberté d’une
capacité de 10 cellules. Nous proposons que cette unité soit
transférée à Casabianda, en accord avec le Juge d’Application
des Peines pour qu’il laisse le temps aux détenus de faire le
trajet jusqu’à Aleria après leur journée de travail. Rien ne s’y
oppose dans les lois actuellement en vigueur et cette mesure est
applicable immédiatement sans aucun aménagement.
- Pour mettre en place une réelle politique de retour des
prisonniers politiques, pour que l’on applique enfin les lois
communes pour les nôtres, pour répondre à une revendication
partagée par l’immense majorité des Corses, et pour tenir enfin
les promesses ministérielles et présidentielles faites depuis
2002, nous renouvelons notre demande de rencontre avec une
personne chargée de ce problème au ministère de la Justice ou à
l’Elysée comme le préfet Corbin de Mangou qui avait lui-même
pris contact téléphonique avec le CAR au mois de novembre 2007.
Paul Istria : 246 jours sans aucun traitement médical
Atteint d’une grave
infection de la mâchoire suite à des caries non traitées pendant
sa détention préventive.
Incarcéré depuis juillet 2008 Paul Istria s’est vu privé de
soins par l’administration pénitentiaire. Après plusieurs mois
il a pu consulter un dentiste, après la grève de la faim d’une
élue de Corsica Libera à l’assemblée de Corse en décembre 2008,
Visite qui s’est terminée par une décision de ne pas prendre de
décision et de consulter d’autres spécialistes.
Aucun antibiotique de prescrit en dépit de l’infection !-
Aucun antalgique autorisé !
Les diverses interventions de ses avocats, de sa famille n’ont
eu d’effet. La mobilisation de tous, peut être, permettra de
faire soigner Paul avant qu’il n’ait perdu toutes ses dents et
que sa mâchoire ne soit endommagée au point d’empêcher toute
réparation.
Nous vous demandons d’écrire au directeur de la prison de
Fresnes sur le modèle suivant :
Monsieur le directeur
J’ai découvert l’état de santé alarmant de Monsieur Paul Istria
détenu dans la maison d’arrêt dont vous avez la charge.
Je suis indigné de la façon dont cet homme est soigné par votre
administration.
Nous savons que la France est régulièrement mise en cause pour
le mauvais état et le fonctionnement déplorable de ses prisons.
Dans le cas présent vous pouvez agir pour faire soigner M Istria
ou à tout le moins lui permettre d’avoir accès à des médicaments
soulageant la douleur.
Espérant que ce courrier vous fera prendre conscience de l’émoi
que suscite le cas de Paul, recevez M le directeur l’assurance
de ma croyance en les droits de l’homme.
Maison d'arrêt
Allée des Thuyas
94261 Fresnes
© U Ribombu
Internaziunale — 2008
Publié le 11 mars
2009 avec l'aimable autorisation d'U Ribombu
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