Bil'in village
Cinquième Conférence Internationale sur la Résistance Populaire
de Bil'in : Déclaration finale
Comité populaire de Bil'in
Dimanche 25 avril 2010
Cinquième Conférence Internationale
sur la Résistance Populaire de Bil’in
Au nom de nos prisonniers
Non-violence, Créativité, Lutte
commune internationale
Khalas ! Nous gagnons !
21-23 avril 2010
Déclaration finale
Les participants, dont de nombreux diplomates et politiciens
Palestiniens représentant l’ensemble des partis politiques, ont
été accueillis à Bil’in par Iyad Burnat, dirigeant du comité
populaire de Bil’in, et Luisa Morgantini, ancienne vice
présidente du Parlement européen.
Iyad Burnat a déclaré : « Notre mouvement prend de l’ampleur
et se développe localement et globalement. La présence cette
année de tous les partis politiques palestiniens et de
diplomates internationaux reflète le consensus grandissant
autour de la nécessité et de l’efficacité de la résistance
non-violente comme un moyen de mettre un terme à l’expansion des
politiques d’occupation et d’Apartheid d’Israël. »
Pendant cette cinquième conférence annuelle, nous avons
ressenti l’absence de nos amis restés derrière les barreaux des
cellules de l’occupation, emprisonnés pour avoir lutté sans
violence pour notre liberté. Nos amis militants et dirigeants de
comités populaires : Abdullah Abu Rahmah, Ibrahim A’amirah,
Adeeb Abu Rahmah, Hassan Moussa, Zaydoun Surour, Ibrahim Burnat,
Wael Faqi et tous les prisonniers politiques.
La conférence s’est ouverte par la lecture d’un message
d’Abdullah Abu Rahmah, coordinateur du comité populaire de
Bil’in, actuellement emprisonné. Son message rappelait la
nécessité de continuer la résistance populaire non-violente et
le besoin de soutien international.
Nous avons ressenti l’absence de notre bien aimé Bassem Abu
Rahmah, ainsi que celle des martyrs de Ni’lin et de ceux qui
sont tombés pour défendre notre terre et notre dignité. Nous
avons écouté la famille de Bassem Abu Rahmah, s’exprimant au nom
de toutes les familles de martyrs, déclarer que la résistance
populaire devait se poursuivre jusqu’à ce que nous soyons
libres.
Nous avons ressenti l’absence de nos frères et soeurs de Gaza
qui n’ont pu se joindre à nous que par vidéo conférence en
raison du siège criminel imposé par l’occupation à un million et
demi des nôtres. Tous ceux qui n’étaient pas physiquement parmi
nous étaient avec nous chaque minute dans nos esprits. Ce sont
votre ténacité et votre sacrifice qui nourrissent et inspirent
la lutte qui nous conduira à notre liberté.
Mohammed Khatib, représentant les comités populaires,
s’adressant aux participants a déclaré : « Nous allons tenir
éloignée la résistance populaire des pressions politiques
internes et extérieures, nous devons respecter l’idéal qu’est
l’unité nationale car nous sommes unis sous le drapeau
palestinien. Nous allons coopérer avec tous, mais nous ne
permettrons à personne de nous contrôler ou de nous diriger au
nom d’une faction ou d’un agenda partisan. Nos comités
populaires représentent tous les enfants de ce pays dans toute
leur diversité. Ce mouvement restera un mouvement populaire avec
des dirigeants de base, conscients et engagés envers les
objectifs et les aspirations de notre peuple. »
Le premier ministre Salam Fayyad a déclaré que la résistance
populaire jouerait un rôle important pour mettre fin à
l’occupation, il s’est également engagé à ce que les marchés
palestiniens soient exempts des produits des colonies avant la
fin de l’année. Aux nombreux diplomates étrangers présents, il a
rappelé la nécessité d’arrêter d’importer des produits des
colonies, ou au moins d’empêcher que ces produits bénéficient
des traitements particuliers dont ils disposent actuellement.
Salam Fayyad a également déclaré que les projets palestiniens en
« zone C » et dans les zones à l’ouest du mur d’Apartheid
allaient continuer à se développer peu importe qu’ils se
trouvent en territoires occupés ou non, ou « territoires
disputés » selon Israël.
Mustafa Barghouti, représentant les forces nationales et
islamiques, a parlé de la diffusion du modèle de Bil’in et de la
renaissance de l’esprit de la première Intifada tout en appelant
les diplomates et militants à travailler pour empêcher
l’occupation israélienne d’être récompensée par l’entrée
d’Israël à l’OCDE.
Abass Zaki, membre du comité central du Fatah, a parlé de la
nécessité du soutien à la résistance populaire et de sa
rencontre avec Abdullah Abu Rahmah, coordinateur du comité
populaire de Bil’in, à la prison militaire d’Ofer où il est
détenu depuis son arrestation lors d’une manifestation
non-violente pendant laquelle les palestiniens revendiquaient
leur liberté d’exercer leur culte dans les lieux saints de
Jérusalem.
Nous avons entendu nos frères et soeurs de Gaza via une
conférence satellite avec Ezbet Abed Rabbo qui a été en grande
partie dévasté lors de la guerre d’agression d’Israël en janvier
2009. Nous avons parlé avec des militants de base à Gaza :
Haidar Eid, militant pour le BDS (Boycott, Désinvestissements et
Sanctions) et du Groupe démocratique pour un état (The One
Democratic State Group) ; Mahmud Al Zik et et Saber Zaanin,
organisateurs du comité populaire contre la « zone tampon »
(« buffer zone »). Des militants d’organismes de solidarité
internationale travaillant à Gaza ont également participé à cet
échange : Adi Mormech de l’ISM et Max Ajl de Gaza Freedom March
nous ont parlé de leurs actions pour briser le siège. Puis nous
avons écouté des résidents d’Ezbet Abed Rabbo qui ont survécu à
l’assaut de janvier 2009. L’archevèque Atallah Hanna de
Cisjordanie a envoyé un message d’unité à la population d’Ezbet
Abed Rabbo en déclarant « votre souffrance est notre souffrance,
votre douleur est notre douleur, votre lutte est notre lutte ».
Um Khatem Abed Rabo, réfugiée de 1948, qui a perdu de nombreux
membres de sa famille en janvier 2009 a parlé de la
responsabilité commune d’Israël et de l’Egypte dans le meurtre
de sa famille.
Nous avons entendu nos frères et soeurs de Jérusalem. L’archevèque
Atallah Hanna, Ziad Al Hamuri, Ihab al Jallal et Murad Abu
Shaffa nous ont parlé des luttes des résidents de Jérusalem
contre les tentatives d’Israël de transformer Jérusalem en une
colonie israélienne. Ziad Al Hamuri a parlé de la nécessité de
se battre contre la campagne israélienne grandissante visant à
supprimer aux citoyens palestiniens de Jérusalem leur droit de
résidence.
Le Comité national BDS (Boycott, Désinvestissement et
Sanctions) a animé un panel mettant l’accent sur les politiques
d’Apartheid d’Israël. Le journaliste et auteur Jonathan Cook a
parlé de l’Apartheid dans les frontières de 1948. La professeur
Nura Erikat, a parlé de la définition juridique de l’Apartheid
et de son application aux politiques israéliennes. Hind Awad,
coordinateur du Comité national BDS, nous a parlé des succès
croissants à l’échelle mondiale du mouvement BDS palestinien.
Les comités populaires de Cisjordanie nous ont décrit leurs
défis, leur résistance créative, les campagnes BDS, la
répression à laquelle ils font face et le prix qu’ils paient
pour leur résistance. Des militants de la résistance mondiale,
dont David Bondia du Tribunal Russell pour la Palestine, nous
ont présenté des campagnes internationales de solidarité et de
résistance. Sahar Vardi, a présenté la résistance commune entre
Israéliens et Palestiniens. Jonathan Pollak a parlé de la
répression de la résistance populaire. Raja Abu Rahma a
également témoigné au nom de son père Adeeb, emprisonné depuis
10 mois pour avoir participé aux manifestations non-violentes,
et parlé des conséquences de la répression sur sa famille.
L’ensemble des partis politiques palestiniens a réaffirmé son
soutien à la résistance populaire lors d’un panel qui a réuni
Nabil Shaath du Comité central du Fatah, Khaleda Jarrar du Front
populaire de libération de la Palestine, Quis Abu Leila du Front
démocratique de libération de la Palestine, Alam Jarrar of Al
Mubdara du Parti national et Mahumud Al Ramahi représentant les
législateurs islamiques et Secrétaire général du Conseil
législatif. Khaleda Jarrar a rappelé la nécessité de l’unité
afin de mettre un terme à l’occupation, au colonialisme et à
l’Apartheid.
Après une journée bien remplie, le visionnement du film
Budrus sur le succès de la lutte non-violente ayant permis le
déplacement du mur d’Apartheid sur les terres de Budrus a été
inspirant.
En nous réveillant le lendemain pour le deuxième jour de la
conférence, nous avons appris que des oliviers étaient en train
d’être déracinés à Beit Jala. Alors que les ateliers de travail
suivaient leur cours, plusieurs militants se sont rendus à Beit
Jala où six d’entre eux ont été arrêtés par la police
israélienne.
Après un processus participatif, nous avons adopté sur les
points suivants.
1. ENCOURAGER LA RESPONSABILITÉ JUDICIAIRE
1) Soutenir le Tribunal Russell pour la Palestine et ses
conclusions établies en mars 2010 lors de sa première session à
Barcelone demandant à Israël, et aux autres états, d’appliquer
les lois, traités et accords internationaux. Nous recommandons
la création de comités nationaux du Tribunal Russell pour la
Palestine dans nos pays respectifs.
2) Promouvoir les actions judiciaires contre les entreprises
tirant profit de l’occupation, en :
- partageant les informations entre les différents pays
sur les entreprises impliquées
- partageant les expériences sur les affaires similaires
afin de les exploiter lors de la deuxième session du
Tribunal Russell pour la Palestine
- étendre la responsabilité des entreprises lorsqu’elles
collaborent au régime d’Apartheid
2. ENCOURAGER LE BOYCOTT, DESINVESTISSEMENTS ET
SANCTIONS CONTRE ISRAËL
1) En termes de désinvestissements, les priorités devraient
être :
- suppression des accords préférentiels de l’Union
Européenne envers Israël
- éviter l’entrée d’Israël dans l’OCDE
2) En termes de boycott, les priorités devraient être :
- campagnes internationales et locales contre les
entreprises internationales dont les investissements en
Israël sont importants, les banques et fonds de placement,
le Fonds national juif, les produits israéliens provenant
des colonies
- arrêt de tous les accords et échanges entre les
universités européennes et internationales avec les
universités israéliennes
- promouvoir le boycott des publicités de tourisme en
Israël
- prioriser tous les types de boycott au niveau culturel
3) Nous devons encourager les échanges d’expériences, de
contacts, d’informations, de recherches sur les produits ou
autres informations de ce type, des forum internet ainsi que la
promotion et le développement de la Semaine contre l’Apartheid
Israélien (Israeli Apartheid Week).
3. ÉTABLIR ET SOUTENIR LE RÉSEAU INTERNATIONAL POUR
LA RÉSISTANCE POPULAIRE PALESTINIENNE NON-VIOLENTE
Le Réseau international pour la résistance populaire
palestinienne non-violente, fondé en septembre 2009, a été
renforcé lors de la cinquième conférence de Bil’in, en
élargissant le nombre de ses membres et en mettant en œuvre une
stratégie cohérente. Les actions suivantes ont été définies
comme les plus importantes à développer immédiatement après la
conférence.
1) Nous appelons tous les groupes et organismes de solidarité
avec la résistance populaire palestinienne non-violente à unir
leurs efforts via le Réseau International pour le Résistance
Populaire Palestinienne Non-violente. Nous vous appelons à
rejoindre le réseau et signer notre appel sur le site web :
internationalpopularstruggle.org.
2) Coordonner l’envoi de militants en Palestine entre les
organismes appartenant au réseau, communiquer à l’avance les
informations détaillées sur les équipes et les contacts.
3) Créer une journée mondiale d’action de soutien à la lutte
populaire, avec des initiatives dans tous les pays. La première
journée d’action est prévue le 10 juin 2010.
4) Encourager le soutien international à la lutte par le
biais d’un don mensuel (même minime) à des personnes ou
organismes.
Pour conclure la conférence, le comité populaire de Bil’in a
invité tous les participants à se joindre à la manifestation
hebdomadaire. Un manifestant palestinien de Jaffa a été
gravement blessé à la tête lorsque les soldats ont tiré
directement sur lui une cartouche de gaz qui l’a touché au
front. Cinq manifestants ont été arrêtés puis libérés sous
caution dans la soirée.
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