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Yvan Colonna
La vérité quitte le Palais
Corinne Romero
Vendredi 13 mars 2009
La cour d´assises d´appel
spécialement composée vient, une nouvelle fois, de rejeter la
demande de la défense visant à la reconstitution des faits sur
les lieux, en présence de chacun des protagonistes de ce
dossier, laquelle, rappelons le, n´a jamais été organisée.
Décision souveraine de la Cour qui ne laisse cependant pas
indifférent.
Dans la recherche de la vérité, cette reconstitution aurait
permis, sans nul doute, soit d´établir la culpabilité d´Yvan
Colonna comme le réclame les avocats généraux, avocats de l´Etat
et avocats de la partie civile SOIT, au contraire de révéler de
façon indiscutable son innocence comme il le clame avec ses
avocats depuis de nombreuses années maintenant ; au pire, comme
semble le penser la Cour, cela n´aurait servi à rien, mais
qu´elle importance ! Aurait on peur de faire perdre 15 jours à
un procès qui n´en est plus à une semaine prés !
À engager de nouveaux frais ? Quand on voit le train de vie de
notre République, on a du mal à penser que la recherche de la
vérité ne mérite pas l´engagement de quelques euros
supplémentaires ! Ou, cette peur ne résiderait elle pas dans
celle de voir éclater au grand jour les contradictions
matérielles d´enquêtes policières, déjà montrées du doigt très
sévèrement par deux enquêtes parlementaires et dont beaucoup de
monde commence à comprendre depuis le début de ce procès en
appel qu´elles ouvrent de larges portes du doute quant à la
culpabilité d´Yvan Colonna.
Le rejet de cette demande de reconstitution a conduit Yvan
Colonna à prendre la lourde décision de quitter son procès et de
récuser ses avocats. Se sentant condamné d´avance, au nom de la
raison d´Etat, il n´entend plus, par sa présence, se rendre
complice d´une sentence déjà acquise alors que, contrairement à
ce que l´accusation veut faire croire, rien n´est fait pour
rechercher la vérité dans ce dossier.
Ses avocats bien qu´immédiatement commis d´office par le
Président de la Cour, fort de leur serment de toujours servir
les droits de la défense, ont tout autant refusé au risque de
sanctions disciplinaires, de répondre à l´ultimatum du premier
magistrat. Que cela ne tienne, la cour d´assises d´appel
spécialement composée, décide de poursuivre le procès, sans
défense et sans accusé !!
On aurait pu penser que dans les pays des Droits de l´Homme,
chacun d´entre nous ait pu espéré être en droit de prétendre en
procès équitable et loyal. Il semblerait qu´il n´en soit rien !
Comment dans de telles circonstances justifier dans quelques
semaines la condamnation déjà acquise d´Yvan Colonna à la
réclusion criminelle à perpétuité aux yeux de l´opinion publique
? Mais tout simplement, comme les avocats de la partie civile,
de l´Etat s´y sont déjà employés en indiquant que ce départ de
procès était l´aveu de la culpabilité.
NOTRE REPUBLIQUE EST ELLE DEVENUE FOLLE ?
NOTRE JUSTICE PERD-T-ELLE SES VALEURS FONDAMENTALES, CELLES QUI
ONT PERMIS LE RAYONNEMENT DE LA FRANCE AUX YEUX DU MONDE ?
LES FRANÇAIS SONT ILS DISPOSES A SE CONTENTER D´UN RAISONNEMENT
AUSSI SIMPLISTE ?
En cinq semaines d´audience, des témoins visuels présents au
moment des faits ont clairement indiqué qu´Yvan Colonna n´est
pas celui qu´ils ont vu, d´autres ont précisé que deux autres
individus seraient en cause et qu´ils n´avaient curieusement
jamais été inquiétés. Enfin, aucune preuve matérielle,
empreintes, ADN. . .etc. ne vient corroborer de façon
indiscutable la culpabilité d´Yvan Colonna ! C´est pourtant sur
de tels éléments concrets que doit s´appuyer une décision
d´acquittement ou de culpabilité. Pour entrer en voie de
condamnation trois éléments fondamentaux doivent être établis :
L´élément légal, l´élément moral et l´élément matériel.
C´est bien ce dernier qui fait défaut et que la demande de
reconstitution aurait seule permis d´étayer dans un sens comme
dans l´autre.
La décision par Yvan Colonna de quitter son procès, la
récusation de ses avocats, ne seraient donc être réduits à
l´aveu de sa culpabilité, comme on va chercher à le faire
croire, à forts renforts médiatiques, dans les prochaines
semaines, mais certainement l´ultime moyen pour un homme qui
clame son innocence et qui croyait encore en la justice de son
pays, qu´en France, en ce début de 21ème siècle les Droits de
l´Homme, la présomption d´innocence, les Droits de la défense en
général étaient respectés.
Avec ce départ, c´est définitivement la vérité qui quitte le
palais !
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