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Aujourd'hui le Maroc
Sommet
d’Annapolis : Vers le relancement du processus de paix
Robert Assaraf

Mahmoud Abbas, Condeleezza Rice et Ehud Olmert
27
novembre 2007 Le sommet réuni
à Annapolis doit provoquer une relance du processus de paix et
manifester le soutien de la communauté internationale à la création
d’un Etat palestinien. C’est une étape sur la voie d’un règlement
pacifique du conflit israélo-palestinien. Après
des décennies d’immobilisme, la communauté internationale
semble vouloir prendre à bras-le-corps l’épineux dossier du
conflit israélo-palestinien et jeter les bases d’une solution
pacifique incluant l’évacuation par Israël des territoires
occupés depuis juin 1967 et la création d’un Etat palestinien
libre et souverain avec pour capitale Jérusalem-Est ( Al Qods).
C’est l’objet de la Conférence de paix réunie à Annapolis,
dans le Maryland, par le président américain George Bush, une
initiative dont il n’est pas le seul à pouvoir revendiquer la
paternité. S’il a effectivement annoncé cette rencontre lors
d’un discours, le 16 juillet dernier, son geste aurait été
impensable sans la résolution adoptée par la Ligue arabe lors de
son sommet de Riyad, les 28 et 29 mars dernier. A l’initiative
du roi Abdallah d’Arabie Saoudite, tous les pays membres de la
Ligue Arabe, à l’exception de la Libye qui boycotta la réunion,
avaient alors adopté une plate-forme offrant à Israël
l’assurance d’une normalisation définitive de ses rapports
avec le monde arabo-musulman, en échange d’une évacuation de
tous les territoires occupés depuis juin 1967, de la création
d’un Etat palestinien avec pour capitale Al Qods et d’une
solution négociée du problème des réfugiés. Le consensus était
tel que même la Syrie et le gouvernement palestinien, alors dirigé
par Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, s’étaient réfugiés
dans une prudente abstention, valant approbation tacite.
Son adoption coïncidait avec l’annonce par le président russe
Vladimir Poutine de l’intention de Moscou d’organiser un
sommet consacré au Proche-Orient. Les Etats-Unis ont donc
largement profité de la fenêtre d’opportunité créée par les
initiatives arabe et russe pour mettre sur pied la Conférence qui
s’ouvre, aujourd’hui 27 novembre, dans les locaux de l’Académie
navale d’Annapolis, une localité située à une quarantaine de
kilomètres de Washington. George Bush et Condoleezza Rice ont dû
revoir à la baisse leurs ambitions concernant la forme et le fond
de ce sommet. Il ne s’agit pas d’un aboutissement mais du
point de départ d’une relance des négociations israélo-palestiniennes
sur la base de la Feuille de route adoptée par le Quartet
international après le déclenchement de la Seconde Intifada.
Contrairement à ce qu’avait espéré le président américain,
le sommet ne se déroule pas au niveau des chefs d’Etat et de
gouvernement, mais à celui de leurs ministres des Affaires étrangères,
notamment ceux des pays membres de la Ligue arabe. Cette
participation a été rendue possible par les fortes pressions
exercées en ce sens par le président égyptien Hosni Moubarak,
le roi Abdallah II de Jordanie et le président de l’Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbas. Les Etats-Unis ont multiplié les
concessions pour permettre à Bachar el-Assad d’envoyer à
Annapolis son ministre des Affaires étrangères. Deux problèmes
demeurent encore en suspens. Le premier est de savoir si Israéliens
et Palestiniens parviendront, en dépit de leurs divergences, à
se mettre d’accord sur le texte d’une Déclaration conjointe.
Les rencontres de George Bush entre Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas
avant le début de la réunion pourraient inciter les deux parties
à trouver un terrain d’entente.
Le second problème concerne la suite du sommet d’Annapolis. Les
Palestiniens souhaitent un calendrier contraignant alors que le
Premier ministre israélien s’est simplement engagé à un
accord avant le départ, début janvier 2 009, de George Bush de
la Maison-Blanche.
Américains, Palestiniens et Israéliens se sont mis d’accord
pour se retrouver, en janvier 2008, à Moscou pour un mini-sommet
afin d’examiner les problèmes relatifs au plateau du Golan et,
peut-être, aussi les rapports avec le Liban. Au lendemain d’Annapolis
et après l’Aïd el Kébir, négociateurs palestiniens et israéliens
pourraient se retrouver pour d’intenses séances de discussions
qui doivent se dérouler en terrain «neutre», probablement en
Egypte. L’Egypte a, en effet, proposé d’héberger à Taba la
suite des pourparlers israélo-palestiniens. De la sorte, l’Egypte
et la Jordanie semblent signifier qu’elles reprendraient la tête
du camp arabe. La Conférence d’Annapolis est donc bien
l’amorce d’une rédéfinition de la donne géopolitique régionale. Par
: Robert Assaraf
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© Aujourd’hui le Maroc 2007
Publié le 28 novembre 2007 avec l'aimable autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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