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El-Watan
La
conférence d’Annapolis sur le Proche-orient
Engagements
T. Hocine 15
novembre 2007 La prochaine conférence
palestino-israélienne, dont on ne connaît pour l’instant que
le lieu, semble activement préparée. Les Etats-Unis, qui en sont
les initiateurs, n’ont pas fixé d’ordre du jour bien que
celui-ci soit connu. Il ne reste plus qu’à donner de la
consistance à des engagements, c’est-à-dire les concrétiser,
et rien d’autre. A quoi sert-il en effet de réaffirmer des
principes que l’on perd de vue ou tout simplement bafoués.
Ainsi en est-il du droit des Palestiniens à disposer de leur
propre Etat indépendant. Il suffit d’encadrer cette notion pour
qu’elle perde sa substance. Parler d’« un Etat »
c’est déjà s’éloigner des résolutions 242 et 338 du
Conseil de sécurité retenues pendant longtemps comme base de négociation.
Et dans le même temps se rapprocher de l’idée de homeland
fermement rejetée par les Palestiniens. Et à ce droit est opposé
une soi-disant sécurité d’Israël, une notion bien élastique
ou plutôt insaisissable, puisque les Israéliens sont les seuls
à pouvoir dire de quoi il s’agit réellement, quand il leur
arrive de le faire. On y trouve pêle-mêle les territoires,
l’eau, la supériorité militaire, les colonies,
l’immigration, l’argent — des autres bien entendu — tout
cela dans un espace géographique également indéfini. C’est
pourquoi, de telles conférences ne produisent pas l’effet
escompté quand une partie entend imposer son point de vue et ses
exigences comme le fait Israël qui a déjà tué les accords d’Oslo,
et plus près de nous la feuille de route, un substitut disait-on
alors à ces accords conclus en 1993, élaborée par le quartette
international, un forum qui a perdu sa crédibilité pour avoir été
incapable d’honorer son engagement d’aider à la création de
l’Etat palestinien. Une date en a été solennellement fixée,
l’année 2005. Elle a été perdue de vue. C’est Israël qui a
vidé ce plan de sa substance. Il l’a tout simplement réécrit
en supprimant toute référence précise n’y laissant que des généralités
sans réelle portée. Israël a d’ailleurs reconnu qu’il
refusait d’être lié par le moindre engagement. C’est
pourquoi, la conférence d’Annapolis pourrait être un remake de
toutes celles qui l’ont précédée, et subir le même sort
s’il n’y a pas de réel engagement en faveur d’une paix elle
aussi bien réelle, ou plus simplement s’il n’y a pas de négociation
dans son sens communément admis. Ce serait ajouter à la détresse
d’un peuple, et à ce sentiment de colère et d’injustice que
les experts disent lié à la question palestinienne. En dépit de
tous ces risques, le président palestinien se montre perspicace
alors même que les deux parties sont profondément divisées, les
Palestiniens veulent une déclaration allant dans le détail des
principaux problèmes, alors que les Israéliens sont plus
favorables à une simple déclaration de principe. Comme toujours
afin d’éviter le moindre engagement. De la politique spectacle.
Jusqu’à quand ?
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