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U Ribombu
Yvan Colonna: Chronique d'une erreur
judiciaire
Henri Joseph Alfonsi
Photo U Ribombu
Samedi 7 mars 2009
14 mois après sa condamnation à la réclusion criminelle à
perpétuité, Yvan Colonna est de nouveau, depuis le 9 février,
devant les juges d'une cour d'assises « spéciale », pour son
procès en appel.
Désigné à la vindicte
populaire, traîné dans la boue pendant des années, Yvan Colonna
est jugé de nouveau par une cour d'assises spécialement
composée, après presque six ans de détention préventive.
Décidément, la France n'aura respecté les délais raisonnables
pour personne dans cette affaire d'Etat, dans cette affaire où
tout, absolument tout, aura été permis dans la plus grande
complaisance.
Le secret de l'instruction et la présomption d'innocence ont été
plus que largement bafoués, pour tous les observateurs
indépendants, mais pas pour les juges parisiens qui ont relaxé
Nicolas Sarkozy, car pour eux, dire que : « La police française
vient d'arrêter Yvan (sic) Colonna, l'assassin du préfet Erignac
», cela n'est pas attentatoire à la présomption d'innocence. Et
l'appel de ce jugement sera rendu après le procès d'Yvan
Colonna. Et comment ne pas s'indigner des circonstances de cette
annonce, sous les applaudissements et les viva du public présent
? C'est un patriote corse que l'on jugeait, mais c'est en fait
la DNAT que l'on devrait juger. Mais ce jugement là, nous n'y
assisterons jamais. Les inspecteurs de la DNAT (actuellement
SDAT) peuvent se permettre de cacher des explosifs chez les
nationalistes corses, suspendre des islamistes par les fenêtres
de leurs bureaux, utiliser leurs services pour espionner ou
écouter leurs anciennes petites amies, faire des procèsverbaux
antidatés, ou encore venir en toute impunité déclarer à la barre
des procès des théories aussi farfelues que grotesques, ces gens
là peuvent tout se permettre, ils ne risquent rien. Pourtant,
nous avons bien vu les limites de la puissante et omnipotente
machine dite antiterroriste.
L'affaire Castela-Andriuzzi est heureusement là pour démontrer
que les vérités absolues de la DNAT ne sont souvent que les
vérités qui plaisent le plus au pouvoir en place. Et que face à
des juges équitables, c'est l'acquittement qui est prononcé,
malgré des milliers de pages d'instruction à charge, malgré des
déclarations d'accusation et des montages intellectuels sans
aucun fondement.
Et que dire de l'attitude de Claude Guéant, secrétaire général
de l'Elysée, principal collaborateur du Président de la
République française, qui convoque Roger Marion à quelques jours
de l'ouverture du procès en première instance où ce dernier
devait témoigner ? Qui pourra encore oser parler de
l'indépendance de la Justice ? Le procès en première instance a
largement démontré à tous les observateurs présents l'innocence
d'Yvan Colonna. Les jurés eux-mêmes ont certes condamné Yvan
Colonna - comment faire autrement avec la pression exercée par
le politique ? - mais dans leur verdict ils ont aussi dit qu'ils
pensaient qu'Yvan Colonna n'était pas l'auteur des coups de feu
mortels. En effet, les jurés qui étaient tous des professionnels
de la magistrature savent parfaitement que l'auteur d'un
assassinat ne peut être condamné à la même auteur que ces
complices et qu'il doit automatiquement avoir une peine plus
lourde. Or Yvan a été condamné en première instance à la
réclusion criminelle à perpétuité, mais sans période de sûreté.
C'est exactement la même peine qu'Alain Ferrandi et Petru
Alessandri qui ont été condamnés pour complicité dans
l'assassinat du préfet. Cela veut dire que la cour d'assises
spéciale de Paris qui a jugé Yvan Colonna en première instance a
laissé la porte ouverte à la vérité pour le procès en appel,
c'est-à-dire la possibilité de voir enfin le berger le plus
célèbre de Corse acquitté. Dans l'affaire Castela Andriuzzi,
nous avions eu le même scénario avec une condamnation ambiguë en
première instance, 30 ans pour les « commanditaires » alors que
la jurisprudence veut qu'ils soient plus lourdement condamnés
que les auteurs ou les complices (perpétuité dans ce cas). En
appel, la vérité avait enfin été établie et les deux enseignants
avaient été acquittés.
Pour nous, la situation est claire, la justice dite
antiterroriste et son bras armé la DNAT (SDAT) ne sont plus
crédibles et ne devraient plus intervenir dans les affaires
corses. Yvan Colonna est innocent, il l'a déclaré depuis le
début, il a toujours maintenu ses déclarations et aucun élément
matériel ne vient corroborer les accusations des juges
parisiens.
Si plusieurs ministres français et l'actuel président de cette
République n'avaient pas fait de lui un « présumé coupable »
voire un « assassin » ou encore « un tueur de préfet », Yvan
Colonna serait en liberté depuis longtemps avec un non lieu.
Nous le disons et le répétons et nous le répéterons pendant tout
le procès, Yvan Colonna est innocent et tout autre verdict qu'un
acquittement serait une véritable provocation et un déni de
justice.
© U Ribombu Internaziunale — 2008
Publié le 7 mars
2009 avec l'aimable autorisation d'U Ribombu
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