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Ariel Sharon : l’héritage d’un guerrier
Bernard Ravenel
11 janvier 2006


La sortie de scène imprévue de Sharon est accompagnée de tentatives parfois pathétiques et souvent lamentables de le faire apparaître quasiment comme un « pacifiste » tardif.

L’histoire tranchera : on se rappellera de lui comme l’homme de Qibya, de Sabra et Chatila, de Jénine, et comme l’homme du Mur d’annexion. Il n’aura été ni un de Gaulle ni un De Klerk, ni un Rabin. Il sera resté un militaire, féroce, sans autre projet politique que d’établir à tous prix un Etat juif sur le plan grand territoire possible avec le moins de non-Juifs possible, en écrasant « l’ennemi ». Après Sharon, la paix apparaît plus lointaine que jamais.

Mais il faut aller plus loin et fixer la démarche stratégique mise en œuvre par Sharon. Elle se résume en un mot : unilatéralisme. D’abord le retrait de 7.000 colons de Gaza n’aura pas été, comme on a voulu le faire croire à l’intérieur, et surtout à l’extérieur d’Israël, le début de la paix. La façon dont il a été opéré et ce qu’il y avait derrière en étaient à l’opposé : une manœuvre pour rendre éternelle et irrémédiable l’occupation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, pour garantir les 450.000 colons pour lesquels Sharon a tant fait durant toute sa carrière et, en dernière analyse, pour supprimer les conditions territoriales et politiques de la création d’un Etat palestinien viable.

Le problème pour Sharon n’est pas d’arriver à un quelconque accord avec « l’ennemi », car celui-ci ne pourra jamais accepter son projet, mais de l’anéantir et de le détruire sur le champ de bataille et de rendre ainsi impossible toute sorte d’accord réel qui ne soit pas la reddition sans condition des vaincus. C’est l’unilatéralisme. Pour suivre cette démarche, Sharon a tout fait pour démontrer qu’il n’y a pas à parmi les Palestiniens d’interlocuteur crédible.

Une analyse un peu précise qui a suivi le retrait de Gaza montre une chose claire : le problème n’est pas qu’il n’y a pas d’interlocuteur parmi les Palestiniens mais que Sharon n’a jamais voulu discuter avec l’Autorité palestinienne démocratiquement élue, représentée aujourd’hui par Abou Mazen, hier par Yasser Arafat alors accusé d’être responsable de l’état de guerre. En marginalisant ainsi volontairement l’Autorité palestinienne parce qu’elle n’acceptera jamais son plan d’éviction quasi totale des Palestiniens de leur terre, Sharon, par sa politique de répression, a enclenché la réaction des groupes armés palestiniens relançant ainsi la spirale de violence. En effet, depuis le retrait, il ne s’est pas passé un jour sans que les forces israéliennes continuent de mener leur répression brutale des Palestiniens, ce qui, en retour a poussé les groupes armés à réagir. Si Sharon et l’impuissance ainsi « démontrée » d’Abou Mazen rendent ainsi impossible le dialogue, la popularité des opposants à l’Autorité ne pourra que croître. Sharon savait très bien quelle était la meilleure façon d’éviter une négociation politique. C’est le sens de sa ligne répressive. Avec la spirale de violence qu’il relance ainsi, il entend montrer à l’opinion publique, interne et internationale, qu’il n’y a pas d’interlocuteur réal pour la paix chez les Palestiniens, reportant ainsi sine die toute négociation réelle. Du même coup, il se présente comme un modéré, un homme de paix, quasiment un pacifiste. Et tout le monde, ou presque, tombe dans le panneau. Continuer Sharon ce serait continuer cette politique, c’est-à-dire la guerre aux Palestiniens avec son cortège sans fin de ruine et de sang.


 Source : AFPS
 http://www.france-palestine.org/article2928.html


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