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U RIBOMBU
Per una Corsica Libera
Jean-Guy Talamoni
Photo U Ribombu
« Il est probable que l'ethnie ne résistera pas à une forme
de tourisme destructeur, à une mise en valeur qui ne se soucie
pas d'elle. Comme les Indiens légendaires de l'Amérique latine,
qui seraient les dépositaires des secrets de leur civilisation
passée et les uniques représentants de leur race, les Corses
devront-ils garder le silence en attendant de disparaître ? »*
Ces lignes sont de Simon Vinciguerra, écrivain et résistant
corse dont le collège de Bastia porte le nom. Elles ont été
écrites en 1967, à une époque où il n'était pas encore question
de PADDUC. Pourtant, le choix d'une certaine forme de tourisme
inquiétait déjà les plus clairvoyants, qui y voyaient une menace
de disparition pure et simple pesant sur la communauté corse.
Depuis, cette menace n'a pas été écartée et s'est même
considérablement aggravée. Certes, les lourds sacrifices
consentis par les militants nationaux ont longtemps permis de
préserver notre patrimoine naturel et de tenir à distance nombre
de spéculateurs. Mais aujourd'hui, un système
politico-économique dont les intérêts sont opposés à ceux du
peuple corse a décidé de lancer l'offensive finale. Celle-ci
peut se résumer en trois orientations : main basse par certaines
multinationales sur les secteurs stratégiques ; accaparement de
la terre par des intérêts étrangers ; enfin, mise au pas de tous
ceux qui refusent cette logique. Pour mener à bien ce programme,
ses promoteurs ont trouvé quelques Corses qui, moyennant la
satisfaction de leurs intérêts privés, ont accepté de servir de
cheval de Troie. Trahissant honteusement le mandat confié par
les électeurs, ils jouent contre leur communauté. Que dire de
ces élus, si ce n'est que leur comportement leur vaudra à la
fois le mépris des Corses et celui de leurs maîtres parisiens,
qui ne manqueront pas de les abandonner lorsque le moment sera
venu. On sait ce qu'il advient des « idiots utiles » lorsqu'ils
perdent leur utilité… Au reste, la France n'a jamais témoigné
trop de reconnaissance à ceux qui trahirent les leurs pour la
servir. L'essentiel est ailleurs. Il réside dans le choc frontal
qui est en train de se préparer entre, d'une part, les Corses
qui refusent d'abandonner leur pays à de plus fortunés, et
d'autre part les forces politico-économiques qui organisent la
mise en coupe réglée de ce même pays. Dans cette perspective,
les nationaux corses sont prêts, une fois de plus, à se placer
en première ligne. Ils se sont dotés pour cela d'un nouvel
instrument dont le nom résume à la fois la philosophie et
l'objectif à atteindre : Corsica Libera. Mais dans la bataille
qui se profile pour la survie d'un petit peuple, le mouvement
patriotique aura davantage besoin d'aide que de reproches, de
solidarité que de bons conseils… Oui, la solidarité sera
vraiment la notion clé des temps à venir. Cette solidarité dont
les Corses ont toujours fait preuve aux heures les plus sombres.
Cette solidarité à laquelle ont manqué quelques uns : ceux qui
emplissent les poubelles de notre longue histoire. Les autres,
tous les autres, par delà leurs différences, on su reconnaître
ceux qui - au prix de mille difficultés traçaient la voie du
salut.
*Compte rendu « Développement et Tourisme en Corse », in :
Bulletin de la Société des Sciences Historiques & Naturelles de
la Corse, 2e et 3e trimestre 1967, p. 112
© U Ribombu
Internaziunale — 2008
Publié le 19 octobre 2008 avec l'aimable autorisation d'U Ribombu
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